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Cemac : de nouveaux visages à la tête des institutions communautaires

Il n’y a pas d’annonce forte au sortir de la 15e session ordinaire de la conférence des Chefs d’États de la CEMAC (Paul Biya du Cameroun, Faustin Archange Touadera de RCA, Denis Sassou Nguesso du Congo, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo de Guinée Equatoriale, Mahamat Deby Itno du Tchad, et Ali Bongo du Gabon), du moins si on s’en tient au communiqué final lu par le président sortant de la Commission le Pr Daniel Ona Ondo et le discours de clôture de Paul Biya.

Pourtant, les sujets au menu des échanges entre les six chefs d’Etats de la région avait de quoi faire saliver : réforme du FCFA, cryptomonnaies, riposte communautaire au chocs économiques mondiaux, libre circulation, nouveaux dirigeants à la tête des institutions communautaires… Sur ce dernier point, mis à part le passage de témoin de la présidence de la CEMAC de Paul Biya à son homologue centrafricain Faustin Archange Touadéra, aucune autre nomination n’a fait l’objet d’une communication publique.

Mais les informations de EcoMatin recueillis auprès de sources crédibles confirment la nomination de Baltasar Engonga Edjo au poste de Président en exercice de la Commission de la CEMAC. L’Équato-guinéen a été proposé par son pays, à qui le poste revenait de droit conformément au principe de rotation des dirigeants communautaires par ordre alphabétique institué en 2010 sur les cendres du consensus de Fort-Lamy.

L’ancien Ministre d’État équato-guinéen chargé de l’Intégration régionale n’arrive pas en terrain inconnu lui qui, ces dernières années, a été le principal interlocuteur de son pays auprès des chefs d’État de la sous-région. Pour l’accompagner dans sa tâche, Charles Assamba Ongodo a été nommé Vice-Président.

Le camerounais était jusqu’alors directeur de la coopération avec les pays émergents, au ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire(Minepat). Il remplace la Tchadienne Fatima Haram Acyl.

Autre camerounais promu, c’est Jacqueline Adiaba qui a été portée à la tête de la Commission de surveillance du Marché financier d’Afrique centrale(Cosumaf) le régulateur du marché financier dans la CEMAC. Cette banquière en service au sein de cette institution depuis 2018 a occupé la tête de la Direction des marchés de l’ex Douala Stock Exchange.  Jacqueline Adiaba jouit d’une expérience de plus d’une vingtaine d’années sur les marchés financiers.

À la BEAC, le poste de vice-gouverneur est revenu au congolais Michel Dzombala qui était jusqu’ici Secrétaire général de la Commission bancaire d’Afrique Centrale(COBAC), mais déchargé de cette fonction par son pays. Il remplace Dieudonné Evou Mekou qui a rejoint la présidence de la BDEAC. Michel Dzombala connaît bien l’institution, lui qui y a fait quasiment toute sa carrière.

De chef service Comptabilité et contrôle budgétaire à la BEAC Congo en 1990 à chef de Service de la prévision et du suivi du budget 5 ans plus tard, ce banquier de formation a gravi les échelons pour devenir responsable du secrétariat du Comité de Politique monétaire de la BEAC. En juillet 2017, il prend la tête de la Direction Nationale de la BEAC au Congo avant de devenir 5 ans plus tard, secrétaire général adjoint de la COBAC. A la COBAC, le poste laissé vacant revient à un autre congolais, Marcel Ondele, désigné par Denis Sassou Nguesso.

Réforme du FCFA : on réfléchit encore…

Le 22 novembre 2019, les chefs d’Etat des pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale s’étaient retrouvés à Yaoundé, pour examiner la situation économique et monétaire de cette sous-région. Ce sommet extraordinaire avait pour but, entre autres, de faire le point des programmes économiques et financiers de première génération conclus avec le Fonds monétaire international (FMI), mais surtout, de donner la position de l’Afrique centrale face à la vive polémique imposée dans l’espace public, par des leaders de la société civile et activistes au sujet du FCFA.

« Concernant particulièrement la coopération monétaire avec la France, portant sur le FCFA, ils ont décidé d’engager une réflexion approfondie sur les conditions et le cadre d’une nouvelle coopération. A cet effet, ils ont chargé la Commission de la CEMAC et la BEAC de proposer, dans des délais raisonnables, un schéma approprié, conduisant à l’évolution de la monnaie commune », avaient annoncé les chefs d’Etat de la CEMAC à l’issue de ce sommet ordinaire.

Ce 17 mars, les résultats de cette réflexion ont été présentés aux chefs d’États par Abbas Mahamat  Tolli et Daniel Ona Ondo. « La Conférence a reçu un rapport conjoint du gouverneur de la BEAC et du président de la commission sur la réflexion ouverte sur le cadre et les conditions d’une nouvelle coopération monétaire avec la France » indique le communiqué final qui ajoute que les chefs de l’État ont prescrit au président de la commission, d’élargir la réflexion aux ministres en charge des finances et de l’économie de la région, et de lui remettre des conclusions conjointes « à brève échéancesen planifiant suivant un échéancier précis, les mesures à prendre à court, moyen et long termes ». 

Des sources indiquent que le rapport présenté aux chefs de l’État suggère « la clôture du compte d’opérations dans les banques de France » et le « rapatriement des réserves de change au siège de la Banque Centrale » à l’image de la mutation opérée en zone UEMOA.

Les chefs d’États ont par ailleurs salué la consolidation du volume de réserves de changes de la région en lien avec l’application rigoureuse de la réglementation sur le change. « La conférence s’est réjouie de la consolidation des réserves de changes grâce à l’application effective de la réglementation des changes. Elle a félicité la BEAC et l’a encouragé à poursuivre et renforcer l’application de ladite réglementation à tous les secteurs d’activités notamment aux entreprises des secteurs extractifs en vue de favoriser la consolidation de la position extérieure et les réserves de change de la CEMAC.

À cet égard, la conférence a engagé le gouverneur de la BEAC, le président de la commission, les ministres sectoriels et ceux en charge des finances ainsi que toutes les parties prenantes à poursuivre et conclure les négociations autour du rapatriement des recettes d’exportation. Elle s’est satisfaite de la poursuite par les États des programmes conclues avec le FMI en vue de libérer le potentiel de croissance de la sous-région en créant plus d’espace budgétaire prioritaire » indique le communiqué.

Bitcoin, Sangocoin… 

Près d’un an après l’adoption en République centrafricaine d’une loi qui légalise l’usage des cryptomonnaies, la question a été débattue au cours de la conférence des chefs d’États. Une analyse de la situation et les conséquences des cryptomonnaies sur les économies de la sous-région ont été présentées par le gouverneur de la BEAC. « La conférence a réaffirmé son attachement aux dispositions de l’article 6 de la convention régissant l’Union monétaire de l’Afrique centrale sur le cours légal et pouvoir libératoire de la monnaie de la communauté ».

« Elle a encouragé la COBAC en collaboration avec les autres régulateurs communautaires à poursuivre les réflexions déjà engagées en vue d’élaborer un cadre légal et règlementaire des activités relatives à l’émission et à la gestion des crypto-actifs ainsi qu’à la régulation des fintech et proposer le cas échéant des solutions alternatives crédible ». C’est donc un véritable coup de frein pour le projet centrafricain qui intervient alors que le pays travaille à réformer son texte.

Eco Matin

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