Au-delà de l’ignorance ou du manque de motivation des populations, l’absence de centres d’état civil est également pointée du doigt dans cette partie du pays.
Un chiffre : 378 762. C’est le nombre d’élèves qui n’ont pas pu affronter les épreuves du Certificat d’études primaires (CEP) pour le compte de l’année scolaire 2019/2020 dans l’Ex-trême-Nord. Pour cause, absence d’acte de naissance. Dans cette région particulièrement, « ce document est un véritable serpent de mer », laisse entendre une autorité. « Au-delà des multiples sensibilisations faites par l’Etat, ses partenaires et bien d’autres organisations, rien ne change. Chaque année, c’est la même situation » poursuit-elle. Le constat est fait lorsque les enfants arrivent en fin de cycle primaire. Mais il faut s’intéresser à tous ceux qui ne vont pas à l’école ou qui sont encore dans les classes inférieures, la situation est plus grave.
Selon Tombalbaye Japonais Fils, chef d’agence Bunec de l’Extrême-Nord, cette situation est causée par deux facteurs. Le premier est lié à l’offre de service. La région souffre de la faible couverture èn centres d’état civil. Cette offre est caractérisée par un personnel qui a un niveau d’instruction relativement très faible. Ce qui a favorisé les réseaux de faux documents dans les centres d’état ci vil et tout ce ‘qui peut en découler. L’autre situation est liée à la demande de service d’état civil qui est véritablement très faible. Pourtant sur le terrain ce n’est pas la sensibilisation qui manque.
A la question de savoir pourquoi les enfants n’ont pas d’actes de naissance avant l’inscription à l’école, certains parents indexent les officiers et secrétaires des centres d’état civil d’une part. Et d’autre part, plusieurs parents ne trouvent pas la nécessité de se rendre dans un centre d’état civil. « Il y a des gens qui ne savent pas que l’acte de naissance est un document important. Ils ne savent pas à quoi cela pourra leur servir. C’est une grande erreur malheureusement », constate Ab-doul Karim, habitant de Ma-roua.
Le problème des officiers et secrétaires d’état civil est la « rémunération », renseigne Hammadou Ousman, officier d’état civil à Guinglaye vers Bogo. «’La loi dit que les fonctions de secrétaire d’état civil secondaire sont gratuites. Le personnel bénéficie d’une indemnisation de 100 F par acte produit. Montant qui leur est versé trimestriellement après un état fait par le sous-préfet puis transmis au préfet et au contrôleur financier », souligne le chef d’agence Bunec de l’Extrême-Nord. D’où la responsabilité des autorités administratives. « Lorsque nous rencontrons ces personnels d’état civil, ils disent qu’il y a longtemps ils percevaient cet argent, mais depuis quelques années, il n’y a plus rien », poursuit-il. Une situation qui a amené plusieurs à faire payer le service aux usagers. Tout compte fait, le délit qui revient le plus est la corruption. « Quand vous allez dans les centres d’état civil demander un service, tant que vous ne donnez pas l’argent, vous n’aurez pas satisfaction, pourtant sur leurs murs, il est affiché : « Le service public est gratuit », s’indigne Hamza, un parent rencontré à Maroua.