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Audit des responsables du MINFI : comment le système se tire une balle dans le pied

La décision du ministre d’Etat/Secrétaire général de la présidence de la République d’inviter des agents du ministère des Finances à justifier devant le CONSUPE  entre autres, les frais de mission perçus au cours de la période allant de 2010 à 2021 sur la ligne 65, cacherait mal des manœuvres souterraines inscrites dans la perspective des batailles successorales à la veille de 2025.

On a reparlé de la fameuse « Ligne 65 » à la présidence de la République notamment la rubrique intitulée «Dépenses communes de fonctionnement» au MINFI. L’affaire alimente les discussions et envenime la polémique depuis qu’une correspondance signée de Ferdinand Ngoh Ngoh, le Minetat/Sgpr, demande à Rose Mbah Acha Fomundam, ministre déléguée à la présidence de la République, chargée du Contrôle supérieur de l’Etat (CONSUPE ) de jeter un regard rétrospectif sur la gestion de cette ligne budgétaire, a fuité (visiblement à dessein) sur les réseaux sociaux.

« Dans le prolongement de ma correspondance visée en référence, par laquelle je vous répercutais les très hautes instructions du président de la République vous prescrivant d’ouvrir une enquête sur le financement par le Trésor public des projets appartenant à des promoteurs privés », indique le Vice-dieu qui demande de «procéder à l’audit de la gestion des ressources issues de ses chapitres budgétaires 65 et 94 sur la période de 2010 à 2021 ».

Instructions reçues 5/5 par le CONSUPE  qui séjourne, apprend-on à la porte 127 du bâtiment A du MINFI. C’est du moins tout le sens à donner à la lettre n°001429/L/Pr/CONSUPE / Sg/Diap/Mscv-Grdcfi 65 & 94 du 22 septembre 2022, qui convoque auprès de ses bureaux, 1790 personnels du MINFI, pour la période allant du 26 au 30 septembre 2022.

Braquage des caisses de l’Etat De ce que le Messager a appris des sources proches de l’équipe d’auditeurs du CONSUPE , les premières investigations sur les frais de mission engagés sur cette ligne de souveraineté révèlent quelques entorses aux prescriptions réglementaires.

« Alors que la pratique en vigueur à la Fonction publique camerounaise stipule que le nombre de jours de mission à effectuer par un agent de l’État n’excède pas 100 au cours du même exercice budgétaire, il a été découvert des cas où des fonctionnaires cumulent jusqu’à 600 jours de mission par an, soit six fois la norme. Pire, de nombreux agents de l’État ont régulièrement perçu la totalité de leurs frais de mission engagés sur la ligne 65, avant même d’effectuer ladite mission ou pas.

Alors que la réglementation en vigueur prescrit que seulement 60% des frais soient perçus avant le départ en mission. Le reste des 40% devant être versé à l’agent public à son retour, après avoir dûment déposé son rapport de mission ». Parmi ceux qui ont régulièrement perçu la totalité de leurs frais de mission du MINFI, on cite quelques patrons de médias, des chefs d’entreprises, des responsables d’instituts universitaires privés… En fin de l’année 2021, Louis Paul Motaze et Jean Pierre Amougou Belinga n’ont-ils pas été traînés dans les fosses et la mare du tribunal populaire des réseaux sociaux pour des subventions accordées par le MINFI au groupe l’Anecdote du temps où Louis Paul Motaze était au MINEPAT ?

En filigrane le Minetat/Sgpr qui en a après le MINFI, avait instruit l’audit des lignes 94 et 65. Or, chacun sait qui assure, instruit et répond de la souveraineté. Suffisant pour certains observateurs de soutenir que l’affaire de l’enrichissement illicite ne date pas d’aujourd’hui et qu’il se cache une entreprise funeste visant à neutraliser l’élite Bulu, capable de se présenter comme une alternative en 2025. Ceux-ci en veulent pour preuve l’incarcération d’Edgar Alain Mebe Ngoh, le musèlement de David Nkotto Emane (de regretté mémoire) ou encore la mise à mort politique de Jean Jacques Ndoudoumou.

