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Dr Alexis Armélien Gasisou : « au Cameroun, il faut une réécriture de notre histoire »

L’enseignant d’Histoire à l’ENS de l’Université de Yaoundé I revient sur les monuments et places publiques qui portent des noms de colons.

Le débat est-il pertinent ?

Nous pensons que c’est un débat qui tient lieu d’être, car ne pas en parier c’est reconnaître ou accepter que l’Afrique soit un continent sans histoire. Longtemps, ce continent a connu une histoire relatée de l’extérieur. Il faut bien que la postérité connaisse son histoire, la véritable histoire. Les monuments rentrent dans l’ordre de ce qu’on appelle le patrimoine culturel matériel. Ce sont des lieux de mémoires. Vous imaginez la portée de ce que cela peut représenter sur la longue durée ?

Six décennies après les indépendances, devrait-on encore en débattre ?

L’Afrique se trouve dans un cycle de grande dépendance qui a un impact sur son développement. Après la colonisation, le néocolonialisme a pris corps et n’a pas donné l’impression que nous vivons la plénitude de cette indépendance. Aujourd’hui , l’on peut penser que les Africains ont pris conscience du retard qu’ils ont à travers la main tendue et le fait de vouloir vivre sous le modèle calqué de l’Europe. L’histoire de l’Afrique se trouve sur tous les plans. Au plan socioculturel, l’intérêt de ce débat intervient au niveau de la construction d’une véritable identité des peuples africains jadis considérés comme des peuples ahistoriques. Par ailleurs, l’intérêt se trouve dans la réécriture de l’histoire et la transmission des savoirs et savoir-faire à la postérité.

N’est-ce pas une négation de notre histoire que de déboulonner ces monuments et débaptiser ces places publiques?

Le véritable problème n’est pas de trouver de nouveaux noms à ces lieux car la liberté dont il est question se trouve ailleurs. Le risque de le faire est de créer une histoire partisane et non objective si l’on s’en tient à la multiplicité des groupes ethniques. Le plus important réside dans la réécriture de l’histoire comme nous l’avons dit plus haut, tout en sachant que l’histoire n’est pas cette définition erronée qui se limite à dire : « qu’elle est la connaissance du passé basée sur les écrits depuis l’invention de l’écriture jusqu’à nos jours ».

L’histoire c’est les faits et événements qui ont marqué chaque espace. Heureusement qu’au Cameroun, la Société Camerounaise d’histoire s’y penche avec l’appui des responsables étatiques pour que lumière soit faite sur notre histoire. Une fois que ce travail est fait, l’on pourra identifier à ce moment ce qu’on appelle les « grandes figures de l’histoire du Cameroun” afin que nos rues et places publiques soient rebaptisées.

Faut-il construire des monuments pour nos héros nationaux ?

Comme je l’ai dit pour ce qui concerne la question précédente, tout réside dans l’objectivité de ce qu’il faut mettre comme nouveauté. Pour ma part, c’est un travail de longue haleine où tout le monde doit s’y mettre. Il faudra à cet effet faciliter la tâche à tous les chercheurs qui se pencheront dans tous les domaines pour la réécriture de l’histoire. Ça prendra certes du temps, mais c’est possible. Car on ne saurait balayer d’un revers l’histoire qui nous a précédés.

Source: Le Jour

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