Le milliardaire français Vincent Bolloré et son fils Cyrille font face à de nouveaux ennuis judiciaires après qu’une coalition d’ONG de cinq pays africains a porté plainte contre eux pour fraude et corruption en France.
Ces organisations, regroupées sous le nom de « Restitution pour l’Afrique », accusent le groupe Bolloré d’avoir participé à des transactions illégales pour obtenir des concessions portuaires lucratives dans plusieurs pays africains, tirant profit de leur vente en 2022.
« L’objectif final est que cet argent soit restitué aux populations locales », a déclaré Me Christophe Marchand, avocat représentant les ONG.
La plainte, déposée auprès du Parquet national financier (PNF) français, porte sur des allégations de corruption, de trafic d’influence et de transactions illégales qui ont permis à Bolloré Africa Logistics d’obtenir des concessions portuaires au Togo, en Guinée, au Ghana, au Cameroun et en Côte d’Ivoire.
L’empire commercial controversé de Bolloré en Afrique
Bolloré Africa Logistics était un acteur majeur du transport en Afrique, employant plus de 20 000 personnes dans 20 pays et exploitant 16 ports.
En 2022, l’entreprise a été vendue à MSC Mediterranean Shipping Company pour 5,7 milliards d’euros (6,2 milliards de dollars). Cependant, les ONG affirment que cette vente constitue un blanchiment d’argent, les contrats sous-jacents ayant été prétendument obtenus par des moyens corrompus.
La plainte s’appuie sur une enquête en cours pour corruption concernant les pratiques commerciales de Bolloré. Les autorités françaises ont déjà examiné des allégations selon lesquelles son cabinet de conseil aurait soutenu illégalement les campagnes présidentielles de 2010 de Faure Gnassingbé au Togo et d’Alpha Condé en Guinée, en échange du contrôle des concessions portuaires de Lomé et de Conakry.
Les ennuis judiciaires s’accumulent pour Bolloré
Alors que Bolloré SE avait précédemment accepté un accord transactionnel de 12 millions d’euros pour mettre fin à une affaire du PNF contre l’entreprise, la dernière plainte renforce la vigilance juridique. En 2024, le parquet français a requis que Vincent Bolloré soit jugé pour corruption et complicité d’abus de confiance.
Marchand a souligné l’importance d’une enquête plus approfondie : « L’objectif est de déterminer les montants : quel est le profit tiré des pratiques de corruption ? »
Les ONG souhaitent invoquer une loi française de 2021 qui autorise la restitution des avoirs confisqués liés à la corruption, garantissant ainsi que les fonds récupérés soient réaffectés à des projets de développement local dans les pays africains touchés.
Bolloré n’a pas encore réagi
Vincent Bolloré, dont la fortune familiale est estimée à 9,9 milliards de dollars, n’a pas réagi publiquement aux allégations. Les représentants de Bolloré et du PNF ont également refusé de commenter cette nouvelle action en justice.