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Bafoussam : le calvaire des recasés de Gouache (REPORTAGE)

Installés dans la zone de recasement dans l’arrondissement de Bafoussam 3ème dans la Mifi, région de l’Ouest Cameroun, les déguerpis du lieu de ce sinistre sont confrontés à l’absence d’eau, d’électricité, de marché et d’écoles.

Sous un soleil caniculaire hier jeudi 8 décembre en fin de matinée, le petit Gilda Talla, transpirant de sueur, dépose son bidon de 20l à l’entrée principale du domicile familial. « Du courage mon papa », lance sa maman. Sans répondre, il se précipite à classer son bidon dans la maison. Il revient de la chefferie supérieure Bamougoum, dans les environs à la recherche de l’eau potable destinée à la famille. Un exercice encore plus difficile en saison sèche. Car, il faut à la fois puiser de l’eau à boire et pour les activités ménagères.

« C’est difficile de vivre », confie Sandrine Nango, une déguerpie de la catastrophe de Gouache. Déjà installée dans sa maison construite en terre battue et dans le strict respect du plan unique exigé par la mairie de la localité, avec l’appui des bienfaiteurs public et privé, dans cette zone de recasement, la mère de famille peine comme ses autres voisines trouver des solutions aux besoins d’eau et de l’électricité.

« Les maisons sont encore sèches. On a fixé la lumière mais on n’a pas encore tranché. L’eau est également disponible mais elle ne coule pas encore. D’ailleurs, tout le monde n’a pas toujours les moyens de payer un branchement. Nous voulons qu’avant les fêtes de fin d’année, que ces tranchements soient faits pour que nos maisons soient alimentées en eau et en électricité. Avec ça, chacun pourra fêter dans les bonnes conditions », souhaite-t-elle.

Propriétaire d’un moulin à essence, elle se bat ainsi pour répondre aux besoins de sa famille malgré le coût élevé pour ses clients, dans cette zone jadis non habitée, attribuée aux déguerpis. « Pour faire moudre le maïs ou les condiments, nous payons deux fois plus. Nous ne pouvons pas en vouloir au propriétaire de la machine. S’il y avait de l’électricité, tout le monde pouvait en profiter mais nous ne savons pas quoi faire. Si nous ne le faisons pas ici, nous serons obligés de payer la moto pour aller moudre le maïs, les condiments et autres », signale Christelle Kentsop.

« Ils avaient d’abord dit qu’avant la fin du mois de novembre, nous devrions déjà avoir la lumière. Nous sommes déjà à la fin d’année mais il n’y a pas toujours la lumière. Nous sommes inquiets de fêter dans l’obscurité comme l’année dernière. Nous utilisons nos lampes torches à piles ou rechargeables ou encore les lampes tempêtes. Nous puisons de l’eau à la chefferie Bamougoum », confie Sandrine Nango.

« Mon mari a déjà payé la caution de 50.000F pour le branchement de l’électricité. Il a également payé 190.000F pour l’eau. Ils ont branché l’eau mais malheureusement, ils ont encore fermé les robinets. Nous n’utilisons pas encore. Ils disent que les enfants ont vandalisé les installations pour laisser couler l’eau. Ils ont fermé le temps de réparer », précise-t-elle.

Une information confirmée par Dalmas Kana Kuété. « Depuis qu’on nous a envoyé ici, il y a l’eau, la lumière, l’école et le marché qui nous manquent. Nous n’avons pas également les routes. Ils ont branché mais ils n’ont pas encore distribué de l’eau et de la lumière dans les maisons. Mon mari a déjà payé les cautions pour le branchement d’eau et de lumière. Il y a un cours d’eau ici. L’enfant peut se noyer sur le chemin de l’école puis qu’il n’y a pas de pont. Nous voulons l’école dans les environs », ajoute cette autre déguerpie.

Dans cette zone bien structurée en damier, les maisons sortent progressivement de terre. Si les uns ont déjà intégré les leurs, d’autres confient attendre l’installation effective d’eau, de l’électricité, la construction de l’école et du marché avant d’y aménager. Si les uns sont encore à la première étape de la construction avec la fabrication des briques et/ou à la pose de la fondation, d’autres ont intégré les maisons à l’étape des finitions.

À l’entrée principale de cette zone de recasement de Latsit, à l’entrée de la chefferie supérieure Bamougoum, sur l’axe Bafoussam-Mbouda, un transformateur pour une alimentation triphasée y est installé. À Eneo et à Camwater Ouest, tout est réuni pour que cette zone soit alimentée en eau et en électricité dans les prochains jours. Il est question désormais de procéder à certains réglages avant de sortir ces recasés de l’obscurité et de leur fournir de l’eau potable, selon nos sources.

Des familles déjà installées ou pas, se sont vues ainsi attribuer 109 lots gratuitement par l’Etat du Cameroun à travers la mairie de Bamougoum à la suite de la catastrophe de Gouache. Une catastrophe ayant englouti 11 maisons faisant 43 morts dans la nuit du 29 au 30 octobre 2019 à Gouache. Des populations déguerpies de cette zone déclarée non constructible selon le plan d’occupation des sols dans la Mifi, la mairie de la ville a annoncé depuis lors de nombreux projets sur ce site jusqu’ici abandonné.

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