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Circulation des produits cosmétiques : le Diktat des firmes internationales

Après avoir analysé la difficulté d’esquinter le serpent de mer qu’est la prolifération des produits cosmétiques et diététiques dans le marché local, place est faite, aujourd’hui, à la présentation des enjeux de domination des firmes cosmétiques occidentales sur les fabriques cosmétiques locales. Sans conteste, le rapport de forces entre les deux entités est inégalitaire.

Plutôt qu’une simple affaire d’homologation des produits cosmétiques, il s’agit, fondamentalement, d’une question d’enjeux scientifiques née de l’importation massive de ces produits éclaircissants. D’ores et déjà, intéressons-nous aux statistiques relatives à la croissance de l’industrie des cosmétiques.

Alors que l’on estime la croissance de ce domaine d’activités en Afrique la plus hausse au monde, soit environ 10% chaque année contre 4% dans le reste du monde, le Cameroun et la Côte d’Ivoire contrôlent, à eux seuls, 8% en 2018.

L’industrie des cosmétiques observe une forte inflation depuis plusieurs décennies au Cameroun encouragée, en grande partie, par le phénomène de dépigmentation de la peau. Et même si de plus en plus d’artisans s’y attèlent, ils ne contrôlent qu’une infime partie de ce secteur pourtant lucratif.

Toujours en termes chiffrés, les artisans camerounais, selon le site « Investir au Cameroun », ne contrôlent que 25% du secteur entre 2015 et 2017, le Cameroun a importé 114 milliards de Fcfa en parfums et produits de beauté. Des chiffres assez évocateurs pour attirer l’attention du gouvernement camerounais, qui estime, désormais, réguler ce secteur dans le dessein d’encourager la production locale.

Sur ces entrefaites, il est, aujourd’hui, urgent de continuer de questionner les mesures officielles du ministre de la Santé publique alors que le giron des cosmétiques souffre d’un déficit de vérification, d’authentification et, par corollaire, de réglementation de la circulation des ingrédients de beauté. Comment contrôlons-nous alors l’importation des produits cosmétiques et diététiques, qui est à 114 milliards de Fcfa ces dernières années.

En décidant de soumettre les promoteurs des entreprises cosmétiques à la réglementation, les officiels gouvernementaux, le chef de département de la Santé en l’occurrence, occultent le déterminant lié aux enjeux de domination des firmes cosmétiques internationales face aux fabriques cosmétiques locales.

A l’heure actuelle, les produits cosmétiques français ont chuté à hauteur de 80% sur le marché international. Dans le jeu de rapports de forces, les firmes cosmétiques occidentales occupent une position de supériorité et de domination comparativement aux circuits cosmétiques locaux, dont la position est inférieure.

En faisant une analyse sociologique en profondeur, le souci de la réglementation dissimule l’idée de la recolonisation qui se joue à travers la prépondérance des multinationales et des entités cosmétiques occidentales, dont les produits sont imposés aux Africaines et, spécifiquement, aux Camerounaises au mépris des risques et périls qu’elles encourent au quotidien.

Certes, la problématique du gel des importations se pose avec acuité, mais reste encore hypothétique jusqu’à présent. Mais au-delà, le gouvernement et l’Anor(Agence de la normalisation et de la qualité) devraient, dans la même veine, s’intéresser aux géants du cosmétique, à l’instar de Biopharma, qui fabrique plusieurs laits de toilette contenant de l’hydroquinone.

Il y a, sans conteste, un problème global de respect des normes au Cameroun. Le contrôle de qualité est presqu’inexistant pour tous les produits destinés à la consommation. Que font donc l’Anor, le ministre de la Santé publique et le ministre du Commerce pour laisser ainsi prospérer les pratiques frauduleuses et illicites?

Rappelons que la distribution de l’hydroquinone est libéralisée dans le monde entier et est utilisée, dans le contexte local, pour lutter contre l’asthme. Arrêter l’importation massive desdits produits de beauté s’avère être un leurre à l’état actuel vu l’absence criarde de volonté politique des officiels gouvernementaux camerounais.

Serge Aimé Bikoi

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