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Un sénateur condamné à plus de neuf ans de prison dans une affaire de trafic d’organes

Il avait fait venir un jeune homme de Lagos pour lui prélever un rein et le greffer à sa fille: l’influent sénateur nigérian Ike Ekweremadu a été condamné vendredi à neuf ans et huit mois de prison par un tribunal londonien.

L’élu de 60 ans, son épouse Beatrice et un médecin ayant servi d’intermédiaire avaient été reconnus coupables en mars d’avoir organisé le voyage au Royaume-Uni de leur victime, un vendeur de rue de 21 ans originaire de Lagos, pour lui prélever un rein.

Ils ont été condamnés en vertu de la loi britannique sur l’esclavage moderne, utilisée pour la première fois dans une affaire de prélèvement d’organes.

L’épouse de M. Ekweremadu, 56 ans, a été condamnée à quatre ans et six mois de prison, tandis que le médecin, Obinna Obeta, 51 ans, a écopé d’une peine de 10 ans. Tous les trois risquaient la prison à vie.

« Vous avez tous joué un rôle dans un commerce méprisable », a lancé le juge Jeremy Johnson en rendant sa décision, que les accusés ont accueilli sans montrer d’émotion.

« Le trafic d’organes humains est une forme d’esclavage. Il traite les êtres humains et les parties de leur corps comme des matériaux qui peuvent être achetés et vendus », a-t-il insisté.

La fille du couple, Sonia, 25 ans, a elle été innocentée. Présente vendredi au tribunal, elle a salué de la main ses parents pendant qu’ils étaient emmenés hors de la salle d’audience.

« Influence et pouvoir »

L’affaire est très suivie au Nigeria, où – comme l’avait rappelé l’accusation au début du procès – la famille Ekweremadu dispose de « pouvoir et d’influence ». Ancien vice-président du Sénat, M. Ekweremadu est toujours officiellement membre du Parlement, le nouveau Sénat élu en début d’année n’ayant pas encore pris ses fonctions.

Dans cette affaire, les accusés « ont utilisé leur influence politique et leur pouvoir pour contrôler un jeune homme vulnérable du fait de sa situation économique », a affirmé à la presse Andy Furphy, le responsable de l’unité de lutte contre l’esclavage moderne et l’exploitation d’enfants dans la police londonienne.

« L’esclavage moderne au Royaume-Uni est très grave et la condamnation reflète cela », a-t-il ajouté, précisant que le phénomène a augmenté ces cinq dernières années.

Contrairement au couple Ekweremadu, la victime est un jeune homme défavorisé, vendeur de rue à Lagos. On lui avait promis selon l’accusation jusqu’à 7.000 livres sterling (7.800 euros), assortis de la promesse de travailler et rester au Royaume-Uni.

Durant le procès, le jeune homme avait raconté qu’il pensait qu’on l’avait fait venir au Royaume-Uni pour travailler. Il avait affirmé ne s’être rendu compte qu’une fois face aux médecins britanniques qu’il s’agissait d’une transplantation d’organe.

Le rein devait être greffé à Sonia et la famille Ekweremadu avait demandé à la victime de se faire passer pour le cousin de la jeune femme. Au Royaume-Uni, il est légal de donner un rein de manière altruiste, pour un proche notamment, mais illégal de le faire pour une « récompense » financière ou matérielle.

Après avoir compris le vrai motif de sa venue en Angleterre, la victime s’était rendue en mai 2022 à la police « à la recherche de quelqu’un pour (lui) sauver la vie ».

L’opération n’a pas eu lieu et le couple Ekweremadu avait été arrêté à l’aéroport d’Heathrow à Londres en juin.

Elu d’une circonscription du sud-est du Nigeria pour le Parti démocratique du peuple (opposition), Ike Ekweremadu n’avait pas pu se présenter aux récentes élections car il était en détention provisoire, l’accusation ayant mis en avant les risques de fuite.

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