Le Port autonome de Douala (PAD) a dévoilé un ambitieux projet de réhabilitation et de modernisation de son terminal de pêche aux normes et standards internationaux.
Le projet stratégique vise également à faire du terminal de pêche un hub de réfrigération pour recevoir les produits de la pêche de toutes les grandes pêcheries industrielles et internationales opérant dans le golfe de Guinée, ainsi que tous les produits d’import/export nécessitant la chaîne du froid.
Le projet, qui s’inscrit parmi les chantiers prioritaires identifiés dans le Schéma Directeur d’Aménagement du Port de Douala-Bonabéri, s’inscrit dans le programme ambitieux de rénovation et de modernisation des installations et équipements portuaires, afin d’apporter une solution durable et adaptée à la situation déplorable du terminal situation.
La modernisation sera réalisée par KAIROS BUSINESS CORPORATION HOLDING (KBC HOLDING), qui a été retenu après appel d’offres en raison de sa cohérence avec les ambitions affichées par le PAD.
Celle-ci était conforme à la réglementation portuaire, après l’agrément donné le 5 juin 2023 dernier, par le Comité Consultatif de Pilotage du Port Autonome de Douala (CCO’PAD).
Un accord sur l’autorisation de concevoir, construire, financer, exploiter et maintenir (DBFOM), un partenariat public-privé, plus communément appelé Build-Operate and Transfer (BOT), a été signé récemment.
Le directeur général du Port Autonome de Douala, Cyrus Ngo’o, et le directeur général du Terminal portuaire de pêche de Douala (DPFT), Moraud Zambo, ont récemment signé l’accord.
La Douala Port Fishing Terminal (DPFT), il faut le dire, est une société de projet mise en place par le partenaire qui a participé à la réalisation des études préliminaires de faisabilité et à l’élaboration du modèle financier prévisionnel, et à la négociation de la convention avec le PAD, suite à la signature du un accord de développement entre PAD et KBC Holding le 9 juin 2022.
Ceci conformément aux recommandations du Comité de Pilotage du Projet dans son procès-verbal validant les Termes de Référence des études lors de sa séance du 27 octobre 2022.
L’accord, qui autorise également la mer industrielle et la pisciculture comme activités annexes du Port de Pêche, vise à réduire substantiellement les importations de poisson, conformément aux objectifs de la Stratégie Nationale de Développement 2030, NDS30, et notamment la mise en œuvre de l’un des quatre piliers pour assurer la transformation structurelle de l’économie nationale.
L’approche partenariale retenue pour la réalisation du projet s’appuie sur le processus de transfert des activités industrielles et commerciales de l’autorité portuaire à des opérateurs privés, conformément à la réglementation portuaire en vigueur, sur la base des décrets n° 2019/034 et 2019/035 du 24 janvier 2019 portant réorganisation et approuver respectivement les statuts du PAD.
Protéger le marché national d’une dépendance totale aux importations
S’exprimant lors de la cérémonie de signature, le directeur général du PAD, Cyrus Ngo’o, a déclaré que le projet vise à doter le port de Douala-Bonabéri de nouvelles installations de transformation et de conservation des produits halieutiques et à maîtriser la chaîne du froid portuaire, conformément aux orientations économiques du gouvernement. objectifs et normes et standards internationaux.
« Selon les premières estimations modélisées par le projet, les activités de pêche liées aux nouvelles infrastructures réhabilitées et modernisées du terminal de pêche du port de Douala couvriront environ 28% des besoins en protéines de poisson du Cameroun, soit 41,6% de la production nationale de poisson« , Cyrus Ngo’ o dit.
Il s’est félicité de l’aboutissement du processus de négociation contractuelle entre le PAD et la Terminale de Pêche Portuaire de Douala (DPFT) pour la réalisation du grand projet.
Le patron du PAD a également remercié le partenaire du projet pour son profond engagement tout en rassurant la pleine disponibilité et l’engagement en retour du PAD, en vue d’atteindre les objectifs mutuellement convenus.
Commentant l’état du port de pêche existant, Cyrus Ngo’o, a regretté que le terminal de pêche du port de Douala-Bonabéri soit dans un état de délabrement total de ses installations frigorifiques de produits halieutiques en raison du vieillissement et d’un arrêt prolongé à l’investissement dans la plateforme.
Selon lui, « la plupart des infrastructures et superstructures du port de pêche actuel datent de l’époque coloniale et n’ont subi aucune réhabilitation depuis leur construction, et sont pratiquement toutes hors service« .
Le patron du PAD a déclaré à la suite de cela, « le port de pêche fonctionne actuellement au pied des normes et standards requis pour le fonctionnement d’une telle plate-forme« .
