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Cotisations sociales : les mauvais payeurs privés de passeport au Cameroun

Désormais, au Cameroun, les mauvais payeurs de cotisations sociales ne pourront plus voyager en toute quiétude.

La Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS) et la Délégation générale à la Sûreté nationale (DGSN) ont scellé, mercredi à Yaoundé, un accord inédit pour renforcer la traque des employeurs défaillants.

Concrètement, toute entreprise redevable envers la CNPS pourrait se voir refuser un passeport ou une sortie du territoire, sauf présentation d’une attestation de conformité sociale. Une mesure forte qui entend protéger les droits des travailleurs tout en envoyant un signal clair : la fraude sociale n’aura plus de passe-droit.

Ce partenariat, salué par certains comme une avancée majeure pour la protection sociale, soulève toutefois des interrogations sur ses implications pratiques et juridiques. Si le directeur général de la CNPS, Noël Alain Mekulu Mvondo Akame, se félicite de « l’interconnexion digitale » qui permettra à la police de vérifier en temps réel la situation de tout employeur, des observateurs redoutent un dispositif potentiellement liberticide.

En liant directement les droits civils à la régularité des cotisations, l’État risque d’ouvrir la voie à des abus administratifs ou à des erreurs coûteuses pour les entreprises en règle.

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Sur le fond, cette initiative s’inscrit dans une stratégie plus large de lutte contre la fraude sociale et l’incivisme économique, fléaux qui plombent la viabilité du système de prévoyance. Chaque année, plusieurs milliards de francs CFA échappent aux caisses publiques du fait de la dissimulation de salariés ou du non-versement des cotisations.

Le nouveau dispositif prévoit également un suivi renforcé des plaintes, une diligence accrue des procédures judiciaires et une coopération plus étroite avec les services de renseignement. Les employeurs étrangers, souvent accusés de se soustraire à leurs obligations, seront eux aussi dans le viseur.

Si la CNPS mise sur la dissuasion pour rétablir la discipline contributive, le succès de cette mesure dépendra de son application équitable et transparente. Car dans un contexte post-électoral tendu et marqué par la méfiance envers les institutions, la frontière entre justice sociale et répression administrative demeure fragile.

Ce partenariat ambitieux pourrait bien devenir un modèle de rigueur ou, au contraire, un nouveau symbole de la bureaucratie punitive à l’africaine : tout dépendra de la volonté politique qui l’accompagnera.

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