À 72h du scrutin présidentiel, le candidat de l’Union des Mouvements Socialistes (UMS), Pierre Kwemo, tente de se poser en rassembleur dans la région de l’Ouest.
En meeting à Bafoussam, l’homme d’affaires, député et ancien maire de Bafang a exprimé ses regrets quant à l’exclusion de Maurice Kamto, écarté de la présidentielle, tout en affirmant qu’une coalition “aurait été possible” si le leader du MRC avait été autorisé à concourir.
« Je n’étais pas candidat en 2018, un fils de l’Ouest l’était. En 2025, il a été injustement éliminé. S’il était là, on aurait fait comme ça », a lancé Pierre Kwemo en mimant un geste d’union.
Mais cette sortie, aussi spectaculaire qu’émotive, surprend par son timing. Depuis le début de la campagne, le candidat de l’UMS s’était gardé de commenter la disqualification de Maurice Kamto, se concentrant sur un discours centré sur “l’économie locale” et la “renaissance des collectivités”. Ce n’est qu’à la veille du scrutin qu’il se souvient de la “nécessité d’unité”, un message que beaucoup jugent aujourd’hui opportuniste.
Un appel à l’unité à géométrie variable
Dans son discours à Bafoussam, Pierre Kwemo a annoncé qu’il “ne quittera plus la région de l’Ouest jusqu’au 12 octobre”, promettant une immersion totale dans les villages et chefferies traditionnelles. Un geste symbolique destiné à ressouder un électorat bamiléké fragmenté mais qui laisse planer le doute sur la sincérité de sa démarche.
“Il tend la main à l’unité quand il est déjà trop tard”, souffle un militant local interrogé après le meeting. “Où était ce même discours quand Maurice Kamto se battait seul pour contester son exclusion ?”
En effet, ni Pierre Kwemo ni la plupart des figures politiques en course dans cette élection n’avaient publiquement dénoncé le rejet de la candidature de Maurice Kamto au moment où celui-ci mobilisait ses soutiens à l’échelle nationale. D’où le sentiment d’une solidarité à retardement, dictée davantage par la conjoncture électorale que par une conviction profonde.
Dans un ton mêlant colère et ferveur, Pierre Kwemo a accusé le régime en place d’avoir “installé la haine, le tribalisme et l’injustice”, appelant les Camerounais à “tourner la page du système Biya”. Pourtant, certains observateurs notent que l’homme n’a jamais été un adversaire farouche du pouvoir, et qu’il a souvent entretenu une ambivalence politique lui permettant de ménager aussi bien le parti au pouvoir que l’opposition.
Sa dénonciation tardive des “injustices” du régime semble donc relever moins d’une rupture idéologique que d’un repositionnement stratégique à la veille du vote.
À Bafoussam, Pierre Kwemo a tenté d’incarner une figure d’unité et de réconciliation nationale. Mais en politisant l’exclusion de Maurice Kamto à quelques jours du scrutin, il prend le risque d’apparaître comme un candidat de circonstance, cherchant à capter la frustration d’un électorat orphelin de son leader naturel.
En politique, le moment du geste compte autant que le geste lui-même. Et à ce jeu-là, Pierre Kwemo semble être arrivé trop tard pour convaincre ceux qui attendaient de lui une parole courageuse, quand le silence valait déjà position.
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