Le gouvernement camerounais annonce un budget prévisionnel de 1 371,5 milliards de Fcfa pour mettre en œuvre son Plan intégré d’import-substitution agropastoral et halieutique (Piisah) sur la période 2024-2026. Cependant, au deuxième trimestre 2024, le niveau d’avancement réel du projet reste difficile à évaluer.
Malgré les ambitions affichées par le président Paul Biya pour renforcer la souveraineté alimentaire du pays et réduire le déficit de la balance commerciale causé par les importations, la réussite du Piisah dépend de la résolution de plusieurs préalables.
Contrats de performance
Le manque de compétitivité des entreprises du secteur agropastoral, souligné par le Piisah, est notamment dû à l’absence de contrats de performance. La Commission technique de réhabilitation des entreprises du secteur public et parapublic (CTR) a constaté que la plupart de ces entreprises enregistrent des résultats négatifs, ce qui compromettrait l’impact positif des financements prévus par le gouvernement. Pour y remédier, le plan de relance des filières agropastorales propose de généraliser les contrats de performance dès 2025.
Problème foncier
La question du foncier reste un obstacle majeur pour le Piisah. L’accès à la terre est crucial pour l’agriculture, la pêche et l’élevage, mais selon une enquête sur le climat des affaires, 76% des hommes d’affaires trouvent difficile l’accès aux terres. De plus, l’augmentation de plus de 200% de la redevance foncière en 2023 décourage de nombreux investisseurs. Une révision de cette disposition est proposée pour 2024, afin de favoriser le développement des filières agropastorales.
Accès aux financements
Bien que le Piisah promette des financements pour les trois prochaines années, les entreprises du secteur industriel se plaignent des conditions contraignantes imposées par les banques. De plus, une grande partie des chefs d’entreprises estime que l’appui financier reste insuffisant et que les mesures de subvention ne sont pas appliquées efficacement. Il est donc crucial de lever ces contraintes pour soutenir les PME agropastorales et assurer le succès du Piisah.
En conclusion, la mise en œuvre du Plan Piisah représente un défi majeur pour le Cameroun. Pour atteindre les objectifs de souveraineté alimentaire et de réduction du déficit commercial, il est impératif de résoudre les problèmes de compétitivité des entreprises, d’accès aux terres et de financement. Seule une approche intégrée et des actions concrètes permettront de relever ces défis et de garantir la sécurité alimentaire et le développement durable du pays.