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Pourquoi le Mali a accepté de faire un pas vers la France

Cette semaine, le ministre malien des Affaires étrangères a affirmé à la France qu’elle était un potentiel partenaire du Mali… à condition que Paris respecte la souveraineté de Bamako.

En seulement dix jours, Paris et Bamako ont joué à « Je t’aime, moi non plus ! » Alors que, le 18 octobre dernier, le ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop accusait encore la France de « tentatives de déstabilisation », de « violations répétées de l’espace aérien » et d’« actes d’agression d’une extrême gravité », le ton est redescendu d’un cran entre les deux pays. Mardi dernier, le même Abdoulaye Diop a même tendu la main en direction de son homologue français, en disant à Paris qu’il accepterait de la France et le Mali soient à nouveau partenaires.

Mais Diop pose avant tout une condition sine qua non : le Mali, a expliqué le ministre lors du 8e Forum international de Dakar, la Conférence sur la sécurité et la paix en Afrique, n’aura pas de problème à traiter avec la France, à condition « que notre souveraineté soit respectée, que nos choix stratégiques et nos choix de partenaires soient respectés, et que les intérêts vitaux des Maliens soient pris en compte ».

Ce n’est pas tout à fait la fin de la brouille entre Paris et Bamako. Car le Mali assure qu’il ira au bout de sa démarche aux Nations unies. La junte malienne assure avoir des preuves que Paris finance et renseigne des terroristes sur son territoire, et réclame une session spéciale à l’ONU, sur le sujet.

Mais dans le même temps, donc, Abdoulaye Diop tend une main à la France. Tout en prévenant que le Mali ne se posera pas en victime consentante. « Ce qui est important, c’est vraiment que nos partenaires viennent dans l’état d’esprit de travailler avec nous pour des solutions, ne viennent pas nous dicter des solutions », résume le chef malien de la diplomatie.

La sécurité du Sahel en question

Des discours qui oscillent donc toujours entre le chaud et le froid. Mais qui existent. Et derrière ces discours, Paris et Bamako seraient en réalité plus proches qu’ils ne le laissent penser. En effet, les services de renseignements des deux pays travaillent toujours main dans la main. Mais côté diplomatique, les saillies maliennes ne sont pas vraiment passées.

Après la plainte déposée par le Mali contre la France devant les Nations unies et après les multiples accusations de Bamako, Paris voit d’un mauvais œil son ex-allié. « Notre problème, c’est un problème entre le gouvernement malien et le gouvernement français sur la base de considérations de partenariat », précise Abdoulaye Diop.

Le ministre malien des Affaires étrangères a donc voulu lancer un appât en direction de Paris, pour tenter d’en savoir plus sur les intentions françaises. Si Paris mord à l’hameçon, les deux gouvernements pourront alors discuter des contours d’un nouveau partenariat. Reste à savoir si Emmanuel Macron jouera le jeu. Touchée par les accusations du Mali, la France prend un plaisir malsain à voir la politique sécuritaire au Mali s’enfoncer dans le chaos.

Si Diop assure que « le Mali n’est pas un enfant, nous sommes membres des Nations unies », il a aujourd’hui besoin de faire comprendre à Paris que le Mali n’est plus le pré carré de la France. Mais d’un autre côté, il estime que la France n’est pas la seule fautive quant à l’échec actuel dans le Sahel. « Nous avons failli par rapport à l’intégration du continent, nous avons failli par rapport au renforcement de la coopération entre nous, nous avons failli par rapport à notre responsabilité pour assurer notre propre sécurité et je crois que nous ne pouvons pas faire assumer ça par d’autres », conclut Abdoulaye Diop.

Le Journal de l’Afrique

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