Le 10 février, avant que le président Paul Biya ne s’adresse aux jeunes, Félix Agbor Nkongho, plus connu sous le nom d’Agbor Balla, leur avait déjà fait part de ses réflexions. Une semaine plus tard, le 17 février, l’avocat des droits de l’homme et président du Centre pour les droits de l’homme et la démocratie en Afrique (CHRDA) revient avec un autre message, exhortant cette fois les jeunes à s’inscrire et à voter lors de la prochaine élection présidentielle, prévue en octobre.
Pour Agbor Balla, voter n’est pas seulement un devoir civique ; c’est une opportunité pour les jeunes de façonner un avenir meilleur pour eux-mêmes et leurs communautés. Il a cité des estimations suggérant que les jeunes, âgés de 15 à 35 ans, représentent environ 70 % de la population du Cameroun.
Il a souligné l’importance de ce groupe démographique, affirmant que « ce groupe est crucial pour façonner l’avenir du pays, ce qui rend leur participation à la politique et aux élections essentielle pour un changement significatif ».
Que peuvent gagner les jeunes en votant ?
Agbor Balla a averti que si les jeunes ne votent pas, ils risquent de sombrer dans l’apathie politique et d’être constamment ignorés. Cependant, en votant, ils peuvent demander des comptes aux dirigeants, influencer les politiques nationales et locales et faire pression sur eux pour qu’ils abordent les problèmes spécifiques aux jeunes.
« De nombreux défis auxquels sont confrontés les jeunes Camerounais, tels que le chômage, le manque d’accès à une éducation de qualité et les opportunités entrepreneuriales limitées, peuvent être résolus grâce à une gouvernance efficace », a-t-il déclaré. « Le vote permet aux jeunes de soutenir les candidats et les politiques qui accordent la priorité à ces problèmes. »
Un deuxième message aux jeunes en une semaine
Ce n’est pas la première fois qu’Agbor Balla s’adresse aux jeunes cette semaine. À la veille de la Journée de la jeunesse, il a exhorté les jeunes à être matures et responsables, en prononçant des mots qui font écho au ton des discours du président Paul Biya à la jeunesse.
Dans son discours « Chers jeunes camerounais », qui reflétait le même sentiment que les messages annuels de Biya, Agbor Balla a déclaré : « C’est à la fois un honneur et un privilège de m’adresser à vous alors que nous commémorons la 59e Journée de la jeunesse, un jour où nous nous réunissons pour célébrer l’énergie, la passion et le potentiel remarquables que vous, nos jeunes, apportez à notre nation. »
M. Balla a reconnu les défis auxquels le Cameroun a été confronté, mais il a salué la détermination de la jeunesse, en déclarant : « Votre détermination a été une pierre angulaire de notre cheminement vers la paix et la stabilité, une force motrice de nos progrès économiques et un élément essentiel du renforcement de nos processus démocratiques. »
Il a souligné que la maturité et la responsabilité sont les caractéristiques d’un véritable leadership. « Aujourd’hui, je vous exhorte à vous considérer comme les architectes d’un avenir pacifique et sûr », a-t-il encouragé. Son discours s’est concentré sur la consolidation de la paix et de la sécurité, la stimulation de la croissance économique et le renforcement des processus démocratiques, des thèmes clés qui ont été récurrents dans son plaidoyer.
Un changement dans l’orientation d’Agbor Balla ?
Agbor Balla critique ouvertement la gestion des problèmes du pays par le gouvernement, condamnant souvent les politiques qu’il considère comme néfastes aux droits de l’homme et à la démocratie. Qu’est-ce qui motive son récent intérêt pour la jeunesse et ses messages politiques ?
Agbor Balla a depuis longtemps montré un vif intérêt pour les organisations de la société civile, mais n’a jamais explicitement exprimé le désir de se lancer en politique. Il était auparavant le chef du Consortium de la société civile anglophone, interdit, et son activisme a conduit à son arrestation et à huit mois de détention. Alors que feu Ni John Fru Ndi lui a proposé un poste pour diriger le département judiciaire du Front social démocrate (SDF), il a refusé.
Bien que Agbor Balla n’ait pas directement mentionné son intention de se lancer en politique, ses récents messages encourageant la participation des jeunes aux élections peuvent suggérer un changement d’orientation. Serait-ce un signal subtil de quelque chose de plus ? Seul le temps nous le dira.