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Cameroun : quand deux familles s’entredéchirent pour un cimetière

L’implantation d’un WC sur un terrain au centre d’un litige foncier entre deux familles. L’une d’elle s’oppose au projet au motif que le site abrite quinze tombes.

Les habitants de la localité d’Ebebda dans le département de la Lekie étaient passés à deux doigts d’assister pour la première fois à l’inhumation d’une personne vivante. Les’ faits remontent à la matinée du 17 janvier 2008. Ce jour-là, M. Tobie Bidzogo Afana, octogénaire, raconte avoir entrepris de creuser une fosse devant servir de WC pour son domicile.

Alors qu’il était déjà à environ deux mètres de profondeur, il dit avoir été surpris de voir la terre lui retomber dessus. En fait, ses voisins Valérie Alima et ses deux fils M. Medzogo Omgba et Joseph Rigobert Omgba avaient opté d’abréger son séjour sous le soleil. Les concernés munis de pèles refermaient la fosse alors qu’il s’y trouvait toujours. Le vieil homme déclare avoir échappé à la mort grâce aux cris qu’avaient alerté le reste du village du danger.

Le vieil homme précise que deux jours successifs, avant la survenance de l’incident, Mme Alima et ses enfants s’étaient déjà énergiquement opposés à son projet de création du WC. Mais il ne se laissait pas intimider par leurs agissements. Pourquoi ce funeste spectacle ? M. Bidzogo Afana explique qu’un litige foncier l’oppose depuis des années à ses présumés bourreaux sur le site querellé.

En effet, M. Bidzogo Afana a livré ce témoignage devant la Cour d’appel du Centre le 28 mai dernier. La Cour examinait ce jour-là l’appel interjeté par les frères Omgba contre un jugement rendu le 25 octobre 2012 par le Tribunal de grande instance de la Lekie, et qui les avaient condamnés à 10 ans d’emprisonnement pour les faits de tentative de meurtre en coaction. Leur mère, Valérie Alima, avait été acquittée au bénéfice du doute.

Exhumation des corps

Les frères Omgba ont entièrement purgé la peine d’emprisonnement écopée en instance. Ils veulent cependant laver leur honneur : «on n’a pas eu cette chance de nous défendre en instance. Nous étions seulement menacés par les magistrats et les gendarmes de Monatélé», à la solde du plaignant, disent-ils. Les deux frères se disent victimes d’un trafic d’influence. C’est donc un tout autre son de cloche qu’ils ont fait entendre à la Cour. Ils racontent de manière presque identique que le site disputé abrite en fait le «caveau familial», «un cimetière de 15 tombes».

Mais le plaignant avait décidé d’implanter ses toilettes. Un projet qu’ils avaient du mal à digérer. «Après la mort de notre père, il venait chaque fois enlever les tôles sur les tombes. Notre cimetière se trouvait à côté de notre maison. Je suis allé voir le chef de notre famille plusieurs fois», déclare Joseph Omgba. Ce dernier précise que deux jours avant la survenance des faits déplorés, c’est son petit-frère qui avait trois fois de suite bouché la fosse creusée par le plaignant. A Ce moment-là, il ne se trouvait dans le village. «Je suis parti faire opposition le 17 janvier 2008.»

Les frères Omgba indiquent que chaque fois que le plaignant et son fils tentaient de creuser la fosse «les vieux habits sortaient. Peut-être qu’ils cherchaient les os». Ils affirment que le jour des faits déplorés, «le trou n’arrivait même pas au niveau des genoux». Ils vont nie en bloc avoir essayé de porter atteinte à M. Bidzogo Afana.

Selon eux, c’est après avoir sorti le plaignant de la fosse qu’il s’est mis à crier : «vous allez me tuer», tentant d’arracher les pèles qu’ils possédaient. « L’exhumation des corps est un acte très grave. Pourquoi vous n’aviez pas signalé ces agissements ni au sous-préfet, ni à la gendarmerie, ni au procureur ?», interroge la Cour. Les frères Omgba sont restés silencieux, En présentant son réquisitoire, le ministère public a prié la Cour de confirmer le jugement attaqué. Il a étayé sa position avec quelques extraits des déclarations des témoins faites en instance.

«Sur les prises de vue, on aperçoit bien M. Bidzogo Afana couvert de boue. Un trou d’un mètre peut-il laissé transmettre les habits d’une tombe. Logiquement c’était un trou de plusieurs mètres.» L’avocat de M. Bidzogo Afana a enfoncé le clou plus loin en déclarant que les accusés «ont tenté d’ensevelir son client vivant» pour l’empêcher définitivement d’avoir un WC.

Pour sa part, l’avocat des frères Omgba estime que le plaignant veut se venger, car le litige foncier date du vivant du père de ses clients. «Il veut se servir de la justice pour régler son problème de terrain.» Avant de remettre en cause la fiabilité des témoins qui sont tous des proches parents du plaignant. Le verdict est attendu le 23 juin.

Source: Kalara

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