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Grève dans les hôpitaux publics : dialogue de sourds entre le gouvernement et les syndicats

La grève déclenchée au Centre des Urgences de Yaoundé(Cury) le 22 mai 2023-et qui s’étend dans d’autres hôpitaux publics- est visiblement loin de s’achever. Pour cause, le gouvernement et les syndicats du secteur de la santé n’arrivent pas à trouver un consensus sur les revendications formulées par la corporation. Celles-ci concernent notamment la contractualisation de 27 000 temporaires des formations sanitaires publiques soit 60% des effectifs travaillant sans salaire, ni contrat, ni affiliation à la Caisse nationale de prévoyance sociale (Cnps).

Au sortir d’une audience que leur accordée Pascal Nguihe Kante, le Secrétaire général adjoint des Services du Premier ministre (SGA PM) le 30 mai à Yaoundé, les syndicalistes sont restés sur leur faim ; celle de voir actés, les propositions de solutions et les engagements pris par le ministre de la Santé publique(Minsanté) à la veille.

« Je remercie les présidents des syndicats du secteur santé avec qui j’ai échangé ce jour (29 mai 2023, Ndlr). Si nous avons convenu que leurs revendications ont bien été adressées, nous avons pris l’engagement de renforcer le plaidoyer pour le recrutement/contractualisation des personnels de santé », rassurait Manaouda Malachie.

Pourtant, « nous ne nous sommes nullement accordés… On est repartis sur un pim-pong ; quelque chose qui avait déjà été fait au niveau du ministère de la Santé. Ce dernier a fait une synthèse de tous les griefs et a fait des propositions de solutions et nous attendions donc que le gouvernement par la voix du SGA PM, puisse acter ou faire autres propositions. Ce qui n’a pas été fait. Nous nous retrouvons donc dans ce qu’on peut appeler un statu quo », a confié à EcoMatin, Sylvain Nga Onana, président du syndicat national des personnels des établissements et entreprises du secteur de la santé au Cameroun (Cap-Santé).

Pour l’heure, poursuit-il « la grève continue entre 7h30-12h » en attendant que des propositions concrètes soient matérialisées pour améliorer les conditions de vie du personnel de la santé. Parti de Yaoundé en l’occurrence au Cury et à l’hôpital Jamot, le mouvement d’humeur s’étend peu à peu à Okola (dans la Lékié), Limbe au Sud-Ouest, Laquintinie à Douala ou encore Kaele à l’Extrême-Nord, selon nos informations.

Une situation qui perdure

A en croire les syndicalistes, le malaise n’a fait que durer. Pour preuve, au mois d’août 2022, le président du Cap-Santé et le syndicat national des personnels médico-sanitaires du Cameroun (Sympens) avait lancé un mot d’ordre de grève, lequel avait été levé après la rencontre d’avec le Minsanté qui a sollicité un délai de rigueur pour régulariser la situation du personnel médical relevant du public.

« La grève d’aujourd’hui est le fait que les partenaires sociaux aient accepté de manière républicaine, de manière responsable, la main tendue du gouvernement le 13 août 2022. Le gouvernement avait demandé aux syndicats de lui donner 06 mois. Nous sommes aujourd’hui à 10 mois, rien n’a bougé », déplore notre source.

Autant conclure que les promesses faites par les membres du gouvernement n’ont pas été concrétisées. « C’est l’échec. Le ministre du Travail (Grégoire Owona, Ndlr) ce jour-là nous avait dit qu’on allait plus avoir besoin de préavis de grève parce que certains points ayant des effets financiers, la session budgétaire du parlement de novembre-décembre 2022, devait intégrer ces problèmes des personnels de la santé afin que dès 2023, nous commençons à vivre normalement, jusqu’à présent, rien », rappelle le syndicaliste.

Une grève de trop…

L’on se souvient qu’en février 2022, c’est le corps enseignant qui avait donné le ton avec le mouvement « On a trop souffert (OTS) » dont les principales revendications portaient entre autres sur l’intégration et le traitement des salaires. Il a fallu l’intervention du président de la République Paul Biya pour instruire le paiement du complément salarial mensuel à verser aux enseignants et une batterie de mesures pour répondre aux préoccupations des grévistes alors évaluées à 181 milliards de FCFA.

S’achemine-t-on vers le même scénario avec le personnel de la santé ? En tous cas, cette hypothèse n’est pas à exclure surtout lorsqu’on sait que le Cameroun qui vient de lancer la phase I de la couverture santé universelle (CSU), a besoin non seulement d’un matériel de pointe mais aussi d’un personnel qualifié et surtout traité et rémunéré pour mener à bien le programme.

Eco Matin

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