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Cameroun : former des citoyens enracinés dans leurs cultures et capables de transformer leur environnement

Le gouvernement du Cameroun vient de soumettre à l’Assemblée nationale pour le compte de la session de Juin 2023 en cours un projet de loi portant orientation de l’enseignement supérieur. C’est un moment propice pour discuter des objectifs de l’éducation au Cameroun. Les Universitaires ne peuvent pas être en marge de ce débat. Je fais ici deux propositions portant sur les missions de l’enseignement supérieur :

1. Absence d’une identité nationale dans la formation : L’article 6 parle des objectifs de l’enseignement supérieur. L’on donne 13 objectifs spécifiques sans donner un objectif général. Et par conséquent, l’État n’oriente pas finalement l’enseignement supérieur comme annoncé. L’on ne sait pas ce que l’État vise dans la formation supérieure au Cameroun.

Former quel type de citoyen ? Continuer à former des citoyens extravertis et prêts à vendre/abandonner le pays pour partir ? Il manque à ce projet de loi, l’orientation de l’enseignement supérieur dans le CONTENU. Que doit-on mettre dans la formation au niveau de l’enseignement supérieur ? Je propose de réactualiser l’objectif général de l’éducation nationale contenu dans la loi n°98/004 du 14 avril 1998 et d’assigner à l’enseignement supérieur la mission d’enracinement culturel et de transformation de l’environnement local.

En l’état, nous formons des citoyens sans repères et sans attachement au pays. Des citoyens incapables de comprendre et de transformer leur environnement. En conséquence, non seulement il y a sous-production sur le plan économique, mais le discours de haine monte à travers le pays sur le plan social : les citoyens ne se connaissent pas et ne connaissent pas leur pays. Nous formons nos citoyens à connaître les autres (ouverture au monde).

Et finalement, nous poussons nos citoyens à accepter la domination des autres. Or, il ne peut pas avoir éducation sans fond idéologique. Sans âme. Le projet de loi soumis aux députés n’en a pas. Par exemple, l’on n’a pas suffisamment enseigné l’histoire des peuplements à nos citoyens, même ceux issus du supérieur, et ils continuent de valoriser les clichés et autres stéréotypes.

Il faudrait assigner à l’enseignement supérieur une mission de rattrapage des écarts accumulés dans d’autres ordres de formation au risque de lâcher des criminels dans la société ou encore, de former des citoyens qui seront contre les intérêts de leur pays. Jusqu’en 2023, le Cameroun dépense son peu d’argent pour former des citoyens qui insultent le pays et vont travailler ailleurs (chez ceux qui n’ont pas contribuer à leur formation). C’est une catastrophe économique. Une perte sèche. L’argent du pays doit d’abord servir au pays. Il faut redresser la situation à travers la loi d’orientation.

2. Libre accès à l’enseignement supérieur : En 2023, il y a encore iniquité dans l’accès à l’enseignement supérieur. Je laisse le volet communautaire de ce débat pour m’intéresser à l’absence de continuité dans les formations offertes par l’enseignement technique au Cameroun. En effet, il faudrait que l’enseignement technique soit en libre accès dans le supérieur au Cameroun (série F par exemple). C’est une question de justice sociale.

Sur les 405 000 étudiants, il n’y a que 5000 places d’ingénieurs ouvertes. C’est insignifiant pour un pays comme le Cameroun qui est en situation de sous-production sur le plan économique. Illustrons : pourquoi doit-on limiter l’accès dans les facultés de sciences agronomiques ? Par manque de champs d’application ? Certainement pas. Il faudrait absolument appliquer les valeurs de justice et d’équité dans l’enseignement supérieur au Cameroun et laisser l’accès libre à toutes les formations quitte à limiter progressivement le nombre de places dans le cursus.

Mais, pas à l’entrée comme c’est actuellement le cas. Ce système a même l’avantage de rendre la formation plus compétitive et de terminer avec les meilleures à la sortie. Je défends le libre accès qui est non seulement une mesure de justice sociale et d’équité, mais aussi et surtout une mesure économiquement pertinente. L’on ne peut pas léser le secteur de la production (Agriculture, industrie) dans un pays qui ambitionne d’être émergent dans quelques années.

En résumé, je propose que l’État ne se limite pas aux changements cosmétiques et conserve un système qui ne marche pas conformément aux termes de l’exposé des motifs.

Louis-Marie Kakdeu
Université de Maroua.

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