Dans une déclaration choc au micro de BRUT Afrique, l’ex-ministre Issa Tchiroma brise le silence et dénonce un pouvoir fantôme, entre clans occultes et fin de règne inquiétante. Un appel au sursaut national en pleine année électorale !
Issa Tchiroma Bakary : « Aujourd’hui, malheureusement, le président de la République est atteint par l’âge. Il n’a plus le pouvoir physique avec ses contraintes, ses exigences. Il n’a plus la force pour exercer.
Donc, lui au pouvoir aujourd’hui, en vérité, ce n’est pas lui qui gouverne. On s’aperçoit que, par exemple, durant les 14 dernières années, le chef de l’État qui préside à la destinée de notre nation, qui veille à ce que toutes les institutions se déroulent normalement, n’a pas organisé un seul conseil de ministre. La deuxième observation, le président de la République nous donne l’impression d’être distant.
C’est à croire que le pouvoir a cessé de lui procurer le plaisir, l’honneur de présider au destin de notre nation. Par exemple, au niveau du gouvernement, aujourd’hui, il y a quatre ministres qui sont décédés, qui n’ont pas été remplacés. Nous observons également qu’il y a ce journaliste qui a été assassiné, victime d’une conspiration, assassiné de manière brutale, sauvage.
Cela a suscité l’émoi de la nation en particulier, du monde en général. Jusqu’à présent, il n’y a pas eu de suite. Les populations s’interrogent.
Syndrome de fin de règne
Nous qui étions ses collaborateurs, on s’interroge. Qu’est-ce qui justifie, qu’est-ce qui explique cette distance vis-à-vis du pouvoir ? Le chef de l’État nous donne l’impression d’être autiste. S’agissant maintenant de son rapport avec le gouvernement, nous constatons plusieurs symptômes qui convergent vers ce qu’on peut appeler le syndrome de fin de règne.
Le gouvernement de la République a cessé d’être un instrument au service de la République. Le gouvernement est aujourd’hui un instrument au service de puissances occultes. Alors ce pouvoir occulte, comme j’en ai parlé tout à l’heure, c’est aussi divisé en deux clans.
Il y a un clan qui appartient à telle famille, à telle caste, et l’autre clan qui appartient aussi à telle autre famille, à telle enseigne. Ce pouvoir, relevant de la souveraineté du peuple, se trouve donc accaparé par ces deux groupes qui se battent pour le triomphe de leurs intérêts, mais surtout qui se battent dans la perspective du changement du chef de l’État à la tête de la nation. J’avais pris la décision de l’accompagner jusqu’à la fin de sa carrière.
Malheureusement, il se trouve, le chef de l’État est inaccessible, il est invisible. Aujourd’hui, ne sachant à quel sens me vouer, compte tenu de l’impossibilité d’être en contact avec lui, pour discuter, partager avec lui, je me suis trouvé dans la nécessité, dans l’obligation, de retirer mon engagement que je lui avais fait pour l’accompagner jusqu’à la fin de sa carrière. Cette décision ne procède pas du hasard, mais plutôt d’une très longue observation.
Du rapport du chef de l’État avec la gouvernance, rapport du chef de l’État avec le gouvernement, rapport du chef de l’État avec les institutions de la République de manière générale. Cette décision est le résultat également d’une réflexion mûrie avec les militants et sympathisants de mon parti.
Pouvoir par procuration
Dans la perspective donc du choix d’un des candidats, à chaque fois que j’ai posé le problème de tous les candidats en compétition, sur qui j’ai dévoilé invariablement, en 2011 comme en 2018, ils ont toujours jeté leur choix sur le président Biya.
Cependant en 2025, je reprends le même exercice. Ces mêmes militants hier, qui spontanément étaient prêts à annoncer leur adhésion à la politique du président Biya, cette fois-ci m’ont posé une fin de non-recevoir. Ils refusent parce qu’après 43 ans, aujourd’hui ils sont réduits à l’indigence, ils ne l’acceptent pas.
On ne gouverne pas une nation par procuration ou par délégation de pouvoir. Aussi longtemps que le président de la République était aux commandes et prenait des décisions qui étaient exécutoires, on peut dire, oui, il exerçait le pouvoir. Le pouvoir qu’il exerce aujourd’hui, il l’exerce par procuration.
Et le fait, après 43 ans, qu’il n’ait pas eu la possibilité de désigner quelqu’un qui puisse lui succéder si telle était la volonté du peuple camerounais, donne l’impression effectivement que le pouvoir était sa propriété. C’est pour ça donc que nous disons : non, le pouvoir est la propriété du peuple et c’est le peuple qui, conformément aux dispositions constitutionnelles, procédait donc à l’élection du nouveau président. C’est donc pour toutes ces raisons, j’ai estimé qu’il était impossible de continuer mon expérience aux côtés du président de la République.
Les Camerounais veulent le changement
C’est donc pour cette raison que j’ai décidé de démissionner du gouvernement. Si le pouvoir était contre, il m’aurait interpellé. Jusqu’à présent, je ne fais pas l’objet d’une interpellation.
Ça veut dire que ça a été acté. La seule chose qui ne changera jamais dans l’existence, c’est que tout change. Mais je n’innove pas.
On ne reste pas fidèles à l’incompréhensible, à l’inacceptable. Les Camerounais veulent le changement et ce changement prescrit à tous les Camerounais de manière générale et à des partis politiques en particulier. Il faut qu’on se souvienne que l’immense majorité des Camerounais aspire au changement.
Il faudrait donc que les dirigeants de chaque parti politique, individuellement, fassent d’abord leur mieux, leur adjournement. Ensuite, compris la nécessité de construire des passerelles pour que les uns aillent vers les autres, afin que nous puissions mettre ensemble effectivement une dynamique et que nous puissions trouver éventuellement un seul candidat que nous présenterions contre le président du RDPC ».
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Tu as raison le père. Le Nord va te voter
Le septentrion peut bien le voter hein parce que là bas il y a la solidarité