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« Une voie diplomatique est possible au Sahel »

Dix ans après le début de l’opération « Serval », n’assiste-t-on pas à un échec programmé des interventions militaires au Mali, puis au Sahel ?

Je ne dirais pas programmé, car c’est le résultat d’une politique. Mais depuis « Serval » jusqu’à aujourd’hui, le bilan est globalement négatif. Pourtant, « Serval » était considéré comme un succès militaire, puisque les groupes armés jihadistes avaient été stoppés à Konna et Diabaly, mais cela n’a pas empêché leur progression sur tout le territoire et notamment dans le centre du Mali. Sur le plan politique, le peuple malien et les autorités de l’époque ont compris que les objectifs de la France étaient aussi autres que l’éradication de ces groupes armés djihadistes. La transformation de « Serval » en « Barkhane », avec une intervention sur l’ensemble de l’espace saharo-sahélien, était assez inattendue. Il y avait alors une hostilité contre la politique française déterminée par Emmanuel Macron, perçu par le peuple malien comme quelqu’un d’arrogant et de méprisant.

Cette hostilité est-elle liée à une conscience que la France défendait des intérêts différents de ceux affichés ?

Oui. Cette prise de conscience s’est également exprimée contre la politique du président de l’époque, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), pourtant réélu en 2018 avec 67,2 %. Mais sa politique est contestée par les manifestations organisées par le Mouvement du 5 juin, soutenu par l’autorité morale incarnée par l’imam Dicko. Et ce sont deux coups d’État militaires qui ont mis fin à ces grandes manifestations : la première, en 2020, a sans doute bénéficié d’un immense soutien politique, car le peuple malien et la classe politique étaient mécontents des orientations du gouvernement d’IBK et de la politique menée par la France. La seconde, en 2021, a réorienté la politique de transition.

Aujourd’hui, ce régime militaire fait face à des problèmes toujours plus grands malgré une nouvelle stratégie et de nouveaux partenaires – notamment le groupe Wagner. Pensez-vous avoir les moyens de répondre aux besoins du peuple malien ?

Le régime de transition a pris des décisions qui ont réaffirmé la souveraineté nationale. Cela a conduit à la fin de l’opération et au retrait de la France, au profit de nouvelles relations avec la Russie et la milice wagnérienne. La nouvelle politique des forces armées maliennes (Fama) et de cette milice visait à lutter plus radicalement contre les groupes armés djihadistes. Or, il s’avère que des témoignages et des rapports attestent d’exactions régulières – on parle de massacres – perpétrées par les Fama et les Wagner, notamment sur les populations peules.

Le régime malien est également en crise avec plusieurs de ses voisins ainsi qu’avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest. Quelles perspectives politiques peut-on…

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