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Cameroun Actuel

Exhortation aux Chefs d’Etats de la Cemac à adopter le principe d’une monnaie Cemac,annonciatricedesmonnaiesCeacetafricaine

Ô Vous, Chefs des États du Gabon, de Guinée Équatoriale, du Congo, du Tchad, du Cameroun, de République Centrafricaine qui vous réunissez ce jour à Yaoundé pour trouver des solutions aux maux qui taraudent notre région, prêtez oreille à mon exhortation à libérer nos peuples des chaînes de la servitude monétaire coloniale du Franc Cfa.

Depuis quelques années, les principes et les modalités de fonctionnement de la Zone Franc sont largement critiqués. Pour certains, la Zone Franc serait un système monétaire asymétrique et ses mécanismes de fonctionnement constitueraient, avec le Consensus de Washington, l’une des contraintes extérieures imposées par la normativité orthodoxe et la pensée unique du développement que doivent gérer les décideurs francophones pour se maintenir au pouvoir.

Face à ces critiques acerbes au demeurant fondées, vous devrez apporter des recommandations afin de faire évoluer le cadre de coopération monétaire avec la France. Cela concerne notamment le choix du régi- me de change adéquat du franc Cfa, la question du rattachement du franc Cfa avec l’Euro ou à plusieurs devises, la gestion des réserves extérieures eu égard au problème de l’hétérogénéité des situations nationales et la discipline macroéconomique.

Le franc CFA, un vestige du pou- voir colonial ?

La Zone Franc apparaît pendant la Seconde Guerre Mondiale. Sa monnaie est le franc Cfa signifiant « franc des Colonies Françaises d’Afrique ». Il est né le 26 Décembre 1945, le jour où la France ratifie les accords de Breton Woods et procédé à sa première déclaration de parité au Fonds Monétaire International.

Cette devise représente deux monnaies appartenant à quatorze États africains constitués de deux zones, d’ une part la Cemac en Afrique Centrale représenté par la Banque des États de l’Afrique Centrale, Beac, d’ autre part l’Uemoa en Afrique de l’Ouest dont l’institut d’émission est la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest, Bceao.

Depuis 1948, le Cfa bénéficie de la libre convertibilité. En compensation, la Banque de France s’octroie le droit de surveiller les politiques monétaires de la Bceao et de la Beac. Celle-ci s’engage aussi à leur fournir des devises si elles épuisent leurs réserves de change auprès du Trésor Français qui détient un compte d’opération au nom de chacune des Banques de la zone Franc.

Une monnaie coloniale qui empêche le développement

En vérité, l’idéologie derrière le Cfa est de priver les pays de la zone Franc d’un réel pouvoir monétaire synonyme d’une réelle indépendance. C’est la raison pour laquelle aujourd’hui il est impératif de sortir l’Afrique de ce que le Pr Tchuidjang Pouemi de regrettée mémoire a désigné « la servitude monétaire ». Tant du point de

vue des observations empiriques que de l’analyse, il apparaît que la poli- tique monétaire du Cfa sert principalement les intérêts européens et qu’elle est l’un des principaux outils par lesquels la France continue d’exercer sa tutelle sur les politiques économiques des pays de son pré carré africain, toute chose qui, associé à la mauvaise gouvernance, constitue un réel frein à leur développement économique et social.

En effet, nul part ailleurs ou dans l’histoire économique, on a vu un pays se développer avec une monnaie se développer avec une monnaie contrôlée par un autre pays comme c’est le cas du franc Cfa. Les spécialistes en la matière concluent que la mainmise de la France sur le franc Cfa est une confis- cation de la souveraineté des pays africains.

Le facteur aggravant est l’obligation des pays de la zone Franc de déposer 50% de leurs réserves de change auprès du Trésor Français, ce qui constitue un handicap pour eux. Cela signifie que les instituts d’émission de la zone franche doivent négliger les besoins de financement pour développer les économies en construction de leurs pays pour se conformer plutôt aux politiques du Trésor Français. Une monnaie nouvelle gage de notre émancipation économique et porte-étendard de notre souveraineté.

