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Crise à l’Oapi : Paul Biya en colère contre Denis Bohoussou

Les autorités camerounaises, qui accusent le Directeur général de l’Oapi d’avoir installé un climat délétère au sein de l’institution basée à Yaoundé, pourront bientôt lui demander de plier bagage. Enquête !

Ce n’est pas une simple colère. C’est en fait bien plus que ça. Les faits? Il y a quelques semaines, le chef de l’État camerounais, Paul Biya, a été informé de ce que le Directeur général de l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (Oapi), Denis Bohoussou, envisage de licencier plus de 60 Camerounais travaillant à l’Oapi.

Une situation qui pourrait créer d’autres tensions alors que l’institution traverse une période de crise sans précédent. La mise en œuvre d’une telle ambition viendrait, pensent des analystes, sonner le glas d’une institution qui est au bord de l’implosion.

L’autre affaire sur la table de Paul Biya et qui suscite le courroux du locataire du palais d’Etoudi, est le fait que le Dg Denis Bohoussou a pris son congé le 23 décembre 2021 et a décidé de bloquer l’administration de l’institution durant son absence. Il a bloqué les salaires, les dotations en carburant, les retraites complémentaires, les factures des prestataires… L’ivoirien a même résilié les contrats de deux Camerounais.

D’abord Olivier Mebara, président directeur général de G4S, l’entreprise qui assure la sécurité des locaux de l’Oapi. L’autre victime du Dg est M. Abega Simon Jean-Noël qui s’occupait des activités physiques et sportives de l’Organisation dont le contrat a été également résilié sans raison valable. Le plus grave, c’est le décès du Camerounais, M. Akoa, qui a servi l’Oapi pendant plus de 25 ans. Il est mort dans une misère lancinante du fait que son patron de Dg a carrément refusé de lui signer une avance de salaire afin qu’il puisse payer ses soins.

« Ça doit changer vite et fort. Ça va changer vite et fort », s’est agacé le chef de l’État en privé, selon des propos rapportés par une source du Messager en service au Cabinet civil de la présidence. La même source soutient que suite à ces multiples égarements du Dg de l’Oapi, et dans le souci de préserver le climat social au sein de cette institution, le président camerounais pourrait renvoyer Denis Bohoussou dans son pays.

L’Amoapi écrit à Paul Biya

Le 13 janvier, Me Régine Françoise Ekani Manga, présidente de l’Association des mandataires agréés auprès de l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (Amoapi), écrit au président Paul Biya pour se plaindre de l’attitude de l’actuel patron de l’Oapi, Denis Bohoussou. Un fait inédit, mais aussi « une mise en accusation et, surtout, une demande explicite de départ du Dg de l’Oapi », résume un diplomate africain à Yaoundé.

Dans cette correspondance avec ampliation au ministre des Relations extérieures (Minrex) et au ministre des Mines, de l’industrie et du développement technologique (Minmidt), Me Régine Françoise Ekani Manga est très préoccupée par la crise persistante au sein de l’Oapi, et dont l’impact négatif pour les pays membres en général, et le Cameroun en particulier, est préoccupant.

Selon elle, depuis environ six mois, un climat malsain et délétère règne au sein de l’Organisation, de nature non seulement à causer un préjudice énorme dans les activités des mandataires, mais également de porter durablement atteinte à l’image de cette prestigieuse institution panafricaine dont le siège est à Yaoundé.

« En tant que mandataires, représentants des principaux usagers de l’Oapi que sont les déposants de demandes d’obtention et de maintien des titres de propriété industrielle, nous avons été consternés par la récente décision du Directeur général de rapporter,après sa levée de suspension, divers actes portant sur la délivrance des titres de marques, leur renouvellement et les inscriptions dans les registres spéciaux y afférents, prises dans l’intervalle de suspensions par le Directeur général adjoint qui en assumait l’intérim par habilitation du président du Conseil d’administration de l’Oapi », écrit la président de l’Amoapi.

Cette décision du Dg étonne d’autant plus que les actes querellés étaient déjà publiés officiellement avec pour conséquence de faire courir des délais pour l’ouverture de certaines procédures contentieuses.

