Une vague d’originalité déferle sur la scène musicale urbaine camerounaise, de plus en plus d’artistes se tournant vers des sonorités traditionnelles pour créer des œuvres résolument locales.
S’inspirant de rythmes comme le Makossa, le Bensikin et le Bikutsi, cette nouvelle génération crée des sonorités fraîches et ancrées dans la culture locale, qui lui permettent de se démarquer sur un marché saturé.
Selon Joseph Marie Debalois, défenseur de la culture, ce virage artistique est bien plus qu’une simple tendance. C’est un véritable éveil culturel.
« C’est une sorte de renaissance mentale, à l’image de ce que nous avons connu dans les années 1970 avec le mouvement « Black is Beautiful » aux États-Unis. Les Africains à l’étranger ont commencé à renouer avec leurs racines, à travers la mode, la musique et la culture. On écoute peut-être de la musique étrangère, mais c’est en écoutant du Makossa ou du Bensikin qu’on se reconnaît vraiment », a-t-il déclaré.
Ce retour aux sources culturelles remet également en lumière des légendes musicales oubliées qui ont fait danser des générations. Alors que les jeunes artistes mêlent tradition et modernité, la musique camerounaise gagne du terrain à l’international, exportant les sonorités locales vers un public plus large.
Yvan Ango, professionnel des médias, considère cette évolution comme essentielle, tant pour le patrimoine que pour l’innovation :
« C’est une évolution positive, et j’espère qu’elle se poursuivra. Nous sommes des Africains qui tissons des liens avec ceux qui nous ont précédés. Cela crée des ponts entre les générations et renforce l’industrie musicale.»
Paola Yoko, promotrice culturelle, souligne l’intérêt stratégique de ce mouvement : « Cela contribue à repositionner notre musique, tant au niveau national qu’international. Autrefois, nous nous perdions dans des sonorités empruntées. Aujourd’hui, nous nous réapproprions notre espace en exportant une musique locale tout aussi agréable. C’est une stratégie culturelle.»
Mais il ne s’agit pas de nostalgie, mais de réinvention. Ces sonorités réinventées ne sont pas de simples répliques du passé. Elles sont transformées par une production moderne, une narration inédite et les nouvelles technologies.
« Elles ont évolué avec la technologie », ajoute Debalois. La musique d’aujourd’hui ne peut plus être exactement la même qu’avant. Les outils, le processus d’écriture, les idées ont tous changé et cela se reflète dans le produit final.
Des artistes comme Krys M, Cysoul, Ella N’aï, Salatiel, Seppo, Phillbill et Locko sont à l’avant-garde de ce mouvement, insufflant à la musique urbaine une touche camerounaise unique.
Alors que le Cameroun se joint au reste du monde pour célébrer la Journée mondiale de la musique le 21 juin, le pays peut être fier d’une génération d’artistes qui insufflent un nouveau souffle à des rythmes intemporels mêlant tradition et innovation, et qui font rayonner la culture locale au-delà des frontières.
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