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Cameroun Actuel

Les tribunaux de Mfou, un cimetière des dossiers

Justiciables, prévenus et autres détenus enragent sur les lenteurs dans le traitement des affaires pendantes, en instruction ou en instance de jugement devant une juridiction qui aura érigé en mode de gestion opaque les affaires dont elle est saisie.

A l’instar de ce qu’affirmait il ya quelques années un éminent avocat à propos de la cour suprême du Cameroun qu’il cataloguait comme un cimetière de dossier les tribunaux de Mfou ne dérogent pas à cette pratique. Justiciables comparaissant libres, déjà condamnés et surtout en détention préventive, enragent. Ils dénoncent les lenteurs auxquelles ils sont assujettis, s’agissant du traitement de leurs dossiers en instance.

Des cas de personnes en détention préventive depuis plus de dix mois sans que s’ouvre leur information judiciaire ou qu’elles soient remises en liberté nous ont été rapportés. Au sein de cette prison naguère réservée à la gent féminine qui voit ses effectifs exploser en raison du surpeuplement de la prison centrale de Kondengui à Yaoundé, 612 pensionnaires s’y côtoient, parmi lesquels 583 hommes et seulement 30 femmes.

Sur cette population carcérale de 612 détenus, 483 ont le statut de prévenu, contre 129 condamnés, pour 06 incarcérations et seulement 01 libération, selon un état des lieux d’il ya un mois. Selon des témoignages rapportés, la plupart des 483 prévenus en détention le sont sur simple déclaration, ou dénonciation, y compris parfois anonyme, en l’absence, dans la majorité des cas, d’un procès verbal d’enquête préliminaire issu d’un officier de police judiciaire de la gendarmerie ou de la police.

Les mises sous mandat de détention provisoire de justiciables par les juges d’instruction pour une période six mois renouvelables deux fois, selon le nouveau code de procédure pénale, est l’occasion rêvé pour ces magistrats du parquet de ranger dans les tiroirs de l’oubli des dossiers de prévenus livrés à eux-mêmes, sans soutien familial. Les efforts avérés des responsables carcéraux pour assurer un minimum de bien-être aux pensionnaires se heurtent à l’insuffisance des moyens pour une meilleure prise en charge.

Tribunal criminel spécial

Naturellement, s’entendra-t-on rétorquer ici, Mfou ne détient pas la palme d’or des lenteurs judiciaires, et qu’il s’agit plutôt d’un phénomène généralisé au sein de notre justice. D’ailleurs, à leur décharge il n’est pas jusqu’au très huppé Tribunal criminel spécial où ces pratiques n’ont pas cours. L’affaire Vamoulke, pour ne citer que celle-ci étant édifiante à bien des égards. Mais cette tendance à la généralisation des lenteurs ne dédouane en rien ces magistrats, pour qui la détention est devenue la règle et la liberté l’exception.

Et pourtant, ce ne sont pas les appels à l’ordre fréquents, et à chaque occasion des autorités en charge de notre justice qui font défaut. Que ça soit du côté du Garde des Sceaux, Laurent et Esso, dans sa volonté d’humaniser l’univers carcéral, du premier Président de la Cour suprême ou de l’Avocat général près ladite Cour à l’occasion de ses rentrées solennelles. Tous recommandent en chœur l’accélération des procédures de poursuite.

La prison de production de Mfou naguère reconnue pour ses meilleures conditions de détention, perd au fil des années ce statut. La mixité du sexe des pensionnaires y est sans doute pour beaucoup dans la détérioration de ces conditions de détention. Les hommes, nombreux ici désormais, n’excellent pas dans l’application et l’observance des règles d’hygiène, contrairement aux femmes. Tant et si bien que les détenues femmes rencontrées ici appellent de leurs le retour à cet âge d’or d’une prison entièrement réservée aux pensionnaires de sexe féminin.

Expression Politique

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