La ville de Bamenda, siège de la région du Nord-Ouest, est en proie à un mécontentement public suite à ce que les résidents décrivent comme une extorsion généralisée et des brutalités perpétrées par les forces de sécurité à la suite d’une interdiction de la circulation des motos dans des zones spécifiques.
Cette interdiction, annoncée via un communiqué daté du 1er décembre et signé par le Préfet du département de Mezam, Simon Emile Moor, visait à restreindre les motos dans certaines zones de Bamenda.
Le communiqué a confié aux forces de sécurité et aux Délégués départementaux la mise en œuvre de cette interdiction, entraînant une série d’incidents signalés impliquant l’extorsion d’argent auprès des usagers de la route.
Les habitants ont exprimé leurs griefs, citant des cas de traitement sévère et des demandes illégales d’argent par les forces de sécurité.
Blessing, passagère d’une moto, a raconté une rencontre bouleversante, déclarant : « J’ai été frappée à plusieurs reprises par un officier de police avec son arme parce que je n’avais pas 5000 francs à leur donner. »
Un autre usager de la route a partagé une expérience d’arrêt forcé et d’extorsion d’une somme importante.
« Je rentrais d’une fête d’anniversaire quand tout à coup des agents ont surgi sur la route, exigeant que je paie 10 000 francs en tant que passager, et que le conducteur de la moto paie 25 000 francs, sinon nous devions payer 15 000 francs avant de pouvoir reprendre notre chemin », a expliqué cette personne.
Des rapports font état d’incidents où des policiers ont saisi des motos sous la menace d’une arme, entraînant à la fois des amendes financières et des mauvais traitements présumés des conducteurs.
Tse Don, un conducteur de moto, a raconté : « Les policiers ont saisi ma moto à l’intersection T-Junction. Ils m’ont malmené derrière Total Commercial Avenue, m’intimidant et m’extorquant 25 000 francs d’amende pour avoir enfreint l’ordre du Préfet. »
Des observateurs estiment que l’ordre du Préfet pourrait être contre-productif, poussant les conducteurs de moto vers des activités criminelles tout en permettant aux agents de profiter de la situation à des fins personnelles.
Afuh, un défenseur de la société civile, a critiqué cette décision, déclarant : « Une telle décision n’a jamais arrêté ceux qu’ils appellent des terroristes dans la perpétration de leurs actes barbares. Je pense que d’autres stratégies devraient être utilisées pour réduire les menaces sécuritaires plutôt que de pousser davantage de conducteurs de moto vers la criminalité au nom de l’interdiction de certains secteurs. »
La période des fêtes, traditionnellement un moment économique fort, a été impactée, notamment dans le secteur de la moto.
Amadu, un conducteur de moto à Nkwen, a déploré : « Je gagnais des centaines de milliers pendant les fêtes, mais cette fois-ci je n’ai pas pu atteindre les cent mille. »
Il a ajouté : « Le Préfet ne fait que radicaliser davantage les conducteurs de moto avec son ordre. »
Les usagers de la route soutiennent que l’interdiction, combinée à de mauvaises conditions routières entraînant des embouteillages, est contre-productive, les motos étant souvent le moyen le plus rapide pour atteindre les destinations.
Cette situation a suscité des appels à trouver des stratégies alternatives pour aborder les préoccupations sécuritaires sans affecter négativement les moyens de subsistance des conducteurs de moto et du grand public.