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Roger Milla : « le jour où Marc-Vivien Foé est mort sur le terrain »

26 juin 2003, demi-finale de la Coupe des confédérations au stade Gerland de Lyon, le Cameroun affronte la Colombie. Les Lions indomptables tiennent la victoire quand le milieu de terrain Marc-Vivien Foé s’effondre sur la pelouse. Ancien international camerounais, Roger Milla se souvient.

On s’approchait de la fin du match et nous menions un but à zéro. Le Cameroun s’apprêtait à accéder à la finale de la Coupe des confédérations, l’occasion était magnifique. Il restait moins de vingt minutes de jeu face à la Colombie. Faisant partie de la délégation, j’étais évidemment présent, assis en tribune. J’avais été placé à côté d’un ministre camerounais qui avait fait le déplacement lui aussi, et dont j’ai oublié le nom. Ce sont des souvenirs lointains et douloureux. En parler me fait monter les larmes aux yeux.

Inimaginable

Quand j’ai vu Marc-Vivien Foé tomber, j’ai immédiatement pensé à une blessure. Il sortait d’un duel avec un joueur colombien, je me suis dit que l’affrontement avait été un peu physique et qu’il avait dû se faire mal. Ou qu’il s’agissait d’un coup de fatigue – après tout, c’était la fin de la compétition. À ce moment-là, il était inimaginable que cela puisse être quelque chose de grave. Marc-Vivien Foé était tellement jeune…

Mais il est resté au sol. Je ne saurai dire combien de temps, mais ces instants m’ont paru interminables. Les gens ont commencé à s’interroger, nous attendions tous que l’arbitre appelle l’équipe médicale. Marc-Vivien Foé ne se relevait pas. Le ministre à mes côtés était inquiet, moi encore plus. J’ai commencé à me poser de sérieuses questions.

C’était très confus : le match était arrêté, personne ne comprenait ce qu’il se passait. Mais quand les médecins ont sorti Marc-Vivien Foé du terrain sur une civière, et que l’on a vu son bras pendre sur le côté, j’ai su que c’était plus sérieux qu’on ne le pensait. J’ai fait savoir au ministre que j’allais voir et je suis descendu vers les vestiaires.

Comme un fils

En chemin, j’ai croisé le médecin de l’Olympique lyonnais. Il m’a immédiatement annoncé que Marc-Vivien était mort, qu’ils n’avaient pas pu le réanimer. Cela a été un choc terrible. Apprendre que celui que je considérais comme un fils venait de mourir… Mais il fallait que j’aille le voir et près de vingt ans plus tard, cela reste très difficile d’en parler.

Le docteur m’a conduit jusqu’aux vestiaires. Marc-Vivien Foé était à l’intérieur, seul. Il était allongé, son corps était couvert d’un drap. C’était très dur. J’ai pensé que le seigneur avait décidé que ça devait arriver. Et que c’était arrivé.

Sur la pelouse, le match était terminé, le Cameroun avait gagné. Les joueurs, eux, ne savaient pas ce qu’il venait de se passer. J’ai d’abord donné la nouvelle au ministre. Puis je suis allé voir l’équipe. Tous cherchaient des réponses, ils ne savaient pas où était Marc-Vivien Foé, ni comment il allait. Le vestiaire était très silencieux, tout le monde attendait d’avoir des nouvelles. Quand ils m’ont vu arriver, je crois qu’ils ont immédiatement compris que ce que j’avais à leur dire était grave.

Cela a été un choc pour eux. Ils se sont rhabillés en silence, personne n’avait la force de parler. L’équipe est repartie à l’hôtel et moi je suis allé à l’hôpital où Marc-Vivien avait été transporté à la morgue. Son épouse était déjà là, prévenue par les médecins.

Il a bien fallu rentrer retrouver les joueurs, il n’y avait plus rien à attendre. Pour préparer la finale contre la France, l’équipe était censée s’entraîner le lendemain mais personne n’a eu le cœur de le faire.

Jeune Afrique

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