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Carburant : pourquoi les prix doivent (plutôt) baisser à la pompe

Outre la levée des subventions inexpliquées par l’imposition des multiples taxes et impôts sur le litre de carburant à la pompe, les experts indiquent la nécessité d’orienter la production de la Sonara vers la consommation interne. Loin des augmentations des prix annoncées.

Explications faciles fournies par un économiste indépendant, au sujet du projet de hausse des prix des carburants au Cameroun : «Dans le système le carburant peut coûter environ 450 Francs Cf a à la pompe. Il suffit de retrancher les 180 Francs Cf a de surtaxe imposées par le gouvernement.»

Economiste et président de la Coalition pour la production nationale au Cameroun (Copronat), le Docteur Louis-Marie Kakdeu pense que le prix actuel du litre de carburant à la pompe, 650 Francs Cfa, est tributaire de fait que l’Etat perçoit 70% des taxes, frais divers et subventions, en même temps. Dans les faits, le Cameroun importe le litre de carburant à 400 Francs Cfa.

Pour évaluer le prix réel du litre de carburant à la pompe, il faut y intégrer 16 Francs Cfa pour la marge de l’importateur, celle du distributeur (station-service), elle aussi définie à 16 Francs Cfa. Au final y ajouter des frais liés au transport que l’on peut évaluer à 14 Francs Cfa.

Calculette à la main, le prix du carburant à la pompe revient au consommateur final à 450 Francs Cfa, loin des 630 Francs Cfa qu’affiche la pompe depuis l’année 2014, année au cours de laquelle le litre de l’essence est passé de 569 Francs Cfa à 650 Francs Cfa et celui de diesel de 520 Francs Cfa à 600 Francs Cfa.

«Le consommateur paye 70% de taxes et impôts»

Les économistes expliquent que les prix des carburants à la pompe ne sont fixés ni par les importateurs, ni par les distributeurs, encore moins les institutions financières internationales que sont la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (Fmi).

Les prix observés à la pompe sont la résultante d’une trentaine de taxes imposées par le gouvernement. Soit 180 Francs Cfa de taxes et impôts prélevées pour un prix d’achat de 400 Francs Cfa le litre à l’arrivée du carburant au Cameroun. En clair, souligne notre économiste, «le consommateur paye de taxes et impôts pour 30% de la valeur du produit réel.»

Autres incongruités qui impactent sur les prix des carburants à la pompe : les coûts d’exportation et d’importations. Selon les données officielles, le pétrole brut extrait du sous-sol camerounais est vendu à 700 milliards de Francs Cfa, chaque année. Dans la même période, le pays achète la même quantité de pétrole à 900 milliards de Francs Cfa.

Au moment de sa mise sur le marché, le gouvernement déclare avoir subventionné à hauteur de 600 milliards de Francs Cfa, au cours des cinq dernières années. Additions faites, pour 700 milliards de pétrole brut exporté, le Cameroun rachète le produit raffiné à 1 500 milliards de Francs chaque année. Soit un gap de 800 milliards de Francs Cfa perdu chaque année.

Subventions supérieurs aux prix d’achat des carburants

L’incongruité est d’autant plus absurde que les prévisions gouvernementales prévoient des subventions mensuelles estimées à 80 milliards de Francs Cfa. A l’appréciation de ses projections, le gouvernement devait consentir 960 milliards de subvention sur les carburants au cours de l’année 2022. Prévisions visiblement plombées à la lecture des faits.

Selon le ministre de l’eau et de l’énergie, Gaston Eloundou Essomba, le gouvernement a contribué 327 milliards de Francs Cfa pour les subventions aux prix des carburants pour le premier trimestre 2022. Des subventions qui devraient accroître selon les économistes. D’autant que la conjoncture internationale, marquée par la hausse du prix du brut doit rapporter au Cameroun, producteur de pétrole, une plus-value sur ses exportations.

En statuant sur le coût des subventions déclarées versées par le gouvernement au terme du premier trimestre 2022, le contribuable camerounais doit consentir à dépenser un milliards 308 millions de Francs Cfa en terme de subvention au cours de l’année budgétaire 2022, au motif des subventions aux carburants. Une somme qui avoisine double de l’investissement prévisionnel pour la restructuration et la modernisation de la Société nationale de raffinage (Sonara).

Victime d’un incendie qui a détruit une partie de ses installations, le 31 mai 2019, la reconstruction et la modernisation de l’usine de la Sonara nécessite en fait la somme de 250 milliards de Francs Cfa. Montant auquel il faut ajouter 450 milliards de Francs Cfa pour l’apurement des dettes contractées par l’entreprise détenue à 96% par l’Etat du Cameroun.

Questionné sur le sujet, les économistes indiquent que les priorités pour réduire les coûts des carburants à la pompe consistent à opter pour une production, à priori, axée sur la consommation interne. Un impérieux qui nécessite d’adapter la Sonara aux normes des sociétés de raffinage modernes.

Le cas du Nigéria voisin où le litre de carburant coûte 260 Francs Cfa. Tandis qu’il coûte 210 Francs Cfa et 220 Francs Cfa en Algérie et en Angola. Dans l’urgence, les économistes soulignent la nécessité de rompre avec la chaîne des subventions qui contrastent avec les 70% de taxes et impôts déjà prélevés sur le litre de carburant par le gouvernement.

Le Messager

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