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Au Cameroun, rien n’est plus facile pour le pouvoir depuis l’organisation réussie de la CAN 2021

Les segments sociaux sont en ébullition et laissent très peu de manœuvres au régime dans ce que certains qualifient hâtivement de signes précurseurs de passage de témoin.

Les temps sont durs, très durs avec les tensions de trésorerie que traversent le pays. Et s’il n’y avait que la masse salariale des agents de l’État à éponger chaque mois, cela aurait été peu de chose car le gouvernement et surtout le président de la République est déjà habitué à la débrouillardise en pareille circonstance. Cela date des années nonante avec les différentes péripéties acquises, en équilibriste sur le volcan social, face aux différentes conditionnalités imposées au régime dans le cadre du Plan d’ajustement structurel (Pas) imposé par le Fond monétaire international (Fmi).

Mais il y a en plus des salaires réguliers, des dettes salariales importantes comme l’a relevé Ots, des engagements financiers non tenus avec des corporations à l’exemple des transporteurs et autres qui viennent obscurcir toutes les prévisions lucides et éclairées d’apurement de toutes ces dettes et engagements par l’État. De ce fait, le ministre des Finances doit broyer le noir de toute évidence en ce moment, les sollicitations de paiement venant de toutes parts alors que les caisses sont désespérément vides. Et là, ce n’est pas tout.

Les bailleurs internationaux sont aux portes pour exiger le remboursement des emprunts contractés dans l’implémentation des projets structurants, la construction des infrastructures exigées par le cahier de charges de la Caf et de la Fifa. Il faut rembourser et de ce fait les créanciers n’ont aucun sentiment, aucune faveur, aucune pitié, alors que le pays a atteint le point d’achèvement de l’initiative « pays pauvres très endettés (Ppte) » en 2006.

Comme pour souffler de l’essence sur le feu, la guerre en Ukraine vient complexifier la donne en déréglant soit à la hausse les prix des hydrocarbures, soit créer une pénurie des produits de première nécessité qui peut fatalement déboucher sur les grèves de la faim comme celles connues au

Cameroun en février 2008. Oui, les temps sont durs surtout que sur le plan politique, à l’heure où l’éventualité d’une transition au sommet de l’État n’est plus une vue de l’esprit, les dynamismes au sein des appareils politiques pour un positionnement opportuniste, se font pressants.

Une classe politique divisée

Cet état de chose concerne surtout le parti présidentiel, le Rdpc, où on peut redouter des défections massives en cas d’une gestion moins avisée de passation de témoin au sommet. A côté de ce malaise au sein de l’outil politique de Paul Biya qui n’a pas tenu de congrès depuis plus de dix ans, il y a cette entente difficile entre le pouvoir et les partis politiques de l’opposition sur la base de la réforme consensuelle du système électoral. C’est dire combien l’unité ou la convergence pour adresser dans la solidité les impératifs exogènes ou endogènes va être difficile.

Et plus encore, au moment où une folle rumeur annonce une modification de la Constitution pour y intégrer un poste de vice-président, qui visiblement n’assumera plus l’intérim comme le prescrit le texte fondamental actuellement, mais assumera les fonctions présidentielles jusqu’à la fin du mandat, en cas d’empêchement définitif ou de vacance du pouvoir du chef de l’État constatée par la Cour constitutionnelle.

Il est clair qu’en déposant un tel projet de loi sur la table des députés, le pouvoir est d’ores et déjà rassuré qu’il passera comme lettre à la poste mais conscient aussi que ce vice-président loin d’être élu en même temps avec le président de la République, parce qu’il sera probablement nommé, comme d’ailleurs le fit en son temps en 1979 le président Ahmadou Ahidjo en faveur de Paul Biya.

On peut parier comme le fit l’ancien régime que le peuple sera mis à la touche, et les mécanismes constitutionnels se mettront en branle pour pérenniser le système. Si le vice-président de la République doit achever le mandat en cours et peut se porter candidat à la prochaine élection présidentielle, il va de soi que le tour est joué.

En optant pour cette démarche, Paul Biya sera en train de marcher sur les traces de son prédécesseur qui en 1979, alors que la Constitution de 1972 prévoyait que l’intérim est assuré par le président de l’Assemblée nationale, avait opté pour le Premier ministre suite à une modification constitutionnelle aux termes de la loi du 29 juin 1979 où le premier ministre devenait le successeur constitutionnel. L’inconnu est dès lors de savoir quel accueil les Camerounais réserveront à tout ceci.

Le Messager

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