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Cameroun – Mobilisation de la diaspora : le développement ne s’accommode pas du pioupiou idéologique

J’ai voyagé dans un grand nombre de pays, invité comme expert et non aux frais de l’Etat du Cameroun comme les autres. J’ai pu rencontrer un grand nombre de Camerounais et j’en ai dégagé des observations suivantes :

1. La Diaspora Camerounaise aime profondément leur pays et désire ardemment le voir figurer parmi les Nations les plus performantes du monde. Chaque fois qu’un enjeu national se présente, ils sont unanimes en faveur de leur pays

2. Les Camerounais se sentent Camerounais, partout où ils se trouvent, et s’affichent fièrement comme tels, même lorsque les autres les regardent de travers.

3. Les Camerounais reproduisent à l’extérieur les mêmes comportements qu’au Cameroun. On y retrouve notamment les mêmes clivages sociologiques, le plus souvent exprimés sous la forme d’associations communautaires qui sont des répliques exactes de celles que nous connaissons sur le territoire national

4. Naturellement, la reproduction de ce comportement grégaire à l’étranger déteint sur le comportement de la Diaspora qui a tendance à développer ou à récupérer les méfiances intercommunautaires suscitées sur le plan local par la compétition tribale sur les avantages publics.

5. De même qu’au Cameroun, l’unité nationale s’exprime devant des enjeux nationaux qui n’interfèrent pas avec les enjeux des diverses Communautés. Dans el cas inverse, chaque membre de la diaspora prend clairement position en faveur de sa Communauté.

Sur la base de ces constants, il apparait clair qu’on ne peut envisager une participation efficace de la Diaspora dans une Nation aussi clivée. Dans ces conditions, il faut un système plus conforme à al nation réelle et qui canalise ces tensions en faveur du développement.

Plutôt que de laisser cette Diaspora prendre le relais des luttes tribales pour la conquête du pouvoir d’Etat, le plus efficace est de l’orienter à développer chacun le chez lui. Cela signifie de manière claire que le Bassa qui est en France ne doit plus se disperser dans des considérations stériles de l’unité nationale, mais rechercher l’argent pour envoyer à son Etat, chercher des partenariats à son Etat, envoyer des livres et des médicaments à son Etat.

Cela signifie que les Bassa doivent s’organiser en France pour renforcer leur Etat. Ce qui est valable pour les Bassa est valable pour tout le monde. Mais cela demande une réforme des institutions camerounaises qui abandonne l’odieux totem de l’unité nationale, envisagée comme une malheureuse tentative de mettre le Cameroun au-dessus des Communautés. Le Cameroun n’est pas au-dessus des Communautés, il est au même niveau, mais chacun dans son domaine.

Exactement comme une famille est un élément du clan. On ne peut pas imposer la suprématie du clan sur la famille en toutes circonstances. Cela dépend de la matière. C’est exactement la même chose au Cameroun et c’est cela qui est plus conforme à la sociologie africaine.

Nous disons donc que dans le cadre d’un Etat Fédéral, les représentations diplomatiques du Cameroun auront des services consulaires dédiés aux Etats Régionaux. Il y aura un Consul Général pour l’Etat du Cameroun nommé par le Président de la Fédération, qui coordonne tout l’ensemble, mais chaque Etat Régional nomme un Sous-Consul pour encadrer sa Diaspora et la mobiliser pour son développement : recherche des ressources, des partenariats, etc.

Évidemment que ce modèle ne sera appliqué que dans les représentations diplomatiques où la présence de la Diaspora est très significative. De plus, deux ou trois Etats peuvent s’associer pour nommer un seul Sous-Consul. Les idéologues de « l’unité nationale » vont hurler, mais je ne suis pas là pour faire plaisir à qui ce soit. Mon rôle d’Economiste est simple : analyser la situation et proposer des solutions concrètes pour le développement du Cameroun.

Dans le cadre de l’Etat unitaire du Cameroun, la configuration sociologique du pays ne permet pas de valoriser la Diaspora en dehors de cette segmentation. Tout le tralala qui est donc fait à travers des rencontres dispendieuses, l’élaboration des stratégies, et autres créations d’institutions dédiées n’auront aucun effet. C’est cette démarche où chacun est appelé à développer le chez lui qui conduira au développement de tous.

Dieudonné ESSOMBA

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