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Chefs traditionnels et politique : une neutralité en péril

C’est désormais un secret de polichinelle que les chefs traditionnels du Cameroun sont des militants du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), le parti au pouvoir.

Leurs actions et leurs déclarations récentes confirment cette conclusion alors que les Camerounais se préparent aux élections de cette année.

La neutralité des chefs traditionnels qui jouent un rôle vital d’unité et de cohésion dans leurs villages a été remise en question. Cela s’est produit après qu’ils ont commencé à déclarer leur soutien au président Paul Biya, 92 ans, chef du parti politique RDPC.

Le 27 janvier, 12 chefs traditionnels ont signé une motion approuvant la candidature de Biya au nom de plus de 200 chefs traditionnels des 10 régions du pays qui se sont réunis en conclave à Yaoundé.

Quelques jours après la sortie du soi-disant Conseil des chefs traditionnels du Cameroun, les chefs traditionnels musulmans et les imams des trois régions du Nord ont été reçus par le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji.

Les plus de 40 chefs ont remis une déclaration au ministre, apportant leur soutien au président Paul Biya et l’exhortant à être leur candidat préféré aux prochaines élections.

La plus récente de ces déclarations est celle des chefs traditionnels de la région du Sud-Ouest du Cameroun.

Réunis sous l’égide de la Conférence des chefs du Sud-Ouest (SWECC), ils ont non seulement appelé Biya à être leur candidat, mais l’ont également exhorté à lancer sa campagne présidentielle dans la région.

Le caractère sacré des chefs traditionnels volés par la politique du RDPC

Les déclarations ouvertes des chefs traditionnels ont relancé le débat persistant sur leur rôle vital de promotion de l’unité et de la cohabitation dans les communautés locales. La politique partisane est un facteur de division majeur parmi les Camerounais.

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« Les chefs traditionnels ont une histoire de trahison envers leur peuple. S’ils se sont rangés du côté des Européens pour vendre leur propre peuple comme esclaves pendant l’esclavage et la traite des esclaves, qu’est-ce qui vous fait penser qu’ils ne vous vendront pas à Biya et au régime corrompu pour quelques centimes », a déclaré un critique du gouvernement.

Selon lui, « ce que font les soi-disant chefs traditionnels n’est pas nouveau. Le régime au pouvoir les utilise comme complices de pratiques corrompues contre le peuple camerounais ».

Agbor Balla réagit et appelle les chefs à rester neutres

La profanation de la tradition par ses gardiens a suscité une réaction de l’avocat des droits de l’homme, Nkongho Felix Agbor. Dans une réaction sur son compte de médias sociaux, il a appelé les chefs traditionnels à maintenir leur neutralité avant les élections de 2025.

Face à leur implication ouverte dans la politique partisane, il leur a rappelé que « les chefs traditionnels au Cameroun ont historiquement joué un rôle essentiel dans la gouvernance, la préservation culturelle et la résolution des conflits ».

« Cependant, leur implication croissante dans la politique partisane a suscité des inquiétudes quant à l’érosion de leur légitimité et à l’impact sur l’unité nationale », a-t-il déclaré.

« Compte tenu de leur influence, les chefs traditionnels doivent rester politiquement neutres pour préserver leur autorité morale et agir comme des figures unificatrices dans leurs communautés ».

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Cette nécessité de neutralité politique des traditionnels est d’autant plus cruciale à l’approche des élections présidentielles de 2025 au Cameroun.

Cela s’explique par le fait que beaucoup les considèrent comme des gardiens de la culture, des médiateurs dans les conflits communautaires et des ponts entre leur peuple et l’État.

« Ils jouent un rôle clé dans le maintien de l’ordre social, en prodiguant des conseils sur la gouvernance locale et en défendant les coutumes qui définissent l’identité de leurs communautés », a poursuivi Agbor Balla.

Il a réitéré que leur leadership, antérieur aux institutions politiques modernes, a joué un rôle déterminant dans le maintien de la stabilité, en particulier dans les zones rurales où ils suscitent un respect considérable.

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