Me Régine Françoise Ekani Manga précise dans sa correspondance adressée au chef de l’État, qu’une fois au courant de la démarche inexplicable du Dg de l’Oapi, Denis Bohoussou, elle l’a saisi pour l’inviter à revenir sur sa décision, en attirant notamment son attention sur « la grande insécurité juridique que cette décision occasionne et l’atteinte à la crédibilité de l’Oapi qu’elle entraîne. « Notre demande est jusqu’ici restée lettre morte », regrette Me Régine Françoise Ekani Manga.

Deux titres en circulation

Selon les informations du Messager, sont actuellement en circulation deux bulletins de publication faisant courir pour de mêmes actes des délais d’opposition et de revendication différents.

« Ce qui est très grave au regard des conséquences négatives que cela pourrait occasionner dans les activités économiques des titulaires des droits y associés », estime la présidente de l’Amoapi. De plus, ajoute-t-elle, la décision portant rapport du directeur général annonce la signature de nouveaux titres, alors que lesdits titres, reçus par certains mandataires, portent une date antérieure à la décision les rapportant. Une véritable confusion juridique.

Me Régine Françoise Ekani Manga en appelle à l’intervention du chef de l’État, afin d’apaiser les tensions et pour que l’Oapi retrouve sa stabilité dans ses activités. Signalons que l’Oapi est assaillie ces derniers temps par des réclamations des usagers qui ont payé leurs titres.

Vendredi 14 janvier par exemple, un usager a créé un scandale au siège de l’Oapi à Yaoundé. Il se plaint d’être désormais hors délais avec ses partenaires à cause des errements du Dg de l’Oapi. Cette situation invivable de l’Oapi a suscité de vives réactions de plusieurs administrateurs.

Dans une correspondance datée du 12 janvier 2022 et adressée au nouveau Pca, Jean Christophe llboudo, par ailleurs ministre du Développement industriel, du Commerce, de l’artisanat et des Petites et moyennes entreprises du Burkina Faso, le Comorien Mze Abdou Mohamed Chanfiou interpelle le Pca sur « le très mauvais climatqui règne au sein de l’Oapi». Le ministre comorien regrette que les mesures qui ont été prises au cours du conseil d’administration de Cotonou ne soient pas respectées.

« De mémoire, indique-t-il, je me rappelle que nous avons mis en place un comité ministériel et qu’un de notre collègue a été désigné pour jouer (’intermédiaire, afin que la situation rapportée aujourd’hui soit évitée, etnotre collègue du Cameroun devrait aussi jouer un rôle capital pour retrouver un climat normal de travail. Nous devons veiller à lastricte application du conseil d’administration dont l’objet a été de préserver l’intégrité de notre organisation ».

Le Cabinet Mazars ignoré

Au terme du conseil d’administration du 10 décembre 2021 à Cotonou eu Bénin, les administrateurs ont décidé outre la levée de la suspension du directeur général de l’Oapi, et de la mise en place d’un comité ad hoc d’appui à la direction générale pour l’apaisement du climat social, trois mois supplémentaires ont été donnés au cabinet Mazars pour approfondir l’audit et présenter un rapport définitif au cours de la session du Conseil d’administration extraordinaire prévue en mars prochain. Contrairement à la résolution qui exige à Denis Bohoussou de prendre attache avec le cabinet Mazars pour poursuivre le travail, le Dg de l’Oapi s’en moque complètement.

Le 23 décembre 2021, il a pris la direction de la Côte d’ivoire, son pays, pour y passer ses congés. Et jusqu’au moment où nous rédigions ces lignes, il n’était pas toujours de retour à Yaoundé. Au contraire, alors que le Dga est bien présent à Yaoundé et continue de travailler, Denis Bohoussou vient de désigner le directeur des affaires juridiques pour assurer l’intérim de la direction générale. Une autre incongruité qui ne doit pas laisser les administrateurs sans indifférents si l’on veut vraiment sauver l’Oapi du naufrage.

Le Messager

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