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Oapi : le gros dilatoire du DG, Denis Bohoussou

Soupçonné de malversations financières et accusé d’avoir installé un climat délétère au sein de l’Oapi, Denis Loukou Bohoussou s’est exprimé mardi dernier. Suscitant quelques sarcasmes.

Yaoundé, capitale du Cameroun, 25 janvier 2022. La direction générale de l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (Oapi), convie la presse à une conférence de presse pour évoquer l’actualité au sein de cette institution intergouvemementale, notamment celle liée au « climat délétère qui serait installé au sein de l’Organisation ».

C’est à 10h 35 minutes que le Directeur général (Dg) de cette auguste institution panafricaine fait son entrée dans une salle pleine des femmes et hommes de médias nationaux et internationaux. La soixantaine dépassée et vêtu d’un costume sombre, d’une chemise bleue ciel et une cravate bleue, Denis Loukou Bohoussou s’installe avec une mine plutôt patibulaire. Il est entouré pour la circonstance du directeur des Affaires juridiques, le directeur des brevets, le directeur des marques et le directeur des finances et du patrimoine.

Une chaise est vide. Celle du contrôleur financier dont l’absence suscite des murmures dans la salle. Et le scénario que chacun redoutait s’est finalement produit. Denis Loukou Bohoussou est parvenu à esquiver le sujet central pour vanter son bilan qui, selon lui, plaide en sa faveur.

« A ma prise de fonction, le 1er août 2017, 93 000 dossiers de demandes de titres de protection de ta propriété intellectuelle représentant un retard de plus de six années étaient en souffrance. Ces dossiers ont été traités en cinq mois. De même, 45 500 dossiers de brevets relatifs aux annuités de la période de 2007 à 2020 ont été traités en trois mois », révèle le Dg de l’Oapi. «M. Bohoussou, au lieu de répondre sur le fond, finalement esquive et parle d’autre chose», a déclaré sous couvert d’anonymat un délégué du personnel. Un autre employé de l’Oapi a de son côté jugé que l’intervention du Dg était à côté de la plaque.

« Tout cela me semble très maladroit et finalement il aurait pu se dispenser de cette déclaration solennelle», souligne-t-il. Un proche collaborateur de M. Bohoussou voit dans la sortie du Dg de l’Oapiune réponse à l’ambiance Oapi-bashing qu’on a eu ces derniers jours. « Denis Bohoussou a été blessé, heurté, il s’est senti personnellement, humainement remis en cause. C’est normal qu’il ait la réaction de quelqu’un décorché».

« Le Dg est un menteur »

Au fil du déroulé de son propos, il se dégage que, coûte que coûte, Denis Bohoussou a décidé d’aller au bout d’une démarche qui n’a plus rien à voir avec les intérêts de l’Oapi. Quitte à mettre définitivement l’institution déjà tourmentée, dans une interminable descente aux enfers. En clair, c’est le pouvoir, son pouvoir, qui est en jeu.

La raison n’est plus de mise. Désormais, tous les moyens sont bons pour se maintenir au poste.il lui a quand même fallu invoquer quelques arguments aux allures d’arguties juridiques. Dans une décision du 10 décembre2021, le Dg de l’Oapi a rapporté tous les actes de propriété industrielle signés par son Adjoint, durant la période du 14 octobre au 10 décembre 2021.

Une période, faut-il le préciser, correspond à la suspension du Dg de ses fonctions par la présidente en exercice du conseil d’administration, pour soupçons de mal gouvernance et de malversations financières. Les actes rapportés, paraît-il, avaient été pris par une « autorité incompétente ». Même si c’est la présidente du conseil d’administration qui avait chargé le Directeur général adjoint d’assurer les affaires courantes.

Donc forcément, celui-ci a, en vertu de cette décision, signé plusieurs actes de propriété industrielle en qualité de Directeur général par intérim.

« Je suis une autorité notariale c’est-à-dire que je suis chargé par les Etats membres pour délivrer des fifres de propriété. De ce fait, lorsqu ’une décision comporte des faiblesses juridiques, je prends sur moi de la rapporter parce qu’il s’agit de sauvegarder les intérêts des déposants. Donc ce n’est pas inédit qu’à l’Oapi, le Dg puisse rapporter une décision », se défend Denis Bohoussou. « Le directeur général est un men fear quand il prétend que ce n’est que lui seul qui a qualité de signer des actes de titres », lâche un cadre de l’Oapi.

Manœuvres dilatoires

En ce qui concerne les malversations financières, le cabinet Mazars en charge de l’audit sur la gestion financière de l’Oapi pour les exercices 2018 à 2020, révèle qu’il y a eu des « actes anormaux de gestion » estimés à près de 400 millions de F. le rapport qui a été présenté au conseil d’administration du 10 décembre 2021 à Cotonou au Bénin évoque également des «irrégularités et inexactitudes» dans la même période.

« Malgré tout ce qui a été dit, le conseil d’administration a décidé que je reprenne mon poste. Il appartient à chacun de se faire sa propre idée », indique Denis Bohoussou ajoutant au passage qu’aucun conseil d’administration ne peut, après un audit et des accusations aussi graves, décider de réhabiliter un Directeur général.

« Il appartient au conseil d’admi’m’stra- fi’on en foute souveraineté, en appréciant ce que j’ai fait en bien ou en mat, de décider de me reconduire ou de ne pas me reconduire », lâche le patron de l’Oapi. Que dire, enfin, des règlements de comptes et mutations sans véritable raison ?

« Depuis que je suis rentré de Cotonou après le conseil d’administration du 10 décembre 2021, je n’ai pris aucun acte d’affectation», affirme le Dg de l’Oapi. Curieusement, dans une note de service datée du 14 décembre 2021 et consultée par Le Messager, Denis Bohoussou procède effectivement à des affectations.

Le Messager

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