Le ministre camerounais des Finances, Louis Paul Motaze, également président du Comité interministériel chargé du rachat des 51% d’actifs détenus par Actis dans Eneo, a récemment demandé un délai supplémentaire de deux mois avant le début des négociations. Cette requête vise à permettre à la partie camerounaise de finaliser sa « due diligence », un processus de vérification nécessaire avant tout accord financier. Cette démarche fait suite à une lettre d’Actis qui avait proposé une première rencontre entre les parties, incitant ainsi le ministère à solliciter cette prolongation.
Cependant, des sources révèlent que cette demande de report pourrait être liée au retard de remise du rapport de l’entreprise KPMG France. Mandatée par le gouvernement camerounais pour évaluer la situation d’Eneo en vue de sa renationalisation, KPMG devait fournir son rapport au Comité interministériel en octobre. Le document n’ayant pas encore été transmis au comité jusqu’au 4 décembre, la requête de report vise potentiellement à accorder à KPMG le temps nécessaire pour achever son rapport.
Ce retard pourrait impacter le calendrier de sortie d’Actis de la gestion d’Eneo, retardant potentiellement les négociations prévues pour février 2024. Les détails du financement du rachat des parts d’Actis demeurent flous, mais des informations évoquent la possibilité d’un financement via la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS), en partenariat avec la Société nationale des hydrocarbures (SNH).
Si le projet de rachat aboutit, il marquera le retour des volets de production et de commercialisation de l’électricité sous le contrôle de l’État, 22 ans après leur désengagement. Cette initiative vise à redresser une entreprise en difficulté financière, avec une dette de plus de 700 milliards de Fcfa à fin 2022, dont une part importante due aux fournisseurs, y compris des entreprises publiques. Le gouvernement a élaboré un Plan de redressement du secteur de l’électricité au Cameroun (Prsec), visant à mobiliser 6 000 milliards de Fcfa entre 2023 et 2030 pour éviter la faillite d’Eneo, à travers la restructuration des dettes et des investissements nécessaires.
Ce processus de rachat, s’il se concrétise, aura un impact significatif sur le secteur énergétique du Cameroun, visant à restaurer la stabilité financière d’Eneo pour assurer une fourniture électrique durable et fiable à la population.