L’Université de Yaoundé II (UY2) traverse une nouvelle zone de turbulences après la décision du Recteur, le Professeur Richard Laurent Omgba, d’interdire une marche de soutien prévue par les étudiants en faveur du Professeur Aba’a Oyono.
Prévue un lundi, cette manifestation devait exprimer la solidarité de la communauté universitaire envers l’un de ses enseignants. Mais en refusant l’autorisation, la direction de l’établissement a ravivé les débats sur la liberté d’expression, la gestion de l’espace académique et la place de la contestation dans les universités publiques camerounaises.
Officiellement, la mesure vise à prévenir tout risque de débordement sur le campus, un argument classique invoqué pour préserver la paix universitaire. Pourtant, pour de nombreux étudiants, cette justification masque une volonté de museler toute forme d’opinion dissidente.
Dans les couloirs de Soa, certains dénoncent une politique du silence imposée par le haut, où la moindre contestation est perçue comme une menace à l’ordre établi. Le Professeur Oyono, devenu malgré lui le centre de cette agitation, incarne désormais le malaise profond qui mine les relations entre l’administration et sa base estudiantine.
Au-delà de l’incident, cette affaire révèle une fracture institutionnelle plus large. Les universités camerounaises, souvent perçues comme des bastions de savoir et de débat, semblent de plus en plus gouvernées par des logiques sécuritaires.
Entre le souci légitime de stabilité et la tentation du contrôle, la frontière devient floue. À force de privilégier la discipline administrative au détriment du dialogue, l’autorité universitaire risque de saper la confiance nécessaire à tout climat académique apaisé.
L’épisode de Yaoundé II n’est donc pas anodin. Il met en lumière un paradoxe persistant : celui d’un espace censé être le creuset de la liberté intellectuelle, mais où la parole se heurte trop souvent à la peur de la sanction.
En restreignant la possibilité d’un rassemblement pacifique, l’administration envoie un signal ambigu sur la place du débat dans la cité universitaire. Une question demeure : comment prétendre former des esprits libres dans un environnement où s’exprimer devient, en soi, un acte de défiance ?
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