Un sommet extraordinaire de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), qui regroupe six pays membres, s’ouvre aujourd’hui, 16 décembre 2024, à Yaoundé.
Le sommet vise à faire face à la situation économique difficile qui touche les six États membres. Convoqué par le président camerounais Paul Biya, il est organisé conjointement par le Cameroun et la République centrafricaine.
Les autorités des États membres ont commencé à arriver dans le pays hier, notamment le président de transition de la République du Gabon, Brice Clotaire Oligui Nguema, et le Premier ministre de la République du Congo, Anatole Collinet Makosso, qui représente le président Denis Sassou Nguesso. Le président en exercice de la CEMAC, Faustin Archange Touadéra de la République centrafricaine, est toujours attendu hier soir.
Les économies de la sous-région sont confrontées à des risques importants en raison des perturbations et des faiblesses observées dans certains pays qui n’ont pas mis en œuvre les mesures de stabilité économique et monétaire recommandées. Les dirigeants discuteront, entre autres, de la baisse des réserves de change de la région, qui ont considérablement diminué.
Ces avoirs, essentiels pour financer les importations de biens et services, ne peuvent actuellement couvrir que deux mois et demi d’importations, hors appuis budgétaires déjà reçus. La baisse des réserves de change de la CEMAC serait principalement due au faible rapatriement des recettes d’exportation des entreprises du secteur extractif.
Malgré les efforts de la BEAC (la banque centrale de la région) pour faire appliquer les nouvelles réglementations, ces entreprises tardent à se conformer, des sources officielles indiquant que seulement 35 % des recettes d’exportation en devises étrangères ont été rapatriées.
Au 31 décembre 2022, la BEAC a fait état de réserves pour la CEMAC culminant à 7 000 milliards de francs CFA, avec des projections pour atteindre 9 000 milliards d’ici fin 2024.
Cependant, cela reste loin de l’objectif, car les estimations suggèrent que les réserves n’atteindront que 6 539 milliards de francs CFA d’ici la fin de l’année en cours, soit près de 500 milliards de moins qu’il y a deux ans et 2 500 milliards de moins que l’objectif.
Les perturbations observées et l’avenir incertain dans certains pays membres pourraient impacter l’ensemble de la région, compromettant potentiellement son développement.
Selon le professeur Viviane Ondoua Biwole, directrice générale du Programme de formation aux politiques économiques (GPE) de l’Université de Yaoundé II, ces problèmes reflètent l’échec des réformes entreprises depuis 2017 par plusieurs pays et peuvent compromettre le décaissement de l’appui budgétaire attendu du FMI.
De tels décaissements sont essentiels pour reconstituer les réserves extérieures de la région et consolider la monnaie. Biwole a souligné que seul un engagement régional des plus hautes autorités de la CEMAC pourrait résoudre la situation.