La situation, a insisté Cyrus Ngo’o, « a des effets négatifs susceptibles de compromettre l’attractivité et la compétitivité du Port de Douala-Bonabéri« .
L’état du port de pêche, a-t-il ajouté, a également « un impact négatif sur le commerce des produits halieutiques au Cameroun », rendant « l’économie presque totalement dépendante des produits importés, et rendant difficile le contrôle de la qualité et du coût de ces produits sur le marché« .
Cyrus Ngo’o a également regretté que malgré les nombreuses mesures prises par le gouvernement au fil des années, notamment en matière de défiscalisation des poissons importés au Cameroun et d’incitations à l’investissement dans le secteur aquacole et la chaîne de valeur aquacole, pour assurer l’accès des ménages à des produits halieutiques de qualité, en quantité suffisante et à des prix réduits, ces objectifs sont malheureusement encore loin d’être atteints.
« Selon les statistiques officielles, la production actuelle de poisson n’est toujours pas en mesure de répondre à la demande nationale en protéines de poisson, malgré l’accélération du rythme des importations nationales de poisson congelé, d’une valeur d’environ 100 milliards de francs CFA par an« , a noté Cyrus Ngo’o.
Selon lui, le développement des infrastructures et superstructures du port de pêche, actuellement en mauvais état, vise à protéger le marché national d’une dépendance totale aux importations de produits halieutiques, et à contribuer à la lutte contre l’insécurité alimentaire au Cameroun qui apparaît inéluctable en raison des diverses crises qui ont marqué le contexte mondial.
Cyrus Ngo’o a indiqué que c’est dans ce contexte, et compte tenu de la politique de développement du Cameroun orientée vers la transformation structurelle de l’économie nationale, avec un accent particulier sur l’approche de substitution aux importations, que la « vision originale du port de pêche de Douala doit être être restauré, le positionnant comme une infrastructure majeure soutenant l’approvisionnement du marché national en produits halieutiques de qualité à un coût raisonnable ».
Zoom sur le plan d’investissement
L’accord, il faut le dire, porte sur une période de cinq ans. Il comprend la conception qui devrait prendre deux ans et la construction sur trois ans.
L’opération, précise l’accord, couvrira une période de 25 ans avec une mise en service du projet prévue entre 2028-2029.
Conformément à l’accord, les installations logistiques, les infrastructures et la superstructure du sous-groupe seront déployées sur deux sites (Nord et Sud), séparés par un plan d’eau et une bande à quai couvrant une surface totale de 30 009 m².
La phase 1 du projet couvrira la zone Sud du terminal où une plateforme frigorifique ultramoderne polyvalente comprenant des chambres froides d’une surface de 2 908 m² d’une capacité théorique de 21 810 m3 et des entrepôts frigorifiques d’une surface de 7 500 m² d’une capacité théorique de stockage frigorifique de 56 250 m3 ainsi qu’un nouveau quai de 100 m de long et 26 m de large avec un tirant d’eau de 5,5 m et une aire de stockage pour 100 conteneurs de 40 pieds seront érigés.
La phase 2 concernera la zone Nord du terminal qui comprendra une usine de tri-transformation-conditionnement des produits de la pêche d’une capacité de 350 tonnes/jour ; un bâtiment administratif R+5 ; un plan glace 300 tonnes/jour ; une usine de fabrication de farine de poisson; salles de vente.
La mise en place d’une ferme marine et l’acquisition de chalutiers pélagiques et crevettiers font également partie intégrante du plan d’investissement du partenaire dans le projet de modernisation.
Avantages financiers du projet
Le montage financier du projet, tel que défini dans la convention, comprend des coûts d’investissement de 131,2 milliards de FCFA hors taxes.
L’accord précise également que le financement est entièrement assuré par le promoteur, sans aval ni garantie du PAD ou de l’État du Cameroun.
Le taux de rentabilité interne (TRI) du projet est estimé à 15,7% sur 25 ans tandis que les redevances totales pour le PAD sont estimées à 364,6 milliards de FCFA.
Le promoteur du projet est estimé à réaliser un bénéfice net de 761,3 milliards sur 25 ans, tandis que le total des impôts générés par le projet est estimé à 375 milliards sur 25 ans.
Les détails de l’accord indiquent également que le projet générera un total de 739,6 milliards sur 25 ans pour les recettes de l’État.
Impact social du projet
Le projet, aux termes de la convention, devrait créer 600 emplois directs et 1 500 emplois indirects ainsi que favoriser la formation et l’insertion professionnelle des jeunes diplômés et apprentis camerounais, conformément à la politique gouvernementale de promotion de l’emploi, de l’insertion sociale et professionnelle. .
Le Partenaire s’engage à mettre en place une démarche visant à former et intégrer les jeunes diplômés camerounais dans son effectif.