Si la zone Uemoa a semblé ces temps derniers prendre une avance sur la voie de l’émancipation monétaire par rapport à la zone Cemac, les obstacles ayant jalonné un processus entamé tambour battant permettent d’identifier les modalités et les domaines essentielles d’une mutation devenue désormais nécessaire et urgente à un décollage effectif du développement de nos pays dont le démantèlement et la fin du système Cfa sont une dimension essentielle. Le processus porte sur des réponses aux questions et problèmes ci- après :

– l’adoption d’une nouvelle dénomination qui sera le symbole de la souveraineté et devra être un jalon sur les principaux chantiers monétaires pan- africains que seront la Banque Centrale Africaine et le Fonds Monétaire Africain;

– le régime de change et de parité ainsi que la position de notre monnaie par rapport aux mutations des grandes unités de compte: Dollars, Dts, ECU, Rouble, Yuan, Yen.

– la gestion des réserves,

– l’adoption des innovations en matière monétaire.

Nous esquissons quelques pistes de réflexion sur certains de ces domaines qui requerreront chacun une réflexion approfondie.

La question de la parité et du taux de change

Une fois réglée la question de dénomination de la nouvelle monnaie, il est impératif de se sortir du bagne de la parité fixe dans lequel le système du franc CFA a embrigadé nos économies. La parité fixe avec l’Euro inflige à nos pays la double sanction de ne pas tirer avantage de la compétitivité de nos économies mais aussi de supporter l’incidence de la surévaluation de l’Euro au regard de robustesse de l’économie européenne. Le choix d’une parité flexible permettra à nos pays de tirer avantage de nos avantages comparatifs qui favoriseraient la compétitivité de nos produits pour soutenir l’activité et la croissance.

Ainsi l’ajustement monétaire se fait en temps réel et de manière lissée sans attendre les à-coups des dévaluations.

S’agissant du régime de change, la valeur de notre monnaie sera adossée sur un panier des devises de nos dix premiers partenaires commerciaux, le poids relatif de chacune de ces devises étant défini selon une péréquation en fonction de la proportion en valeur de nos échanges avec chacun des pays concernés. Le taux de

change de notre monnaie se fera donc de manière bijective et directe avec la monnaie de chaque pays et non plus comme c’est le cas à l’heure actuelle par le truchement d’une seule monnaie.

La question des réserves de change

L’une des premières décisions à prendre doit être de rapatrier au niveau de notre Banque Centrale les réserves de change détenues dans le compte d’opération du Trésor Français. Ill sera ainsi institué un nouveau système de facturation de nos exportations tel que le règlement se fasse à 50% en devise du pays du client et 50% en notre monnaie. Par ce mécanisme, la demande de notre devise en soutient la parité et les devises collectées nous permettent de disposer de réserves devant être utilisées pour régler nos achats en provenance du pays du client.

Le développement des innovations monétaires

Les monnaies complementaires comptent dans leur famille la monnaie binaire, la cryptomonnaie, la monnaie électronique. Leur potentiel repose sur la territorialisation, la dynamisation et la transformation des transactions du fait de la montée en puissance de l’économie sociale et solidaire qui se traduit par un besoin de diversification de formes monétaires, papier, électronique, métaux pré- cieux, etc…

Le remous occasionnés à la suite de l’adoption d’une cryptimonnaie par la République de Centrafrique illustre bien que si les monnaies complémentaires suscitent intérêt et curiosité, on constate certaines frilosités à leur utilisation et leur déploiement parce qu’elles impliquent une posture en rupture avec les usages supposant une transformation des pratiques individuelles et collectives.

L’intérêt des monnaies convertibles étant de faire circuler la monnaie entre prestataires, il faut pouvoir diversifier la forme monétaire en permettant de régler les transaction sur un mode scriptural, en mobilisant un compte bancaire si une banque a créé les comptes correspondant en monnaie complémentaire, par virement ou via des portables à travers des paiements par SMS (cas du Bristol pound en Grande Bretagne).

Le développement des monnaies complémentaires requerra l’implication outre les collectivités territoriales qui pourront accepter le paiement des services publics en de monnaie complémentaire, mais aussi les pouvoirs publics qui peuvent traiter les com- mandes publiques en monnaie complémentaire.

Le parachèvement de la souveraineté des États de la sous-région pose l’impératif de l’indépendance monétaire. Aux Pères Fondateurs le mérite d’avoir érigé nos territoires en État reconnus par la Communauté Internationale. A Vous messieurs les Chefs d’ État de parache- ver leur œuvre en permettant à notre région d’accéder à l’ultime indépen- dance : l » indépendance monétaire.

Sa Majesté Célestin BEDZIGUI
Homme Politique

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