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Cameroun : Polycarpe Abah Abah compare le SED à la prison de Guantanamo

Accusé à tort de s’absenter volontairement aux audiences du procès qui l’oppose à l’Etat du Cameroun en compagnie de M. Amadou Vamoulké, Polycarpe Abah Abah a décrit les conditions de vie draconiennes en vigueur dans le pénitencier du SED.

Cela faisait de longs mois que la silhouette de M. Polycarpe Abah Abah, ancien Directeur des impôts et ancien ministre de l’Economie et des Finances, n’avait pas été aperçue dans le bâtiment abritant les salles d’audience du Tribunal criminel spécial. jeudi, 28 mai 2020, cet homme qui compte parmi les prisonniers les plus surveillés du Cameroun est revenu au Palais de justice sous bonne escorte.

Il y avait tout autour de lui, pour scruter le moindre de ses mouvements, pas moins de huit gendarmes, armes aux poings, portant des filets pare-balles et des casques lourds sur la tête. Certains étaient cagoules. Travaillant pour la moitié au Service central des recherches judiciaires du Secrétariat d’Etat à la Défense (SED) et pour les autres au Groupement polyvalent d’intervention de la gendarmerie nationale (Gepign), ils ont assumé leur rôle avec rigueur.

La présence de M. Abah Abah au TCS se-justifiait par la programmation ce jour-là d’une audience de procès dit du volet 2 de l’affaire Crtv. Après avoir été condamné dans le volet 1 avec le Pr Gervais Mendo Ze, ancien DG delà CRTV, il a pour compagnon d’infortune dans le volet encore pendant de cette affaire, M. Amadou Vamoulké, successeur de M. Mendo Ze à la Crtv.

Le procès évolue à pas de chenille, pour plusieurs raisons. Mais les deux derniers renvois sans le moindre débat étaient consécutifs aux absences répétées de M. Abah Abah aux audiences. C’est tout naturellement que le président du collège des juges chargés de cette affaire lui a exprimé son «courroux», dès l’appel de l’affaire, poussant l’ancien ministre à faire part de son calvaire dans la prison militaire où il réside.

Statut ambigu

M. Abah Abah s’est expliqué et démontré qu’il n’était pas responsable de la situation, eu égard au fait que depuis des mois, ses conseils n’ont plus accès à lui et que les appels téléphoniques à partir du SED sont brouillés. De plus, les autorités pénitentiaires, qui sont en fait des gendarmes, ne lui transmettent jamais les mandats d’extraction à temps, ou bien lui font valoir que le véhicule devant le transporter pour le TCS est en panne. M. Abah a fait valoir que la «prison secondaire» de Yaoundé 6e, qui en fait est un ensemble de cellules du SED, pouvait être comparée à Guantanamo.

Et de conclure: toutes ces difficultés sont liées à l’ambiguïté du statut juridique de la prison et des gendarmes qui l’administrent de facto, en violation du décret portant organisation de l’administration pénitentiaire et des dispositions du règlement intérieur de cette prison qui est supposée être un établissement pénitentiaire et non ce qu’elle est actuellement : une prison militaire. Il a aussi relevé la violation du décret portant organisation du ministère de la Justice, de l’instruction portant organisation du travail gouvernmental, puis du règlement intérieur de cette prison, y compris la nomination du régisseur et de ses collaborateurs.

Rappelons que peu après le début de ses ennuis judiciaires, M. Abah Abah avait été incarcéré à la prison centrale. Mais le 25 mai 2012, à la suite d’un arrêté signé par le ministre de la justice, M. Laurent Esso, certaines cellules du SED à Yaoundé et de la Légion de gendarmerie du Littoral à Douala étaient érigées en «des prisons secondaires» respectivement de Yaoundé VIe et Douala 1er le même jour, M. Polycarpe Abah Abah, M. Marafa Hamidou Yaya et Yves Michel Fotso étaient transférés dans une atmosphère de brutalité au SED. C’est en ces lieux qu’ils séjournent depuis lors.

Avant eux, le Pr Titus Edzoa et Michel Thierry Atangana avaient bénéficié du même traitement 15 ans auparavant, sans le vernis d’un arrêté ministériel. D’autres anciens dignitaires du régime, tels Emmanuel Gérad Ondo Ndong Gilles Roger Bélinga séjournent dans les mêmes locaux.

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