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Cameroun. Histoire et mémoire : vers la reconnaissance des exactions commises par la France durant la période coloniale ?

Cette question était au centre de l’exposé de la troisième thématique cette nuit (26 juillet 2022), laquelle a porté sur l’histoire, la culture et le patrimoine en commun. Exposé, dont les conclusions viennent d’être présentées par Carine et l’artiste-musicien Blick Bassy au village Noah dans l’arrondissement de Yaoundé 1er sis à Étoudi.

Les deux intervenants ont convenu, collégialement, de la nécessité, pour la France, de reconnaître les exactions commises durant la période coloniale, notamment celle relative à l’assassinat des figures historiques de la vie politique, telles que Ruben Um Nyobe, Félix Roland Moumie, etc.

Partant de l’argument selon lequel c’est la parole qui règle les palabres, Blick Bassy exige que les propositions contenues dans cet exposé devraient être respectées au risque d’être frappés par les ancêtres, mieux par les martyrs, dont la vie a été ôtée dans des conditions atroces et déshumanisantes par les colons français.

L’artiste fait référence à l’ancien Secrétaire général de l’Union des populations du Cameroun(Upc), R. Um Nyobe, Rudolph Douala Manga Bell, Abel Kingue, Ossende Afana, Ernest Ouandie, etc. B. Bassy propose, dans l’optique du règlement des traumatismes vécus par le passé, la construction des œuvres d’art dédiées à ces symboles historiques du nationalisme ayant lutté pour les indépendances.

S’inspirant de l’histoire de la décolonisation et des indépendances du Cameroun, Carine et Blick ont tablé, de fond en comble, sur la création d’une commission pluridisciplinaire constituée de plusieurs scientifiques devant travailler à l’identification des archives, au répertoire des lieux de mémoires y compris des lieux de répression et d’exécution des martyrs.

Il est aussi question, dans les prochains jours, d’organiser la collaboration franco-camerounaise en termes de recherches scientifiques et de créer des programmes de recherche conjoints pour contribuer à la mutualisation des compétences. S’assurer de l’accessibilité aux archives et les ouvrir aux chercheurs qui vont faire un travail heuristique et scientifique participent aussi des idées-forces à mettre à exécution dans un proche avenir.

Toutes ces propositions et recommandations doivent être partagées avec l’État du Cameroun, qui doit se charger de veiller à leur mise en application. « Aussi ces propositions et recommandations devraient-elles, ajoute B.Bassy, déboucher sur l’intégration du récit de la trajectoire socio-historique et politique de ces figures de la lutte pour l’indépendance du Cameroun dans le système éducatif camerounais et, singulièrement, dans les programmes scolaires.

L’enjeu de l’intégration de la vie de ces symboles du nationalisme dans les manuels scolaires consiste à familiariser la progéniture scolaire et académique avec les faits réels vécus par le passé, lesquels avaient été toujours occultés par les tenants de l’ordre dominant, détenteurs des appareils idéologiques de l’État ayant formaté l’esprit des apprenants avec les données historiques voilées tant elles ne reflètent guère la réalité faits d’antan.

Toujours dans le jeu des propositions concrètes à mettre en application au cours des travaux ultérieurs, il est impératif, énonce B. Bassy, de:

– faire confiance aux leaders et acteurs des sociétés civiles africaine et française;
– sensibiliser les acteurs de terrain à la connaissance et à l’assimilation des problématiques actuelles liées à l’histoire de la décolonisation et des indépendances ;
– mettre en place un prélèvement des musées africains qui exploite les objets d’art camerounais.
– réponse du berger à la bergère

« Je m’engage avec l’ouverture complète de nos archives ». C’est la thèse que défend Emmanuel Macron, qui réagit, à bâtons rompus, aux conclusions des travaux du groupe 3. Pour le président de la République française, il est urgent de regarder la vérité en face telle qu’elle est et telle qu’elle se présente. Le chef d’État français reconnaît le travail de collecte et de mémoire vivante qui doit être fait et qui impose, explique-t-il, repentance et reconnaissance. « Nous allons faire ensemble ce cheminement mémoriel et historique« , conclut E. Macron.

Serge Aimé Bikoi

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