La récente augmentation du coût d’obtention d’une carte nationale d’identité au Cameroun suscite une vive opposition parmi les citoyens, avec des critiques émanant notamment de l’avocat anticorruption et ancien candidat à la présidence, Me Akere Muna.
Akere Muna argue que cette nouvelle mesure affecte de manière disproportionnée les plus démunis, aggravant leurs difficultés financières en des temps économiques déjà difficiles.
Le gouvernement camerounais a récemment augmenté le coût du timbre fiscal nécessaire pour les cartes d’identité nationales de 2 800 FCFA à 10 000 FCFA.
Lorsqu’on inclut les autres documents nécessaires tels que le certificat de nationalité et les timbres fiscaux, le coût total peut atteindre 15 000 FCFA, soit plus de la moitié du salaire minimum du pays.
Akere Muna, leader du Mouvement Maintenant dédié à la lutte contre la corruption au Cameroun, a exprimé son inquiétude quant aux implications négatives de cette augmentation.
« En augmentant le coût du timbre fiscal sur la carte d’identité à 10 000 FCFA, nous poussons certains citoyens pauvres à commettre une infraction. C’est une mesure qui pénalise les pauvres« , a-t-il déclaré.
Selon la loi camerounaise (Loi n° 90/042 du 19 décembre 1990, Article 5), l’absence de présentation d’une carte d’identité valide est considérée comme une infraction, rendant obligatoire la possession d’une carte pour tous les citoyens.
Muna a suggéré une alternative de revenus pour le gouvernement, pointant du doigt Glencore, une société multinationale de négoce de matières premières et d’exploitation minière qui a admis avoir soudoyé des responsables à la SONARA (Société Nationale de Raffinage) et à la SNH (Société Nationale des Hydrocarbures).
« Même si le gouvernement avait besoin d’argent, il pourrait le collecter auprès de Glencore, qui a corrompu les Camerounais travaillant à la Sonara et à la SNH« , a-t-il ajouté.
Calculant l’impact financier de la nouvelle mesure, Muna a expliqué : « Si l’on considère les autres documents requis, un certificat de nationalité, une copie certifiée de votre acte de naissance et d’autres dépenses incidentes, on dépasse largement les 10 000 FCFA. »
« Cette augmentation des coûts des cartes d’identité suit une tendance de mesures similaires prises par le gouvernement, comme le récent partenariat entre la Délégation Nationale à la Sécurité Nationale et une entreprise allemande pour produire des cartes d’identité en 48 heures« , a-t-il souligné.
Malgré ces mesures, y compris une taxe sur les services d’argent mobile et des augmentations des frais de passeport et de carte d’identité, le gouvernement camerounais reste lourdement endetté et continue d’emprunter de l’argent auprès de la Banque mondiale, du FMI, de la Chine et d’autres organismes pour financer des projets vitaux.
Cette situation a entraîné une vague de mécontentement public et des questions sur l’allocation de ces fonds. De nombreux citoyens demandent davantage de transparence et de responsabilité, s’interrogeant sur l’utilisation des fonds générés par ces augmentations de frais.
Muna a conclu ses critiques en reprenant une citation du Pape François : « Comme l’a dit le Pape, on juge un pays par la manière dont il traite ses plus pauvres. »