Human Rights Watch (HRW) a exhorté le gouvernement camerounais à respecter pleinement la liberté d’expression de tous les citoyens et à révoquer le décret récemment signé par le préfet du Mfoundi, Emmanuel Mariel Djikdent.
L’organisation soutient que ce décret viole le droit international et pourrait être utilisé de manière discriminatoire pour cibler les critiques.
Un arrêté controversé
Le 16 juillet, le préfet du Mfoundi a décrété que « toute personne insultant dangereusement les institutions [de l’État] ou la personne qui les incarne » pourrait être interdite de séjour dans le département. Cette décision a été prise dans un contexte de tensions concernant la prolongation des mandats des parlementaires jusqu’en 2026, une mesure perçue comme visant à empêcher certains partis d’opposition de se présenter aux élections présidentielles de 2025.
Les critiques de Human Rights Watch
HRW affirme que ce décret enfreint le droit international des droits de l’homme, qui stipule que la liberté d’expression ne peut être restreinte que pour des motifs précis comme la sécurité nationale ou la protection des droits d’autrui. Même dans ces cas, les restrictions doivent être nécessaires, proportionnées et non discriminatoires, des critères que le décret du préfet n’aurait pas atteints.
Réactions et inquiétudes
La décision a suscité l’inquiétude des professionnels des médias et des dirigeants de l’opposition, qui la considèrent comme une menace pour la liberté d’expression. Lewis Mudge, directeur de HRW pour l’Afrique centrale, a déclaré : « Il devient de plus en plus difficile de s’exprimer librement au Cameroun. »
Le ministre de la Communication, René Emmanuel Sadi, a répondu en affirmant que, bien que la liberté d’expression soit garantie, les Camerounais ne doivent pas en abuser pour insulter le président Paul Biya. De leur côté, les barons du régime, dont le ministre de l’Administration territoriale Paul Atanga Nji, ont menacé ouvertement d’arrestation les dirigeants de l’opposition et les députés élus.
Vers une réélection contestée ?
Paul Biya, âgé de 91 ans, est en poste depuis près de quatre décennies et pourrait chercher à être réélu en 2025. Les critiques affirment que son gouvernement prend toutes les mesures nécessaires pour garantir le maintien au pouvoir, y compris des restrictions sévères sur la liberté d’expression.
HRW appelle donc le gouvernement camerounais à révoquer le décret du préfet du Mfoundi et à respecter pleinement les droits de ses citoyens à s’exprimer librement. Le respect de ces droits est crucial pour garantir un environnement politique équitable et transparent, surtout à l’approche des élections présidentielles de 2025.