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Exposition sur les titres publics, risques de taux… : ces facteurs qui rendent vulnérable le système bancaire en zone Cemac

Les successions de faillites bancaires enregistrées au début de l’année 2023 aux États-Unis n’aura pas eu d’effet systémique sur les marchés financiers mondiaux et particulièrement africains, tel que prédit par certains experts. Il n’en demeure pas moins que la situation de plusieurs banques dans la zone CEMAC (Cameroun, Gabon, Congo, Tchad, RCA, Guinée Équatoriale) pourrait à terme et à certains égards présenter un profil similaire à celui ayant prévalu à la Sillicon Valley Bank (SVB).

C’est le constat dressé par la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) dans la dernière édition de son Bulletin Économique et Statistique(BES), une publication de la Banque centrale qui examine la situation économique et financière de la sous-région et dresse des perspectives.

Forte exposition sur les titres étatiques

Selon les chercheurs de la BEAC, plusieurs facteurs rendent aujourd’hui vulnérable le système bancaire sous régional. Le premier est la trop forte exposition des banques sur les titres souverains émis sur le marché monétaire de la BEAC. « Depuis le lancement du marché des titres publics en 2011, et sa redynamisation à partir de 2017, il a été observé une augmentation sensible de l’exposition des banques domestiques sur les titres publics » souligne l’institution.

En effet, à fin janvier 2023, l’encours de dettes sur ce marché, exclusivement dédié aux États, est ressorti à plus de 5300 milliards de FCFA en hausse de 13% en glissement annuel. Cette hausse, qui témoigne d’une demande plus accrue des ressources en monnaie locale par les États, est essentiellement soutenu par les banques qui concentrent environ 80% de l’encours.

Selon le BES, les titres ne pèsent que 20% sur le bilan des banques ce qui semble voiler de fortes expositions individuelles. « Ce niveau moyen, a priori faible, pourrait néanmoins masquer un risque de concentration du portefeuille de certaines banques en lien avec leur détention des titres publics émis dans les Etats de la Sous-région ».

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En clair, en cas de défaut sur ce marché, le système bancaire ne s’effondrerait certes pas, mais plusieurs établissements se retrouveraient en difficulté compte tenu de leur forte corrélation sur certains États. Cette hypothèse se renforce davantage au vue de l’appétit des pays de la sous-région sur le marché domestique de la dette et de l’absence d’un marché secondaire dynamique.

A moyen terme, la capacité des SVT à soutenir cette dynamique pourrait se buter aux contraintes prudentielles visant à préserver le secteur bancaire en contenant son exposition aux risques souverains dans les limites acceptables. Ce qui suppose que dans la dynamique actuelle et si les conditions ne changent pas, il sera difficile pour les Etats de mobiliser la totalité des financements sur ce marché.

Risque de taux

L’autre vulnérabilité identifiée par les chercheurs de la Banque centrale est celle du risque des taux. En effet, depuis le quatrième trimestre de l’année 2021, le Comité de Politique Monétaire (CPM) de la BEAC a procédé à plusieurs relèvements de ses taux directeurs à l’effet de contenir les pressions inflationnistes de plus en plus persistantes.

Cette orientation de la politique monétaire a provoqué comme incidence un renchérissement des taux d’intérêts sur le marché monétaire. Ainsi, même pour les banques qui se financent avec les dépôts de leur clientèle, il est n’est pas à exclure que l’augmentation du TIAO pousse à la hausse leurs taux créditeurs (taux de rémunération des déposants), et partant, ceux de l’ensemble du système bancaire.

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« Dès lors, il est indéniable que les banques dans la CEMAC pourraient être à terme exposées au risque de taux d’intérêt sur ces actifs, les titres publics, avec un impact potentiellement négatif sur leur rentabilité en liaison avec le développement de la corrélation négative entre la valeur des titres et les taux d’intérêt », soulignent les experts de la BEAC.

Comme pour les titres publics aux USA, sur lesquels SVB avait fortement souscrit, la BEAC redoute qu’une hausse des coûts pourrait également provoquer une chute de la valeur des obligations en circulation, provoquant des pertes latentes pour les détenteurs(banques). En effet, lorsque les taux d’intérêt augmentent, les investisseurs cèdent leurs « anciennes » obligations pour en acquérir de nouvelles plus intéressantes, ce qui provoque une baisse du cours des premières.

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