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An 40 du Renouveau : le grand tournant

Le 06 novembre prochain, le Renouveau célèbre ses 40 ans. Le bel âge sous un bilan en demi-teinte et frappé d’un vent d’incertitude.

C’est un Jean Nkueté en extase. De sa plus belle plume, le secrétaire général du Comité central du Rdpc, ci-devant 2e personnalité du parti après le président national, adresse une circulaire euphorique et pleine d’emphase aux militants. La thématique de ce 40e anniversaire en dit long : “Renforçons davantage notre mobilisation derrière le président Paul Biya pour poursuivre ensemble l’œuvre de construction nationale, dans l’union des cœurs, la paix et la stabilité, sous le prisme et selon l’esprit du Renouveau national”.

Et pour ne pas faire les choses à moitié,Jean Nkueté appelle les militants à célébrer cet événement avec faste et à la mesure de l’euphorie ayant accompagné l’arrivée de Paul Biya à la tête du Cameroun. C’est un Jean Nkueté à la fois dithyrambique et conscient de l’inévitable devoir d’inventaire que suscite le Renouveau aujourd’hui.

En 40 ans, ce parti a douché les ambitions légitimes de quatre générations au moins. Le parti sort meurtri d’un processus de renouvellement des bureaux des organes de base qui l’a fissuré profondément.

Son dernier congrès s’est tenu en 2011. Au-delà du cortège des militants en délicatesse avec la justice et de tous ceux qui ont passé l’autre rive en l’absence de la convocation d’un congrès dans les prochains jours, le Rdpc se confond aujourd’hui à une camisole de force.

Seul l’épouvantail de “la discipline du parti” caporalise, infantilise, bride des militants ballotés par les dissensions intestines et divers courants : le courant des conservateurs tenu par Jean Nkueté et autres ; le courant des modernistes inspiré par Grégoire Owona dont le célèbre ouvrage, ”Un bateau dans la tourmente”, annonçait déjà l’urgence d’arrimer le parti aux évolutions politiques d’un Cameroun en mutation ; le courant des arrivistes et autres opportunistes sans aucune légitimité, conduit par Monkam Fabien ; enfin le courant des Franckistes comparé aujourd’hui à une nébuleuse et à un galop d’essai dans les jeux de positionnement autour de la succession.

Bilan

Qui mieux quejean Nkueté,militant de la première heure, et ami de longue date du président national, pour se risquer à l’exercice périlleux d’un bilan à l’orée de ce 40e anniversaire : « (•••) Ils sont innombrables, les chantiers imposants et multisectoriels qui ont été conduits durant ces quatre dernières décennies par le président Paul Biya avec vision et maestria, en dépit des obstacles, des malversations, des résistances et des contrariétés afin de donner corps à ses convictions intimes et sa personnalité foncièrement tournées vers la grandeur du Cameroun, bref, afin de faire de l’économie de notre pays, l’une des rares pleinement autocentrées de l’Afrique Centrale.

Sans être exhaustif, l’on peut citer la mise en œuvre méthodique et irréversible des piliers de la démocratie et du développement durable ;le déploiement phénoménal des infrastructures communicationnelles, éducatives, médicales et énergétiques ; l’élargissement du tissu industriel ;la dotation du pays en ressources humaines de haute qualité ;le rayonnement de notre diplomatie dans la galaxie des affaires internationales ; les performances de nos athlètes et sportifs dans toutes les arènes du monde ; l’éclat de nos compatriotes sur les autoroutes mondiales de la recherche et de la science, etc”.

Décompte

Du rêve au désenchantement, la généreuse idée sociale de départ a été rattrapée par une profonde crise de valeur et le déficit de transparence dans le choix des membres du Bureau politique et du Comité central. Le parti a propulsé au-devant de la scène, des militants de façade et parfois des fossoyeurs de la démocratie qui ont sapé ses fondements. Les militants originels ont été laissés au bord des rails par le train du Renouveau.

Le culte de la personnalité, le refus du débat contradictoire, ont généré des hérésies à l’instar de la radiation à vie du Pr Pascal Charlemagne MessangaNyamding. A 89 ans, Paul Biya reste et demeure le candidat statutaire du parti à l’élection présidentielle. Le temps ne semble plus aujourd’hui être son meilleur allié. Le Rdpc, tel un mammouth qui risque d’imploser après Paul Biya, doit cesser la politique de l’autruche pour négocier enfin le grand tournant.

L’Indépendant

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