Ngoh Ngoh, l’assoiffé du pouvoir « Il est important de prendre du recul pour bien analyser cette succession d’actes entrepris par le Sgpr. Il faut observer la montée en puissance progressive du clan Nanga qui s’oppose aux fidèles du président tels : le Directeur du Cabinet civil de la présidence de la République qu’on n’attendait pas forcément dans la galaxie Biya et surtout le MINFI. Au fond, l’action du CONSUPE  dictée par Ngoh Ngoh qui veut couper la tête même à des directeurs généraux comme celui des Impôts, des Douanes et même de la CRTV, au motif qu’ils ont passé plus de 5 ans à la tête des sociétés d’Etat, n’est pas un simple fait de hasard. C’est planifié et c’est mûrement pensé par le réseau Ngoh Ngoh », commente une source au ministre des Relations extérieures.

Brandissant au passage le fait que des milliards de Fcfa soient outrageusement ponctionnés depuis des années sans que personne ne s’en émeuve. Au nom d’une quelconque appartenance aux cercles du pouvoir, certains hauts commis de l’Etat ont développés des stratagèmes les plus abjects pour piller la fortune publique.

Le Messager, dans sa démarche avant-gardiste, sonnait l’alarme dans son édition du vendredi 25 février dernier lorsqu’il faisait remarquer que Ferdinand Ngoh Ngoh aurait perçu 123 milliards 900 millions Fcfa sur la ligne 94 en 9 ans de magistère. Un scandale de trop pour lequel il risque d’y laisser des plumes. En gestionnaire qui ne rend compte à personne, le natif de Minta qui s’est arrogé la fameuse formule « sous hautes instructions du Chef de l’Etat » pour justifier cette gabegie outrancière, a créé un réseau de prédateurs de la fortune publique sous l’œil et la barbe de son patron le président de la République qui sera jugé au crépuscule de son mandat avec une forte probabilité de « payer les pots cassés » en lieu et place de son prétendu fidèle collaborateur.

Car, à l’allure où les lignes budgétaires logées au ministère de l’Economie, de la planification et de l’aménagement du territoire (MINEPAT) et servant depuis des décennies à financer des opérations qui régulièrement n’apparaissent pas dans les lignes budgétaires classiques, sont siphonnées, l’homme du 6 novembre 1982 court lui aussi le risque de se voir imputer ces actes ignobles posés par son entourage.

La course des prétendants au trône « Il est inconcevable que certains individus, usant d’un pseudo accord du chef de l’Etat, arrivent à couler une ligne dotée de près de 800 milliards Fcfa, avec l’appui d’un «réseau» tapie à la présidence de la République et qui leur confère la quasi-assurance de voir ces différentes sollicitations financières auprès du Trésor public acceptées sans la moindre contestation. Des décaissements frauduleux qui risquent d’être imputer à la gouvernance instaurée par Paul Biya depuis son accession à la magistrature suprême », s’insurge une source au MINEPAT.

N’est-il dont pas temps pour Motaze dont on connait la rigueur dans la gestion et le fonctionnement du MINFI devrait mettre sur pied une « brigade » pour traquer ces hors-la-loi qui n’ont d’yeux que pour le pillage des fonds publics. L’accent doit également être mis sur la coordination de l’action des services centraux, déconcentrés et extérieurs et surtout des mouvements opérés sur ces lignes budgétaires de souveraineté. Tout comme il doit redoubler de vigilance dans la sécurité des circuits de la dépense. Même si dans la foulée, d’autres analystes soutiennent que Paul Biya joue avec le temps, déterminé à préserver à son éventuel poulain le feu nourri et croisé des multiples prétendants au trône qui ont fourbi leurs armes au cours des décades.

En prison, au sein du gouvernement ou au sein de l’opposition, ils se bousculent, pour beaucoup en sous-marin, au portillon de l’ambition au trône présidentiel. Le natif de Mvomeka’a le sait, que cette ambition soit putative ou constitutionnelle, il doit y mettre un doigt pour contrer les élans des plus intrépides et incontrôlables. De ce fait, de par la masse de confiance qu’il a déjà manifestée à l’endroit de son Secrétaire général, peu serait surpris si d’avance Paul Biya s’engageait dans la voix risquée de succession, de voir Ngoh Ngoh au peloton de tête de la « short list ». Vigilance !

Camer.be

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