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Cameroun Actuel

Cameroun : tout déconstruire pour tout reconstruire. Et après?

Par Cyrille Sam MBAKA*

Après la CAN, la Coupe d’Afrique des Nations de football qui n’a pas été le triomphe attendu, après les errements et les scandales qui l’ont précédé ou émaillé, après d’autres dévoiements, voici venu le temps des comptes et des mécomptes.

Vous avez été à la table du Maître du temps et des horloges. Vous avez occupé de hautes fonctions. Exercé de grandes responsabilités au sein du gouvernement et dans les administrations de ce pays.

Qu’en avez-vous fait? Quel est votre bilan?

Personne ne pourra se soustraire au droit d’inventaire. Personne.

Avez-vous été dignes de la confiance qui vous a été faite?

Dans votre for intérieur.

Sans vous gargariser. Sans vous obnubiler par votre propre suffisance.

Quelle a été votre contribution? Vos résultats au regard de votre feuille de route?

Quels sont les dossiers que vous avez menés à bien?

Avez-vous été éclaboussé par les scandales qui ont miné et jonché les allées du pouvoir?

Avez-vous été contributeur ou victime collatérale?

Songez que vous êtes avec votre propre conscience.

A l’heure de vous confessez.

Quel regard portez-vous sur vous-mêmes?

Posément.

Scrupuleusement. Courageusement.

Sans fard.

C’est à l’aune de cet examen de conscience et de confiance que vous pourrez soit attendre sereinement la suite. Soit redouter les flammes de l’enfer.

Et vous faire déjà des nœuds à l’estomac et au cerveau.

Craindre le pire. Espérer le meilleur.

Le pouvoir est grisant. Vertigineux. C’est une drogue dure.

Autour de vous, il n’y a que des bénis oui-oui.

Des courbettes et des génuflexions. Des salamalecs.

Comment résister aux attributs du pouvoir?

A l’obséquiosité de ceux qui vous maintiennent sur un piédestal?

Je comprends que la dégringolade puisse être brutale.

Hier vous étiez intouchables.

Désormais, vous êtes réduits à la pitance. Comme des pantins désarticulés. Quel désaveu,

Retour au village ou à l’ombre. A la case départ.

Réduits à maugréer contre votre mauvaise fortune. A geindre sur l’égoïsme des uns. L’avidité des autres.

Obligés de rendre des comptes. Pire.

Etre traduits devant la justice. Descendre de son piédestal. Plus dure sera la chute.

Comme de vulgaires délinquants.

C’est sûr, la dégringolade est vertigineuse.

Un cauchemar éveillé. Les seigneurs d’hier sont

saignés. Et le peuple s’esclaffe. Commente et ricane. Jusqu’à l’ivresse. Jusqu’à l’étourdissement.

C’est le Cameroun qui est désormais suspendu au bon vouloir d’un homme. Le président de la République.

Ce quasi nonagénaire dont la signature peut être la rédemption la résurrection ou le néant. Le paradis ou l’enfer selon vos croyances.

Tout est désormais suspendu à la volonté du Prince.

Au pouvoir d’un homme. D’un seul homme.

Autant son silence peut être assourdissant autant sa main peut être dévastatrice.

Il détient la foudre et le tonnerre.

Il peut briser comme un fétu de paille ceux qui étaient à la tête de ministères régaliens à la tête de ministères régaliens. L’Economie. La Justice. La Santé. La Défense. Et par ricochet le Sport à cause de la CAN.

Comme chez les bookmakers, les spéculations et les paris vont bon train.

Qui sont les sortants?

Y a-t-il un tableau d’honneur? Quels sont les bons élèves du gouvernement?

Qui sont les derniers de cordées ? Ceux qui brassent du vent.

Le compte à rebours a commencé.

D’anciens indéboulonnables ont sans doute déjà fait leur paquetage.

Ou feignent de ne pas voir que les nuages s’amoncellent et que le temps est à l’orage.

Sièges éjectables

Grisés par votre propre suffisance et par les ors de la République vous avez cru être khalifes à la place du Maître.

Vous avez été à sa table.

Avez-vous été à la hauteur de la mission qui vous a été confiée?

Dans votre for intérieur quel est votre bilan au regard des moyens qui vous ont été alloués?

Avez-vous été digne de la mission qui vous a été confiée?

Qu’avez-vous fait pour le renom et pour l’émer

gence du Cameroun?

Quelle a été votre quote-part, votre équation personnelle au regard des avantages retirés?

Responsables hier, vous ne pourrez pas faire l’économie de ce questionnement.

D’autres le feront. A votre place.

Désormais vous êtes pieds et poings liés.

Soumis au regard de vos compatriotes.

Un regard accusateur, critique ou bienveillant.

Les médias sont à l’affût. Les observateurs et les commentateurs attendent l’heure fatidique.

Les plumes seront acérées. Et l’encre rouge sang.

Le linge sale se lave en famille dit-on.

C’est d’une grande lessiveuse dont le Cameroun a besoin. Avec de l’eau de Javel en quantité industrielle.

Il y a eu trop de dévoiements. Trop de scandales. Trop d’errances. Trop de laisser-aller.

Trop de corruption. Trop de trop. Beaucoup trop.

Le corps social est exsangue. Il est à bout de souffle.

Le pays va mal. L’économie est boursouflée de dettes. Ce pays a besoin d’être transfusé. C’est une urgence vitale. Pour éviter l’implosion et les règlements de compte.

Le chaos pourrait être une tentation, une fuite en avant illusoire pour noyer les malversations et les frustrations. Les dérives aussi.

Un remaniement même en très grande profondeur peut-il suffire à sortir ce pays du gouffre?

Que fera-t-on des milliards détournés?

Une Task-Force pour les débusquer et les récupérer pour renflouer les caisses de l’Etat?

Pousser les murs de Kondengui pour lutter contre la surpopulation carcérale des cols blancs et d’anciens haut-fonctionnaires?

Après le déluge, le vertige.

Voici venu le Droit d’inventaire.

*Président de l’AFP L’Alliance des Forces Progressistes.

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