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Révélations sur les coulisses du départ de Kamto du gouvernement et la chute de Marafa

Plus d’une décennie après, les coulisses du départ de Maurice Kamto du gouvernement camerounais et la disgrâce de Marafa Hamidou Yaya continuent de susciter débats et révélations.

Dans un témoignage à la première personne, Vincent Sosthène Fouda, acteur politique et analyste averti de la scène camerounaise, lève le voile sur les jeux d’influence, les tractations internationales et les calculs internes qui ont marqué cette séquence historique.

« Le 30 octobre 2011. Maurice Kamto quitte officiellement le gouvernement. Il occupait le poste de ministre délégué auprès du ministre de la Justice, garde des Sceaux, monsieur Amadou Ali.

Marafa Hamidou Yaya, ministre d’État, ministre de l’Administration territoriale, lui, sera sorti du gouvernement par le remaniement du 8 décembre 2011.

Mais que de tractations  ! Après la présidentielle du 9 octobre 2011. La France fait pression sur Etoudi afin de nommer Marafa Hamidou Yaya premier ministre. Yaoundé s’agace et dépêche à Paris Pierre Moukoko Mbondjo non pas pour négocier avec l’Élysée, mais pour rencontrer les lobbies maçonniques et marquer le refus de l’homme du 6 novembre 1982 de nommer le candidat de Paris.

À la vérité, Yaoundé est fébrile, mais le forcing de Paris lui permet de renverser la tendance. COPÉ, et son directeur de cabinet de l’époque, Christine Lagarde, Alain Juppé et le camerounais de Bordeaux sont tous mis à contribution. L’Élysée veut Marafa à l’Immeuble Étoile. Marafa a fait certaines promesses à l’un ou l’autre membre du gouvernement au cas où il accéderait à l’immeuble Étoile. C’est le cercle de ceux qui l’appellent YAYA.

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Au retour de Pierre Moukoko Mbondjo à Yaoundé, le sort de Marafa est scellé.

Il sera sorti du gouvernement et ira en prison.

C’est donc en ce moment que la stratégie de démission du ministre Kamto est élaborée.

Il démissionne et un parti politique déjà existant élargira ses ailes pour unir l’Ouest et le Nord. La vérité est que Marafa ne croit pas qu’il puisse être arrêté. Il se dit qu’il est un prince peul, que les Peuls ne le laisseront pas être ambastillé. Qu’est-ce que j’en sais, moi  ! Il faut écouter les uns et les autres et prendre la bonne décision.

Dans le document de travail que je consulte chez moi, il est dit que le Nord Cameroun, c’est 40% de l’électorat du Cameroun.

Personnellement, je n’y crois pas, faute de chiffres fiables corroborés par un recensement de la population et d’une liste électorale consultable par tous. Alain Fogué y croit. Il faut ajouter au nouveau parti naissant les Ewondo.

Beau-fils de la Lekié Fogué m’assure avoir déjà l’adhésion de ses beaux-frères. Il manie d’ailleurs la langue avec dextérité.

Je me rappelle de ce qui s’est passé avec Victor Ayissi Mvodo quand il a voulu se lancer à la conquête du pouvoir. Certains de ma famille ont alors payé le prix fort de leur adhésion au projet de notre neveu Victor.

Je propose alors non pas un parti qui englobe tout ce monde, mais des coalitions de partis avec des fiefs.

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Alain Fogué n’est pas d’accord et me parle donc pour la première fois de Maurice Kamto qu’il va consulter.

Lors de la réunion au Club France qui doit voir naitre le MRC, c’était un samedi après-midi, je décide de ne pas y participer, je vois déjà dans le parti naissant une opposition des peuples dans une idéologie non rassembleuse malgré le nom qu’il prendra.

Je ne crois pas un seul instant que la conquête du pouvoir d’État au Cameroun soit une affaire de tel ou tel peuple contre un tel autre peuple. La seule idéologie qui doit soutenir la conquête du pouvoir au Cameroun, c’est le projet d’offrir au peuple un présent et un avenir meilleurs.

La misère, l’injustice, ont un seul visage, celui de l’homme opprimé ».

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