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Chronique littéraire – rendre des comptes : comprendre la portée de l’expression dans le discours de Paul Biya

La petite chronique littéraire du soleil levant 

Dans son allocution à la nation le trente et un décembre deux mille vingt-deux, le Président de la république adressait un avertissement à tous les prévaricateurs de l’Etat en ces termes : « (…) je tiens une fois encore à rappeler que tous ceux qui s’enrichissent illicitement, en spoliant l’Etat, à quelque niveau que ce soit, vont rendre des comptes ».

L’expression a fait couler beaucoup d’encre, déchainer des passions et des joutes oratoires notamment parce que dans l’imagerie populaire camerounaise elle est associée à la notion de condamnation. Or dans la pratique, l’impunité semble faire loi.

Pour comprendre et analyser la portée de ces termes pour l’action publique et l’administration en particulier, il convient d’interroger son origine et de questionner sa définition à la lumière de l’histoire de la France ou elle a vu le jour. Interrogeons d’abord son origine.

L’expression « rendre des comptes » tire son origine de la locution verbale « rendre compte » qui a vu le jour au cours du 19 e siècle. Pourtant elles évoquent des fonctions distinctes. « Rendre compte » signifie détailler, décrire, exposé une situation, produire un rapport circonstancié d’où la notion de compte rendu.

Par contre, «rendre des comptes » d’ après Robert désigne le rapport de ce que l’on a fait, de ce que l’on a vu pour le faire savoir, l’expliquer ou le justifier souvent devant l’autorité compétente.  Comment comprendre cette expression dans le contexte de l’action publique et de l’administration ?

Dans un article de la revue française d’administration Cairn.info intitulé Rendre des comptes-rendre compte : des notions ambiguës, il est expliqué qu’au 19e siècle, en matière fiscale, les pouvoirs dont disposaient tant les fermiers que les agents de l’Etat à l’égard des contribuables étaient à l’origine d’innombrables injustices aggravant l’inégalité juridiquement instituée entre les ordres privilégiés et le Tiers-état.

Les populations subissaient des abus et des actes arbitraires de tous ceux qui exercaient un pouvoir. Le roi ne pouvant être condamné, ces pratiques étaient imputées aux agents au premier rang desquels se trouvaient les ministres. Il leur était demandé de rendre des comptes.

Dans cette logique, rendre des comptes renvoie à s’expliquer sur leur action et d’en assumer la responsabilité. Toutefois, cela ne doit pas être compris dans un sens restreint à la reddition des comptes mais de manière plus large. Cette opération faite, c’est à l’autorité supérieure de décider de la sanction.

Concluons avec Cairn.info qu’ « au bout du compte (…), s’il est impératif au nom de la transparence de rendre compte, rendre des comptes et en assumer les conséquences semble plus relever d’une fiction que de la réalité ».

NAZAC

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