Les résultats préliminaires de la Commission nationale de dépouillement des votes du Cameroun indiquent que le président Paul Biya a remporté une victoire écrasante dans toute la région du Nord-Ouest, un résultat qui a suscité la stupeur et l’indignation des anglophones.
Les chiffres suggèrent que Biya a obtenu des dizaines de milliers de voix dans des circonscriptions longtemps considérées comme hostiles à son régime, dont 13 923 à Bui, plus de 29 000 à Donga-Mantung et plus de 21 303 à Momo. Pour de nombreux observateurs, ces chiffres défient la logique et les statistiques démographiques.
Le Nord-Ouest est un foyer d’opposition au gouvernement de Biya depuis que la crise anglophone a dégénéré en conflit armé en 2017. Les communautés y ont subi des fermetures prolongées, des attaques contre les institutions gouvernementales et des manifestations publiques contre le régime.
Au cours du mois précédant les élections du 12 octobre, des groupes séparatistes ont imposé un confinement strict d’un mois afin d’empêcher le vote. Cette mesure a considérablement réduit la participation électorale, laissant de nombreux bureaux de vote quasiment vides et les communautés effectivement isolées du processus électoral.
C’est dans ce contexte que les résultats apparaissent particulièrement suspects. Comme l’avait prédit le MMI, le confinement imposé par les séparatistes, en tenant les citoyens ordinaires à l’écart des urnes, a créé un environnement que le RDPC a pu facilement exploiter pour manipuler les résultats.
Avec moins d’électeurs présents et une surveillance réduite, le régime a pu gonfler les chiffres et fabriquer des décomptes illustrant un soutien massif à Biya dans des zones où la participation réelle était minimale.
Le candidat de l’opposition Issa Tchiroma Bakary a qualifié les résultats d’« impossibles » et de « fabriqués de toutes pièces », soulignant l’énorme écart entre les chiffres officiels et la réalité du terrain.
Les efforts déployés par des figures de l’opposition, dont Tchiroma, Osih Joshua et Cabral Libii, pour encourager la participation ont été largement neutralisés par le confinement, rendant le processus électoral vulnérable aux manipulations.
Pour les communautés anglophones, les résultats sont à la fois exaspérants et peu surprenants. Pendant des décennies, le RDPC a exploité à maintes reprises des circonstances telles que la faible participation, l’accès restreint et le contrôle administratif pour remporter des victoires dans tout le Cameroun, souvent au mépris de l’opinion publique.
Les résultats du Nord-Ouest, produits dans un contexte d’intimidation et de perturbations, semblent perpétuer cette tendance inquiétante.
Le confinement séparatiste d’un mois, bien que destiné à protester contre le régime, a involontairement ouvert la voie à la « victoire » de Biya dans le Nord-Ouest, illustrant ainsi comment les perturbations du processus électoral peuvent être exploitées par les détenteurs du pouvoir.
Les analystes avertissent que de tels résultats accentuent la méfiance envers le système électoral camerounais et creusent le fossé politique entre les régions anglophones et le gouvernement central.
Les Camerounais, en particulier dans le Nord-Ouest, se demandent désormais si leurs votes comptent réellement ou si le contrôle du RDPC sur le processus rend impossible une véritable démocratie.
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