Le gouvernement a approuvé dans sa loi de finances 2025 la suppression totale de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) pour la farine produite localement afin de freiner les importations. Initiée en 2024 pour la farine de plantain et de pomme de terre, la mesure fiscale s’étend désormais à la farine de maïs, de manioc et de patate douce et est entrée en vigueur le 1er janvier 2025.
Selon la Direction générale des impôts, cela contribuera à la « promotion de la politique de substitution aux importations ». De nombreux producteurs locaux de farine au Cameroun ont vu dans cette suppression de la TVA une opportunité de réduire les prix des produits finis. La suppression de la TVA sur la farine locale réduit également les coûts de production.
« J’espère que cela sera vraiment appliqué et si oui, cela permettra de booster la production de pain fabriqué localement par exemple et pourquoi pas de réduire ses prix », a déclaré Merlin, un producteur local de pain à Mbouda.
« Nous avons appris la nouvelle mais nous nous attendons à ce qu’elle se répercute sur les prix du pain », a déclaré Elodie, une consommatrice toujours à Mbouda. « La suppression de la TVA sera plutôt avantageuse pour les producteurs, pourquoi le gouvernement ne devrait-il pas réduire les prix du pain local ? », s’est-elle interrogée.
L’exonération de la TVA de 19,25% sur les farines locales priverait également l’Etat du Cameroun d’une assiette estimée à environ 10 milliards de FCFA. Selon la Direction des Impôts, cela réduirait l’importation de blé, une céréale qui reste l’un des produits alimentaires les plus importés au Cameroun et représente près de 4% des dépenses globales d’importation chaque année.
Selon l’Institut National de la Statistique, le Cameroun a dépensé 178,3 milliards de FCFA (3,6%) pour acheter du blé en 2023 après avoir dépensé environ 260,7 milliards de FCFA en 2022. En termes de production, le pays a produit 12 800 tonnes de farine locale en 2024 grâce à la mise en œuvre par le Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural, du Projet Intégré de Substitution des Importations Agro-Pastorales et Halieutiques (Piisah) 2024-2026.
Bien qu’il y ait une amélioration par rapport aux années précédentes, le pays est loin de son objectif de 5 millions de tonnes de farine locale de qualité à l’horizon 2030. Cependant, le gouvernement met en œuvre des politiques visant à renforcer la production ainsi que les capacités de transformation industrielle à travers la construction de 150 unités de transformation du manioc en farine et de trois unités de transformation du plantain en farine dans les localités de Mvamgan au Sud, Dimako à l’Est et Bangem dans la région du Sud-Ouest.