L’International Crisis Group a averti les autorités camerounaises que pour mettre fin au conflit anglophone qui dure depuis près de 7 ans, Yaoundé doit être prêt à discuter d’une solution politique.
Dans une déclaration datée du 9 février 2023 et dont CNA a eu connaissance, le groupe de réflexion international a également ajouté que le gouvernement devait se montrer prêt à participer aux pourparlers menés par le Canada.
« Le rejet brutal par Yaoundé de l’initiative du Canada laisse les pourparlers dans l’incertitude et risque de perpétuer, voire d’aggraver, le conflit », peut-on lire dans la déclaration du groupe, qui ajoute que « Yaoundé s’est jusqu’à présent montré réticent à envisager un règlement politique avec les séparatistes.
Les précédentes initiatives de paix ont échoué. En janvier 2017, le gouvernement a suspendu les négociations avec les dirigeants de la société civile anglophone dans la ville de Bamenda, dans la région du Nord-Ouest, avant de les arrêter, ce qui a déclenché des appels généralisés des anglophones à la sécession des deux régions ».
La déclaration note également que « s’engager dans l’initiative de paix facilitée par le Canada permettrait au président Biya de changer la perception selon laquelle il n’a que peu d’intérêt pour une solution politique, d’empêcher une nouvelle escalade du conflit et de contribuer à la stabilisation du pays avant des élections qui risquent d’être difficiles », faisant référence aux élections de 2025 qui, selon Crisis Group, pourraient être un moment décisif dans l’histoire du Cameroun, car Biya, qui a maintenant presque 90 ans, en aura 92 à ce moment-là – et une escalade du conflit anglophone ne ferait qu’aggraver la situation politique et économique du pays.
Le Crisis Group a également noté que les pré-talks que le Canada a facilités avec les responsables camerounais, ont fixé des conditions préalables à la tenue de pourparlers avec les leaders séparatistes, notamment « l’établissement de mesures de confiance, telles que la cessation des hostilités, la protection du droit à l’éducation et la libération des prisonniers ».
Elle a également observé que c’est un moment que le gouvernement camerounais devrait mettre à profit pour engager des pourparlers, car pour la première fois, plusieurs groupes séparatistes se sont unis, ce qui facilite l’organisation par le gouvernement de pourparlers qui seront considérés comme crédibles par la population anglophone :
« …la facilitation (par le Canada) a également persuadé les mouvements séparatistes rivaux de former un bloc ordonné.
S’inspirant des efforts antérieurs des facilitateurs suisses, le Canada a réussi à rassembler quatre grands groupes séparatistes, un cinquième ayant annoncé son engagement dans le processus de paix après la déclaration de Joly. Dans le passé, les groupes séparatistes semblaient trop divisés pour parvenir à un consensus entre eux. Cette fois-ci, leur unité offre au gouvernement camerounais une contrepartie claire dans les négociations ».
Si le gouvernement Biya tient compte des appels à engager des pourparlers avec la volonté de discuter d’une solution politique pour les régions anglophones, les pourparlers tant attendus pourraient bientôt voir le jour après près de 7 ans de guerre civile.
En octobre 2017, International Crisis Group a averti que la « répression meurtrière » des Anglophones par les forces gouvernementales était susceptible de provoquer une « insurrection armée », mais le ministre camerounais de la communication de l’époque, Tchiroma Bakary ; a rejeté la déclaration du Groupe et a affirmé qu’ils étaient à la solde des sécessionnistes avec un agenda pour déstabiliser le Cameroun.
Il convient de noter qu’en janvier, les autorités camerounaises ont publié une déclaration niant qu’elles n’avaient jamais accepté des pourparlers dirigés par un médiateur international, bien que le ministre des affaires étrangères du Canada ait publié une déclaration affirmant que le Cameroun avait accepté des pourparlers.
Le conflit anglophone au Cameroun a laissé plus de 700 000 enfants déscolarisés et déplacé plus d’un million de personnes, selon Médecins sans frontières.
En 2019, les autorités ont organisé des pourparlers à Yaoundé, mais ceux-ci ont été largement critiqués pour leur caractère trop unilatéral, les principaux dirigeants séparatistes n’ayant pas été invités. Il y a un espoir que le Canada, qui partage une culture bilingue similaire à celle du Cameroun, soit un médiateur de confiance dans les pourparlers qui pourraient se tenir dans la capitale canadienne, Ottawa. La déclaration complète de l’International Crisis Group peut être lue ici : https://www.crisisgroup.org/africa/central-africa/cameroon/canada-initiative-offers-opportunity-cameroon-peace-process
CNA
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