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Patrimoine : L’Afrique « chasse » les colons de ses rues

A Madagascar, Dakar, Abidjan, Saint-Louis, Rufisque, boulevards, ponts, routes, écoles sont rebaptisés à la mémoire d’héros nationaux et africains.

Le processus n’est pas nouveau. Mais reprend à une plus grande échelle. Ce n’est plus seulement une revendication d’activistes prêts à découdre avec la mémoire du passé. L’adhésion est populaire. Le changement des noms d’édifices à la gloire des colons et personnalités françaises est en cours dans plusieurs pays d’Afrique. Notamment le Sénégal, la Côte-d’Ivoire, Madagascar.

Au Sénégal, « La Place de l’Europe » sur l’île Gorée a été baptisée « Place de la Liberté et de la Dignité Humaine ». Un symbole fort quand on sait la place de la maison des esclaves dans l’histoire du Sénégal et de l’Afrique et sa diaspora.

Dakar, Gorée, Rufisque et Saint Louis sont les villes sénégalaises qui portent particulièrement les traces de l’époque coloniale. A Dakar, ancienne capitale de l’Afrique orientale française (AOF) on trouve l’avenue Faidherbe (ancien gouverneur de l’AOF), la Rue Jean Jaurès (figure du socialisme en France), Boulevard du Général De Gaulle où se tient le défilé militaire lors de la fête de l’indépendance, telles sont les édifices à la gloire des colons. Ils sont concentrés dans Dakar-plateau « qui reçoit une petite population française colonisatrice. Et on ne trouve ces noms là qu’au Plateau qui représente à l’heure actuelle 3% de la population », explique le chercheur Michel Ben Arrous à Rfi.

Le changement de noms des infrastructures est conduit par les maires. A Rufisque, la Place Gabard, la plus grande de la ville baptisée ainsi en mémoire celui qui a été maire pendant l’époque coloniale est désormais la place Alé Gaye Diop. La rue Calvert s’appelle aujourd’hui Rue Dr Thianar Ndoye.

En Côte d’ivoire, le Président de la République Alassane Ouattara a pris l’initiative de rebaptiser les rues, places et avenus ; ponts et lysées de noms d’héros nationaux et africains. Ainsi le boulevard Valery Giscard D’Estaing s’appelle désormais boulevard Thomas Sankara.

Un débat qui date

A Madagascar, une grande partie des statues et rues célébrant les colons ont été déboulonnées et débaptisés depuis 1960. A travers son ministère de la culture, le gouvernement d’Antanarivo entend achever ce processus car il reste encore quelques vestiges de la colonisation. Notamment des infracteurs routières, scolaires et hospitalières et à travers les noms des quartiers, districts.

Les premiers nouveaux.baptêmes des rues sont intervenus dès les indépendances et ont évolué différemment selon les pays. Sur l’Ile de Madagascar, le processus a débuté dès l’indépendance et s’est poursuivie jusqu’aux années 2000. Au Sénégal, les présidents successifs Léopold Sédar Senghor (1960 à 1980), Abdou Diouf (1981 à 2000) et AbdoulayeWade (2000-2012) ont rebaptisé plusieurs grandes places. En Côte d’ivoire, le gouvernement de Laurent Gbagbo avait opté pour des numéros.

L’héritage de la colonisation, notamment dans les capitales africaines a toujours été au cœur des débats dans les chaumières et chez les politiques. C’est un sujet complexe aux enjeux concernant un patrimoine historique matériel et immatériel. La colonisation est un fait réel. Faut-il effacer les traces de cette histoire ou assumer ce passé ? Le débat est loin de connaître son épilogue.

Source : Le Jour

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