fbpx

Cameroun Actuel

Stade d’Olembé : à l’heure des comptes

Présenté comme le fleuron des infrastructures sportives du Cameroun, le « Stade Paul Biya » d’Olembe charrie de nombreuses casseroles qui éclaboussent l’image du pays. Qui payera la note ?

La question alimente des commentaires les plus corsés tant au sein du sérail que dans l’opinion publique. Les comparaisons le situaient au diapason des meilleurs stades de football d’Afrique, voire du monde, au point de faire du Cameroun un sérieux prétendant à l’organisation d’une coupe du monde. Pourtant depuis le début de la Can 2021 qui se joue actuellement au Cameroun, le Stade d’Olembe a dévoilé son versant le plus dangereusement insoupçonné, l’insécurité.

A la suite d’une bousculade meurtrière le 24 janvier dernier, environ 16 personnes ont perdu la vie, piétinés par des spectateurs de la rencontre Cameroun-Comores, qui se marchaient dessus pour accéder au stade. Conséquence, la Caf- la Confédération africaine de football, a immédiatement suspendu les matchs des quarts de finale et demie finales programmés dans cette enceinte.

Un déshonneur au pays des Lions Indomptables, et surtout, un cinglant démenti au président du Cocan-le Comité d’organisation de la Can, qui n’avait de cesse de déclarer que toutes les conditions étaient réunies pour que le stade Paul Biya d’Olembé réponde au cahier de charges exigé par la Caf.

Du coup, pour nombre d’observateurs et d’analystes, ce scandale mettait au goût du jour la pertinence des menaces redondantes de la Caf, bien avant le début de la compétition, de délocaliser les rencontres prévues au stade d’Olembe pour le stade Ahmadou Ahidjo, pour cause de retard dans l’achèvement des travaux.

Au lendemain de la rencontre Cameroun-Malawi, comptant pour les éliminatoires de la Coupe du monde Qatar 2022, joué à Olembé à titre expérimental, le Secrétaire général de la Caf avait immédiatement écrit aux autorités camerounaises pour dénoncer la défaillance sécuritaire du Stade d’Olembé. D’aucuns avaient alors crié à la thèse du complot, mais l’évidence semble rattraper le Cameroun, avec ce que certains ont convenu d’appeler « le drame d’Olembe ».

Sursis

Après la décision de suspension du stade par la Caf, les autorités camerounaises se sont retrouvées dos au mur. Le 26 janvier dernier, une délégation des officiels camerounais, conduite par le Secrétaire général de la présidence de la république, était au stade Olembe pour évaluer les conséquences du sinistre, et surtout, prendre des mesures d’urgence afin de contourner les mesures de la Caf.

Pour de nombreux analystes, l’envoi en mission par le chef de l’Etat du Sgpr, par ailleurs président de la Task Force infrastructures de la Can, est loin d’être anodin. Paul Biya semblait ainsi dire à son collaborateur d’aller arranger lui-même les choses qui n’auraient jamais dues se gâter, au regard des colossaux décaissements opérés par le trésor public pour la construction du complexe d’Olembe.

Après avoir négocié avec les entreprises adjudicataires des marchés de finition d’Olembe, Ngoh Ngoh et ses accompagnateurs ont pu obtenir de la Caf un sursis. Finalement, la finale de la Can 2021 se jouera à Olembe, au regard des garanties offertes par la Task Force de l’achèvement des travaux qui assureront une meilleure sécurité aux spectateurs. Une petite victoire, mais qui est loin d’annihiler complètement la tache laissée à l’image du Cameroun par l’hécatombe du 24 janvier, et par l’avertissement de la Caf.

Plus de 200 milliards de Fcfa de débours

Olembe, antre de malédiction ou creuset de malversations ? La construction de ce complexe avait déjà été à l’origine des reports successifs de l’organisation de la Can 2021, qui se joue cette année au Cameroun. Au milieu d’autres infrastructures y afférentes, Olembe avait charrié de nombreux désagréments, ponctués par la rupture anticipée du contrat du premier adjudicataire, l’italien Piccini, qui réclamait à l’Etat du Cameroun le paiement d’un décompte de 28 milliards de Fcfa.

Son repreneur, le canadien Magil, avait lui aussi, posé des conditions draconiennes pour la poursuite et l’achèvement des travaux, induisant un avenant de 55,17 milliards de Fcfa, payés sous forme de prêt par la Standard Chartered Bank. D’un montant initial de 187 milliards de Fcfa, la construction du seul stade (et non du complexe tel qu’initiale (Tient convenu), d’Olembé a coûté au contribuable près de 240 milliards de Fcfa, auxquels il faudra ajouter les 6,3 milliards de crédit contracté auprès de Cca-Bank, et quelque 4 milliards de crédit contracté par Piccini auprès de Bgfi-Bank, avec la caution du Cameroun.

Plus de 200 milliards de débours pour un complexe censé faire le bonheur du pays à l’intérieur et à l’extérieur, mais aujourd’hui source de ses malheurs, et qui font jaser au sein de l’opinion. Qui payera la note ? La Task Force qui a géré le colossal budget infrastructure! lié à l’organisation de la Can, ou le Cocan qui n’avait de cesse de clamer la disponibilité du stade Paul Biya d’Olembé aux normes de la Caf ?

A en croire les sources bien introduites, le plus courroucé c’est le sommet de l’Etat, qui selon les mêmes sources, n’entend pas laisser impunie cette forfaiture qui coûte énormément à l’image du pays. Des lendemains agités en perspective.

Sans Détour

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Dernières nouvelles

Suivez-nous !

Lire aussi