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Crise interne au RDPC : dissensions, démissions et actions en justice secouent le parti

Le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), dont le symbole est la flamme, est en proie à des flammes ; des feux d’artifice opposent certains barons du parti, ce qui affecte le soutien populaire alors qu’il se prépare à l’élection présidentielle décisive de cette année.

Le parti au pouvoir a été durement touché par la démission d’un ancien ministre et l’annulation d’une action de mobilisation en faveur de Paul Biya. Le RDPC est également poursuivi en justice pour non-respect de ses textes fondamentaux.

Si certains se réjouissent des récentes nominations au Comité central du RDPC, le parti au pouvoir, des voix discordantes se font entendre ailleurs.

La première fissure se situe dans la région de l’Est, où le ministre de la Fonction publique et de la Réforme administrative, Joseph Le, a été nommé chef de la délégation régionale permanente du RDPC.

Quelques jours après cette nomination, Michel Ange Angouing, successeur de Joseph Le au poste de ministre de la Fonction publique et de la Réforme administrative, a démissionné de son poste de chef de la délégation départementale permanente du RDPC pour le département du Haut-Nyong, dans la région de l’Est.

Angouing, haut fonctionnaire au ministère de la Justice, a écrit le 12 avril 2025 au ministre Joseph Le qu’il souhaitait être remplacé à la tête du RDPC dans le département du Haut-Nyong.

Il a également déclaré qu’il ne participerait pas au retour de Le, qui célébrait sa nomination au Comité central et à la tête de la délégation permanente de la région Est.

Dans une note qui lui est attribuée, Angouing a également détaillé sa détermination à s’engager en politique sans chicanes, avant de rappeler à Le la lourde tâche qui l’attendait.

L’article attribué à Angouing contenait également des insinuations sur la politique, la sorcellerie et les coups bas, insistant sur le fait que tout au long de sa carrière, il a fait de la politique en pleine lumière et non dans l’ombre.

Un parti désavoue la mobilisation de 100 000 jeunes pour Paul Biya

Avant la démission du Haut-Nyong, des tensions avaient également régné dans la région de l’Extrême-Nord, concernant la mobilisation de 100 000 jeunes pour soutenir le président Paul Biya et briguer un nouveau mandat. Mais le parti a désavoué cette initiative suite aux critiques.

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L’initiative était portée par le directeur de cabinet du président de l’Assemblée nationale, Elhadj Boukar Abdourahim Aziz.

Étiqueté : « 100 000 jeunes unis derrière le président Paul Biya en 2025 », ce mouvement a rencontré la résistance de certains autochtones de la région de l’Extrême-Nord, qui s’inquiétaient des promesses non tenues de Paul Biya à la population de la région.

Hamadou Bachirou, chef d’un groupe de critiques, s’est prononcé fermement contre cette initiative et a publié une déclaration. Au nom des jeunes de la région de l’Extrême-Nord, Bachirou a dénoncé la « manipulation politique » des jeunes, insistant sur le fait qu’ils méritent mieux.

Il a déploré le manque de vie décente, d’éducation de qualité et d’opportunités durables pour la jeunesse de la région de l’Extrême-Nord, en particulier pour les jeunes.

Selon lui : « Au lieu d’appeler 100 000 jeunes à scander des slogans politiques, pourquoi ne pas lancer l’opération « 10 000 microprojets pour les jeunes » ou l’opération « 100 000 actes de naissance pour les enfants de la région de l’Extrême-Nord » ?

Bachirou, au nom d’autres, s’est également interrogé sur le fait que personne n’ait pris en charge les frais de scolarité des enfants déplacés par les attaques de Boko Haram.

Il a également demandé pourquoi l’élite de la région de l’Extrême-Nord ne pouvait pas lancer une opération visant à offrir 100 000 bancs d’école aux établissements de la circonscription administrative.

Le RDPC joue les Ponts-Pilate et ordonne l’annulation de l’opération

Devant les critiques suscitées par l’opération « 100 000 jeunes pour le rassemblement de Biya », la hiérarchie du RDPC a rapidement publié un communiqué se distanciant de l’initiative.

Le 11 avril 2025, le secrétaire à la communication du parti, le professeur Jacques Fame Ndongo, a déclaré que l’initiative n’avait reçu aucune approbation, ni de la part des organes compétents du parti au niveau régional, ni de la part du Comité central du RDPC.

« Le RDPC réitère clairement que toute mobilisation politique, entreprise en son nom, doit respecter rigoureusement les canaux institutionnels établis et être soumise à la validation préalable des instances compétentes du parti », a écrit Fame Ndongo.

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Dans cette note, il a ordonné à Elhadj Boukar de suspendre immédiatement ladite initiative, insistant sur le fait qu’il ne lui appartenait pas de se lancer dans une telle mobilisation.

Certains affirment que le désaccord entre Elhadj Boukar et Fame Ndongo illustre une fois de plus le caractère fractionnel du RDPC.

Le RDPC, maître mordeur

Pendant ce temps, le RDPC se bat également contre lui-même devant le tribunal de première instance du Mfoundi, à Yaoundé, département du Mfoundi, région du Centre.

Le parti a été traîné en justice par un conseiller du RDPC à Monatélé, département de la Léké, Léon Theiller Onana, qui soutient que le mandat de Paul Biya à la présidence nationale du RDPC a expiré depuis décembre 2021.

Il arguerait également que le dernier congrès du parti, censé être organisé tous les cinq ans, remonte à 2011.

Onana insiste sur la nécessité d’un congrès pour renouveler la direction du RDPC sous Paul Biya ou permettre l’élection d’un autre président national. L’affaire a déjà été entendue une fois, la deuxième audience étant prévue pour le jeudi 17 avril 2025.

Le secrétaire général du RDPC, Jean Nkuete, avait récemment annoncé, lors d’une interview à l’occasion du 40e anniversaire du parti, la tenue d’un congrès en temps voulu, mais jusqu’à présent, aucune nouvelle n’a été donnée à ce sujet.

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