Sur le plateau de l’émission Droit de Réponse diffusée sur Équinoxe Télévision, le journaliste et consultant permanent Edmond Kamguia a dressé un constat sévère sur le fonctionnement d’Élections Cameroon (Élecam), l’organe en charge de la gestion du processus électoral.
Selon lui, certaines failles observées pendant le scrutin présidentiel du 12 octobre 2025 traduisent non seulement un manque de formation de plusieurs agents électoraux, mais surtout une faiblesse structurelle qui remet en cause la neutralité de l’institution.
« Certains agents d’Élecam donnent parfois l’impression de ne pas assumer le rôle qui leur est imparti dans les bureaux de vote. Ils semblent spectateurs là où ils devraient être acteurs », a-t-il déclaré.
« Or, si le procès-verbal d’Élecam fait foi, il ne faudrait pas qu’il puisse être contesté par un camp comme par un autre. Il faut que ce soit le vrai PV issu de chaque bureau de vote », a-t-il ajouté, insistant sur la nécessité de garantir l’authenticité des résultats.
Les propos d’Edmond Kamguia, connu pour la rigueur de ses analyses, font écho aux inquiétudes exprimées depuis plusieurs années par des observateurs électoraux et des formations politiques. Élecam, censé être un organe indépendant, semble souvent se comporter comme une administration sous tutelle : celle du ministère de l’Administration territoriale, dont il dépend encore implicitement dans la pratique.
Les dysfonctionnements relevés cette année ne sont pas nouveaux : listes électorales incomplètes, retards dans la distribution du matériel, absence de transparence dans la transmission des procès-verbaux, et surtout, une attitude passive des agents électoraux, souvent intimidés ou désorientés face aux pressions locales.
Une indépendance largement théorique
Créé en 2006 pour garantir la crédibilité des élections, Élecam peine à convaincre. Ses dirigeants, nommés par décret présidentiel, sont fréquemment accusés d’allégeance politique. Cette dépendance institutionnelle alimente la perception d’un processus électoral verrouillé, où le résultat final semble découler davantage de rapports de force que du suffrage exprimé.
Dans un contexte post-électoral tendu, où des protestations sporadiques éclatent déjà dans plusieurs villes, ces doutes sur l’impartialité d’Élecam risquent de fragiliser davantage la confiance des citoyens dans la valeur du vote.
Un avertissement lucide
L’intervention d’Edmond Kamguia sonne comme un avertissement professionnel et citoyen : sans réforme structurelle d’Élecam, sans formation rigoureuse et indépendance réelle de ses agents, le Cameroun continuera de s’enliser dans un cycle électoral marqué par la suspicion et la contestation.
Au-delà du scrutin de 2025, c’est la question de la crédibilité démocratique du pays qui se trouve posée. Car, comme le rappelle le consultant d’Équinoxe TV, le procès-verbal d’Élecam ne doit pas seulement faire foi : il doit inspirer confiance.
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