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Sahara occidental : pourquoi la CAF joue les vierges effarouchées

La CAF a décidé de mener une enquête sur les propos politiques tenus lors de l’ouverture du CHAN. Pourtant, malgré ses statuts et règlements, l’institution est éminemment politique.

Après la cérémonie d’ouverture du Championnat d’Afrique des nations (CHAN), la Fédération royale marocaine de football (FRMF) a déploré le « discours provocateur et surréaliste » qui a « bafoué », dit-elle, le « règlement régissant l’organisation des manifestations footballistiques » de la Confédération africaine de football (CAF). En cause, les propos du petit-fils de Mandela, à propos du Sahara occidental notamment, ou encore des chants émanant des tribunes. Rapidement, la FRMF a demandé à la CAF de mener une enquête sur ces faits.

Depuis plusieurs heures, la presse algérienne s’étonne de la réaction très prompte de la CAF. Rappelant notamment que, lors du CHAN 2018, au Maroc, la chanteuse Jannat Mahid avait interprété un de ses titres « à la gloire de la colonisation du Sahara occidental ».

Les instances africaines du football ont en effet réagi aux propos de Zwelivelile Mandela. Dans un communiqué de presse, la CAF indique que, « selon ses Statuts et Règlements et ceux de la FIFA », elle « doit s’abstenir de s’impliquer dans la politique et rester neutre sur les questions de nature politique ». La CAF indique vouloir « établir si et dans quelle mesure les déclarations politiques et les événements de la cérémonie d’ouverture du CHAN TotalEnergies Algérie 2022 violent les Statuts et Règlements de la CAF et de la FIFA ».

Le Sahara occidental, un enjeu pour Motsepe

Cette réaction aurait pu être compréhensible si, depuis son arrivée à la présidence de l’instance, le Sud-Africain Patrice Motsepe n’avait pas lui-même été un dirigeant très politisé.

Pour rappel, en effet, le 12 mars 2021, une modification des statuts de la CAF était passée quasi inaperçue : l’article 4 de ceux-ci avait été amendé pour, selon le premier vice-président de la FRMF, Hamza El Hajoui, « entrer de plain-pied dans la légalité internationale ». Car, désormais, la CAF n’accepte plus que les pays reconnus par l’Organisation des Nations unies. Bloquant ainsi les rêves de plusieurs d’entre eux n’ayant pas réussi à faire valoir leurs droits à New York : le Sahara occidental, mais également le Zanzibar ou encore le Somaliland sont concernés.

Cette modification statutaire était éminemment politique. Et le puissant président de la FRMF, Fouzi Lekjaa, a toujours été à la manœuvre : c’est lui qui, à l’aube de la présidentielle de la CAF, avait convié tous les candidats pour tenter de convaincre que le Sud-Africain Motsepe était le candidat le plus apte à défendre les intérêts de l’institution… et du Maroc.

La CAF, un instrument politique, comme la FIFA

Le Sud-Africain a d’ailleurs longtemps, avant que le Maroc ne prenne le leadership sur ce dossier, tenté d’approcher l’Algérie. Motsepe avait alors promis d’offrir un siège à la Fédération algérienne de football (FAF) au Comité exécutif de la CAF, en échange de la voix de l’Algérie. Mais Lekjaa a tout fait pour que cela n’arrive pas.

Il est donc étonnant de voir aujourd’hui la CAF s’offusquer de propos politiques des uns ou des autres. « Malgré les affirmations répétées de représentants d’institutions sportives nationales ou internationales (…) selon lesquelles le sport est une ‘arène non politique’, ces institutions ont, dès leur création à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, des implications politiques », rappellent Susann Baller et Martha Saavedra dans le numéro de 2010 de « Politique africaine ». Ajoutant que « le football implique fondamentalement la mobilisation de groupes variés et de réseaux institutionnels, du plus informel et local au plus complexe et global ».

Indubitablement, cette édition du CHAN est entrée dans la sphère politique. La compétition se jouant en Algérie, en pleine crise entre Alger et Rabat, cela n’était pas possible autrement. La CAF le sait d’ailleurs et a décidé de reporter l’annonce du pays hôte de la CAN 2025. Car l’Algérie et le Maroc sont tous deux candidats.

Journal de l’Afrique

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